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En réponse à :

Vincent Lambert : La honte

, par Michel

Cette difficulté me soucie, moi aussi. Et cela me soucie d’autant plus que tout le monde s’en remplit la bouche, comme s’il s’agissait là d’une avancée majeure. Les quelques fois où j’ai publiquement indiqué ma perplexité, je me suis fait incendier.

Je crois qu’il est crucial de rédiger des directives anticipées. Mais je crois tout autant que cette rédaction est particulièrement difficile. Et que les formulaires (j’ai cru un moment qu’ils allaient nous pondre des CERFA) sont non seulement inopérants mais trompeurs : il va y avoir des gens qui les utiliseront, et qui dormiront sur leurs deux oreilles en croyant que leur problème est résolu. Allons plus loin : il va y avoir une grande inégalité selon les capacités de chacun à cerner ce qui vaut la peine d’être écrit, ce qu’il est indispensable d’écrire, ce qui ne sert à rien.

Voici ce que j’ai écrit pour moi :

Je soussigné, Michel Cavey, né le xxxxxxxx à xxxxx, demeurant actuellement xxxxxxxx, déclare ce qui suit.

A l’orée de mes 65 ans, et alors que je me sens en bonne santé et en pleine possession de mes moyens physiques et intellectuels, je n’en crois pas moins le moment venu, dans l’esprit de la loi du 22 avril 2005, de donner quelques indications sur les points de repère qu’il conviendrait d’utiliser au cas où une pathologie imprévue me mettrait hors d’état d’exprimer clairement mes volontés.

Il est de constatation courante en effet que, faute de ces dispositions établies en temps utile, les professionnels de santé se trouvent souvent démunis quand il leur faut prendre des décisions essentielles pour un patient donné ; la seule manière de contribuer à éviter ces situations est de les anticiper, c’est ce que j’entends faire ici.

Il va de soi que si une telle situation se présentait, on devrait attacher une extrême importance à l’opinion des membres de ma famille. Cependant, compte tenu du fait que la souffrance dans laquelle ils pourraient se trouver serait de nature à compromettre leur objectivité, j’institue comme personnes de confiance dans l’esprit de la loi du 4 mars 2002 :

- xxxxx

- xxxxx

Qui pourront intervenir ensemble ou séparément. Ils devront être régulièrement informés de ma situation et seront sollicités sur toute décision importante.

Dans la discussion sur ces prises de décisions, on pourra s’aider des considérations suivantes :
- Je ne crois pas que la vie ait lieu d’être maintenue à tout prix. C’est une interprétation abusive qui fait considérer le caractère intouchable de la vie comme une valeur chrétienne ; dire que la vie est sacrée, c’est simplement dire qu’on n’est pas autorisé à en faire n’importe quoi, et qu’il faut donc y toucher avec circonspection ; le respect de la vie n’est rien d’autre que le respect dû à celui qui vit.
- Pour ce qui me concerne, l’âge n’est pas un critère essentiel de décision. Par contre l’incapacité en est un ; par exemple il y aurait lieu de considérer la situation comme palliative si je me trouvais dans un état grabataire, ou si l’altération de mes fonctions cognitives imposait que je sois admis en maison de retraite.
- D’une manière générale je ne juge pas bon d’imposer à mon entourage une charge de travail ou une contrainte financière démesurées. Pour cette raison l’institutionnalisation sera à envisager dès que mon niveau de dépendance le rendra opportun, sans se faire un devoir de me maintenir à domicile au-delà du raisonnable.
- Allant plus loin, je considère que la question du coût des prises en soins est légitime. Le cas échéant on s’interrogera donc sur la charge financière qu’on imposerait à la collectivité.
- S’agissant des mesures invasives ou de suppléance, on se souviendra de la règle que j’ai tâché d’appliquer dans ma vie professionnelle : en soins palliatifs, un tuyau qu’on ne sait pas enlever est, sauf exception liée par exemple à un problème de confort, un tuyau qu’on n’aurait pas dû mettre.
- Chaque fois qu’il est possible, le don d’organes est une évidence.

Il ne m’a pas échappé que le présent texte n’est pas conforme aux dispositions de la loi du 22 avril 2005 ; je crois cependant que tel qu’il est il reste de nature à pouvoir aider à la décision si les circonstances venaient à l’imposer.

à xxx, le xxxx

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