La communication avec le dément - commentaires La communication avec le dément 2021-03-31T20:34:24Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment16874 2021-03-31T20:34:24Z <p>Bonsoir, Richart.</p> <p>Je vais essayer de ne pas me perdre dans ma réponse. Ce n'est pas facile, car il va nous falloir considérer plusieurs niveaux de la question.</p> <p>Je suis toujours très mal à l'aise devant les mensonges dont on se sert vis-à vis du dément. Je crois que nous devons toujours veiller à le considérer comme un citoyen comme un autre, bénéficiant des mêmes droits. Il est toujours grave de lui mentir, tout comme il est grave d'empiéter sur sa liberté.</p> <p>Mais que se passe-t-il quand il se met en danger ? Doit-on le laisser faire au motif qu'il a des droits, ou bien peut-on user de contrainte ?</p> <p>Ce à quoi vous êtes alors confrontée, c'est à un problème éthique. Dire cela, c'est dire que le problème n'a pas de solution. Les problèmes éthiques n'ont jamais de solution. L'éthique, c'est deux choses : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Un corpus de connaissances : à force de réfléchir on a fini par dégager un certain nombre de principes qui sont considérés comme fiables. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Une méthode de réflexion qui permet d'aborder les questions délicates.</p> <p>Il y a deux grandes manières de concevoir la réflexion éthique.</p> <p>La première est l'éthique dite déontologique, qui est grossièrement celle de l'Europe continentale, et dont le représentant majeur est Emmanuel Kant (Kant qui parle de morale, mais peu importe). Il s'agit de considérer qu'il y a des <i>principes</i>, et que ces principes doivent s'appliquer. Il est interdit de mentir.</p> <p>La seconde est l'éthique dite téléologique, qui est, toujours grossièrement, l'éthique anglo-saxonne, et dont le représentant majeur est Jeremy Bentham. Il s'agit là de considérer que les actions ont des <i>conséquences</i>, et que ce sont ces conséquences qui doivent guider les choix. Une chose est bonne si elle fait le plus de bien possible au plus de monde possible (ce qui implique qu'elle peut être bonne alors qu'elle fait un peu de mal à quelques personnes, si du moins ce mal est nécessaire pour atteindre le but).</p> <p>Deux observations sont nécessaires.</p> <p>La première est que ces deux conceptions ne s'opposent qu'en apparence. Car si Kant pose qu'il est interdit de mentir, c'est parce que la vie sociale repose sur la confiance, et que si on transige avec la confiance on détruit la vie sociale. Et il a raison : une fois que Lénine a écrit que pour parvenir à la Révolution tous les moyens sont légitimes, y compris le mensonge et la trahison, il a détruit définitivement toute possibilité de faire confiance à un communiste. Reste que si Kant pose le <i>principe</i>, c'est en raison des <i>conséquences</i>. Inversement, quand Bentham dit qu'une chose est bonne si ses <i>conséquences</i> sont bonnes, il énonce un <i>principe</i>.</p> <p>La seconde est que, prises isolément, chacune de ces conceptions aboutit à des catastrophes.</p> <p>Il est interdit de mentir. Soit. Votre ami est un résistant, il est poursuivi par la Gestapo ; il vient se réfugier chez vous ; la Gestapo frappe à votre porte et demande si votre ami est là. Au regard de l'exigence kantienne, vous n'êtes pas sans solution : vous pouvez prendre un fusil et tirer ; vous pouvez aussi faire remarquer que votre ami se bat pour un monde où il n'y a pas de mensonge, et que vous ne pouvez pas sauver sa vie par la destruction de sa raison de vivre. Tout de même ce n'est pas satisfaisant.</p> <p>Une chose est bonne si elle fait le plus de bien possible au plus de monde possible. Soit. Encore faudrait-il définir un peu plus précisément ce qu'est le bien : c'est une notion dont la géométrie est particulièrement variable. Allons plus loin : une fois admis que tous les hommes ne sont pas égaux il est facile de justifier un esclavage raisonné (Bentham était contre l'esclavage, mais cela ne l'exonère pas) dans lequel les esclaves souffriraient modérément, cette souffrance étant justifiée par la prospérité économique qui en résulterait.</p> <p>C'est pourquoi une réflexion éthique suppose trois temps.</p> <p>Soit un problème. Dans un premier temps il faut repérer les principes qui le régissent. Ensuite il faut se demander si les conséquences résultant de l'application des principes sont acceptables. Si c'est le cas, alors la question est résolue. Ce n'est pas un problème éthique parce que s'il a une solution vous n'avez pas d'autre choix que de l'appliquer : ne pas le faire serait une faute professionnelle.</p> <p>Mais il peut se faire que les principes ne soient pas applicables. Soit parce qu'il y a des principes qui se contredisent (la femme est libre de disposer de son corps/Il arrive que dans certaines circonstances elle héberge le corps d'un autre) ; soit parce que les conséquences de l'application des principes seraient déraisonnables (il est interdit de voler ; mais si c'est pour sauver une vie…).</p> <p>Dans ce cas on se trouve devant un de ces problèmes qui n'ont pas de solution. C'est un problème éthique. Il s'agit alors de trouver la solution la moins mauvaise possible, ce qui le plus souvent revient à se résoudre à violer un principe. Au moins saura-t-on dire quels principes on viole, et pourquoi on le fait. Et encore ne pourra-t-on le faire que s'il est absolument nécessaire d'agir.