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En réponse à :

La confusion mentale

, par Michel

Bonjour, Sarah.

Vous devez bien penser qu’il serait imprudent de ma part d’avoir un avis sur une telle situation. Je ne peux y réfléchir que dans l’absolu, et avec beaucoup de précautions. Mais au fil de votre message, voici ce que je peux me risquer à dire :

Mon père a 93 ans. Il souffre de quelques pathologies depuis des années et notamment une artérite. Il est assez diminué physiquement mais pas complètement dépendant. Depuis quelques temps, il semblait très déprimé. Il exprime à ma mère sa volonté de mourir.

C’est une situation assez classique. Et toute la difficulté est de savoir s’il s’agit d’une dépression. Les médecins sont form(at)és pour dire que tout désir de mort est toujours l’indice d’une dépression. Je comprends cela, mais je crois que c’est faux, et qu’il existe des gens qui ne sont pas plus déprimés que vous ou moi et qui pourtant souhaitent mourir ; et pour ma part je ne vois rien de surprenant à ce qu’un homme de 93 ans considère qu’il a suffisamment vécu, qu’il est, selon la belle expression de la Bible, « chargé d’ans et rassasié de jours ». C’est un problème de définition, dira-t-on ; mais pas seulement. Poser un diagnostic de dépression, cela sert surtout à prédire l’efficacité des antidépresseurs ; au point qu’on a pu à bon droit, comme il n’est pas facile de définir le concept de dépression, dire que c’est « la maladie qui est améliorée par les antidépresseurs. Ici je dirais que le diagnostic de dépression n’a rien d’une évidence.

C’est ainsi que son généraliste l’a mis sous antidépresseur.

Et il a bien fait, car le test aux antidépresseurs est le seul moyen de se tirer d’affaire.

Dans un premier temps, je trouvais que c’était une bonne idée. Mais depuis quelques jours, il est de plus en plus « confus » (il l’était déjà un peu parfois). D’abord, il dort beaucoup plus, refuse parfois de se lever le matin. Ma mère me raconte que cette nuit, il s’est levé à 4h, s’est habillé mais ne savait pas trop où il était. De plus, il lui parlait la langue de son enfance. Je commence donc à me demander si ce n’est pas un effet des antidépresseurs.

Et votre hypothèse est excellente. Mais toute la question est de comprendre la cause de cette confusion :
- Effet indésirable de l’antidépresseur. C’est tout de même le plus probable.
- Aggravation d’une confusion sous-jacente, par exemple à cause d’une démence passée inaperçue (c’est monnaie courante).
- Confusion d’une autre nature survenant par hasard (déshydratation, infection, constipation… la liste est longue).
- Etc.

J’ai conseillé à ma mère de le lui donner le soir au lieu du matin en attendant de revoir le médecin.

Certainement pas. C’est une urgence, non seulement parce que parmi les causes de confusion il y en a qui peuvent être dangereuses (imaginez par exemple une confusion satellite d’une infection urinaire), mais encore parce que de toute manière une confusion installée est beaucoup plus difficile à réduire qu’une confusion récente. Il faut consulter sans attendre.

Ma mère pense qu’il vit ses derniers jours.

Cela se peut. Soit parce que la confusion signe la gravité d’une pathologie sous-jacente qui ne s’est pas encore révélée ; soit parce que le fin mot de cette histoire est que votre père sent que quelque chose se passe, et que la confusion est le moyen qu’il a trouvé pour ne pas trop y penser. Mais je ne peux guère approfondir cette hypothèse, je sais seulement que cela existe.

Je serais heureux d’avoir de vos nouvelles.

Bien à vous,

M.C

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