Ma foi, je ne suis ni médecin, ni psy-chose, mais j’ai vu comment ma mère, lorsqu’elle a entamé sa descente vers la démence, "négociait" avec l’horreur du sort qui l’attendait (comme l’explique notre hôte, quelque part sur ce site, le "marchandage" fait partie du processus de deuil - dans ce cas, le deuil de sa propre vie...).
Parfois, j’ai pensé qu’il y avait quelque chose comme une sorte de pacte passé avec le Diable ou avec Dieu (ou avec n’importe quelle puissance capable d’influer sur notre destin), quelque chose comme : "si je m’inflige assez de souffrance, alors peut-être m’épargnerez-Vous le pire". C’est le temps où ma mère s’est "victimisée" à outrance, où elle a cédé aux trémolos les plus faciles (et que je jugeais complaisants), où elle s’est imposé des diètes absurdes à base d’ "une petite soupe et d’un yogourt" par jour (600kcal max, avec décollage de poids immédiat : je me souviens d’une fois où elle avait voulu me montrer à quel point elle avait maigri. Montée sur la balance dans sa salle de bains, elle s’appuyait subrepticement sur le lavabo pour alléger le poids qui s’affichait, en me prenant à témoin "tu vois, j’ai perdu 10 kilos..."). C’est ce que j’appelais, alors, le "syndrôme de Cosette" - et je l’ai, finalement, souvent observé chez de vieilles personnes.
Autant dire que L’EHPAD où se trouve votre père est peut-être charmant, mais justement, il se pourrait qu’il préfère "payer son dû" dans un hôpital psychiatrique sordide. Ou qu’il préfère qu’on le traite en malade gravement malade, pour tromper l’ennemi, en quelque sorte.