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En réponse à :

PLAIDOYER POUR LES EHPAD

, par Michel

Bonsoir, et merci de ce message, que je partage entièrement.

On ne se souvient pas de ce qu’était la situation il n’y a même pas quinze ans. Un effort colossal a été produit. Insuffisant ? Sans doute : les besoins sont infinis.

Mais comme dit l’autre, les chiffres sont de droite. Quand on veut créer un poste de soignant il faut recruter 2,5 agents. Le coût annuel de ces embauches, charges comprises, est de € 75 000, et encore, pour un salaire qui ne leur rend pas justice.

Alors je ne dirai que trois choses, car c’est à Dominique de répondre :

1°) : La situation dans les EHPAD laisse à désirer. Pour autant ce n’est pas si mal, je ne supporte pas qu’on parle de « conditions indignes » ; ou si je veux le dire autrement, j’ai reçu plus d’une fois, comme on reçoit une brûlure, l’invective aussi ignoble que péremptoire (oh, ces gens ne se rendent pas compte) selon laquelle l’établissement dans lequel je travaillais était « un mouroir » ; il se trouve que c’était un mouroir dont j’étais fier, un mouroir où je serais volontiers allé mourir. Oui, dans les EHPAD on meurt ; je me suis laissé dire que c’était fait pour ça.

2°) : La notion de productivité n’est pas un gros mot. Dans les EHPAD il n’y a pas énormément de gains de productivité à attendre ; dans les hôpitaux, si. Parler de productivité c’est simplement rappeler que nous travaillons avec un argent qui n’est pas le nôtre, ce qui nous impose l’obligation éthique d’en justifier le moindre centime.

3°) : Nous ferions bien, et je dis cela arrivant à un âge ou je suis plus près que d’autres d’avoir besoin d’une place en EHPAD, de nous poser la question de la rusticité.
- Je n’ai jamais oublié cette amie, gérontopsychiatre dans le Centre, qui m’avait fait visiter son unité de vie ; comme je lui faisais remarquer que ses moyens d’animation étaient largement aussi indigents que ceux dont je disposais, elle m’a répliqué : « Parce que tu crois qu’à part la télé en permanence, s’ils étaient restés chez eux ils en auraient, de l’animation ? ».
- L’un des pères de la gériatrie institutionnelle, le grand Lucien Mias (à part ça ex-capitaine de l’équipe de France de rugby) m’a souvent répété que la vieille personne n’a pas à être submergée de peutes et de logues (oh, allez faire un tour sur http://papidoc.chic-cm.fr/ ; ce n’est plus entretenu, mais c’est splendide).
- Je consens qu’on pense autrement. Mais il ne va pas de soi que les suppléments d’âme soient fournis aux frais de la collectivité. C’est toute notre relation à nos anciens qui est à repenser, et il y a, me semble-t-il, une petite place pour le bénévolat.

Bien à vous,

M.C.

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