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En réponse à :

Que faire quand une personne en fin de vie refuse de mourir ?

, par Olivier

Bonjour Monsieur,

J’ai lu avec d’autant plus d’intérêt votre article que mon père (bientôt 87 ans) est depuis le début de l’année une personne confuse. Son état confusionnel s’est installé à la Noël en quelques semaines, voire quelques jours. Au début, il m’a dit : "Je sens que je vais bientôt mourir et je deviens fou."
Dialysé depuis sept ans, il s’est affaibli au cours de l’hiver et ne remonte pas la pente. Étant en dialyse trois fois par semaine, il est bien sûr suivi de très près médicalement, et il a eu une consultation gériatrique fin février. Son état confusionnel a été clairement diagnostiqué, mais il semble que rien ne puisse être fait.
Son médecin néphrologue parle de "glissement". Pour elle, la perte des fonctions supérieures, de l’autonomie est le signe d’une fin prochaine. Pourtant, mon père se caractérise par un refus obstiné de la mort. Il semble qu’il ne puisse pas intégrer dans son psychisme la perspective de sa propre fin. Ainsi, il réitère à chaque fois sa volonté de poursuivre la dialyse, alors qu’il est à ce point affaibli qu’il y est amené en brancard. Les dialyses se déroulent bien, sans complications, et il n’a pas d’autre pathologie.
J’en viens à ma question : quelle conduite tenir face à une personne âgée, en fin de vie, qui résiste de ses toutes forces à à la mort ?
Car une telle attitude à de graves répercussions sur son entourage, d’autant plus graves dans le cas présent que cet entourage se limite à ma mère (85 ans), personne fragile psychologiquement (angoisse, dépression), à moi et à mon frère, qui est moins impliqué que moi dans ces problèmes.
Mon père s’accroche à nous, comme s’il cherchait à se ressourcer à notre vitalité. Si je dors chez mes parents, il peut passer une partie de la nuit, assis au bord de son lit, refusant de s’allonger et de se laisser aller au sommeil de peur que ce soit son dernier sommeil. Il m’appelle alors, ou ma mère, se plaint de ne plus pouvoir respirer, demande de l’oxygène, de l’eau, que je le laisse vivre, s’offusque si je lui dis que je n’ai pas le pouvoir de le raccrocher à la vie, m’insulte. A bout de nerf, j’en viens à commettre des gestes regrettables, comme de le gifler.
Je manque de compassion : malgré son état confusionnel, je retrouve son caractère, que je n’aime pas, comme l’égoïsme. Il estime que nous devons nous mettre à son service, sans égard pour l’épuisement de ma mère. Là, j’ai l’impression que son vœu le plus cher serait que je meure à sa place.
Son médecin néphrologue m’a confirmé que sa prise en charge avait été très éprouvante pour l’équipe médicale ; il assimile la dialyse à une perte de contrôle de sa propre existence ; il a du coup très mal vécu la dépendance vis-à-vis des médecins, face auxquels il s’est souvent montré suspicieux et parfois odieux. De mon côté aussi, j’ai cru déceler chez lui depuis longtemps des tendances paranoïaques.
Bref, ce descriptif contredit la vision idéale de la personne en vie, qui accepte courageusement son sort, manifeste de la reconnaissance vis-à-vis de ceux qui l’assistent dans cette circonstance, rassérénée par l’amour sans faille de ses proches.
Je ne sais pas s’il est possible d’apporter une réponse à la question posée. Ma contribution avait d’abord comme but de clarifier pour moi-même la situation dans tous ses aspects, y compris les plus négatifs. Tant mieux, si cela peut donner lieu à des échanges.

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