</p> <p>Vous voyez que le fonctionnement de l'éthique est d'ordre judiciaire. Le juge n'est pas là pour appliquer la loi : ce qui applique la loi, c'est le radar. Le juge est là pour <i>ne pas</i> appliquer la loi. Il est là pour dire : « Il y a des textes, qui édictent ceci et cela ; mais dans ce cas particulier nous allons faire autrement, <i>et voici pourquoi</i> ». Et le corpus de l'éthique, comme le judiciaire, comporte trois volets : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Un volet législatif : ce sont les principes sur lesquels tout le monde s'accorde. On verra bien vite que ces principes sont fort peu nombreux. Cela pose même le problème d'une hypothétique universalité de l'éthique. Et pour la même raison on peut se demander si le projet de rédiger des lois de bioéthique a un sens. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Un volet jurisprudentiel : il est de règle dans une discussion éthique de ne considérer que le cas précis dont on a à débattre ; mais tout de même on finit par apprendre des choses, et il n'est sans doute pas nécessaire, devant chaque demande d'avortement, de refaire l'intégralité du raisonnement ; on doit pouvoir s'inspirer de cas déjà résolus. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Un volet procédural : il y a une éthique de l'éthique, qui impose des règles de discussion pour aboutir à une décision droite (écoute absolue de tous les participants, secret des débats, absence de chef, etc.).</p> <p>Voilà. Je sais que j'ai été long, mais je crois ce détour absolument nécessaire.</p> <p>Venons-en maintenant à votre problème. Peut-on mentir à un dément pour l'amener à prendre un traitement ?</p> <p>Naturellement nous n'allons même pas examiner le « mensonge réflexe », celui que le professionnel utilise dès que le malade résiste un peu, et dont il se sert pour se simplifier le travail. Ce mensonge irréfléchi, in-justifié, est une faute professionnelle, qui flirte avec la maltraitance, et pour lequel la seule excuse est que les soignants n'ont pas toujours le temps de travailler convenablement. Le questionnement éthique suppose qu'on ait commencé à réfléchir.</p> <p>Il n'y a pas à débattre si le mensonge n'est pas indispensable. Je veux dire par là que s'il ne s'agit pas d'un traitement absolument nécessaire, je ne vois pas comment on pourrait envisager de mentir. Je vous dis ça parce que vous écrivez : <i>mon patient qui a des troubles cognitifs refuse de prendre ses traitements pour le covid</i> ; les choses étant ce qu'elles sont, je ne vois pas de quel traitement il s'agit, car à ma connaissance aucun traitement n'est efficace contre cette maladie. Il n'est donc pas du tout certain que le refus du patient le mette en danger.</p> <p>Il n'y a pas non plus à débattre si le malade, tout dément qu'il soit, est encore en mesure de comprendre et de décider. Le préalable à une discussion éthique est donc qu'on ait procédé à une évaluation précise de ses capacités, sans se contenter d'un vague diagnostic de démence. Cela se heurte en effet à trois difficultés majeures : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Le fait d'être dément ne supprime pas toute capacité cognitive, et on a souvent des surprises. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Notamment j'ai toujours trouvé que, dès qu'il s'agissait des questions essentielles de l'existence, le dément était souvent d'une lucidité remarquable. Un dément qui refuse les soins peut signifier par là un désir de mort ; ce désir de mort doit être accueilli comme celui de tout être humain (je laisse de côté la question de savoir comment on y répond). <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Enfin, on a grand tort de se figurer qu'on peut si aisément raconter des histoires à un dément. Il n'est pas aussi dupe qu'on le pense, et s'il s'aperçoit qu'on lui raconte des histoires les conséquences peuvent être catastrophiques car on aura perdu sa confiance.</p> <p>Il n'y a toujours pas à débattre si une autre stratégie peut être mise en place avec succès. Le problème est de trouver cette stratégie. Si vous prenez, par exemple, la Validation de Naomi Feil, elle permet de circonvenir le malade, mais j'ai cru percevoir en plus d'une occasion que ses conseils techniques, qui sont souvent pertinents, s'approchent souvent assez près d'une forme de mensonge. Quant à l' « humanitude » elle n'apporte rien en soi : c'est seulement (et c'est énorme) ce qui se fait de mieux, de plus exigeant, en termes d'écoute et de prise au sérieux de la parole du dément. Mais en soi il n'y a pas de concept nouveau.</p> <p>Supposons ces trois points résolus : il s'agit d'un traitement dont le malade ne peut se passer sans dommage, et il est dans un état cognitif qui laisse penser qu'il n'a plus les moyens de comprendre les enjeux. Que peut-on faire ?</p> <p>Il y a des principes. Citons-en deux : l'interdiction de mentir et le respect de la liberté. Je ferais une distinction cependant : car si l'interdiction de mentir est un absolu, le respect de la liberté est soumis à condition. Je ne suis pas libre si j'ignore tout des conséquences de mes choix. Considérez par exemple la question des unités de déments. Ces unités sont fermées, ce qui est gravement attentatoire à la liberté d'aller et de venir. Mais d'un autre côté il ne serait pas honnête de laisser, sous prétexte de respecter sa liberté, un malade sortir comme il veut de l'établissement alors que sa désorientation est telle qu'il ne sait plus ni où il est ni où il va. C'est une fausse liberté, et même si j'ai eu l'expérience d'une unité non fermée (on surestime beaucoup le risque), je crois que des précautions sont nécessaires, la seule critique que je fais, mais elle est sévère, et qu'il serait temps de songer à doter des unités d'un statut juridique digne de ce nom : en l'état elles sont totalement illégales.</p> <p>N'importe : l'interdit du mensonge est un principe.</p> <p>Mais voilà : si on applique le principe, alors le malade va subir un dommage en ne prenant pas son traitement. Et nous nous sommes placés dans un cas où (et ce n'est pas le vôtre) ce traitement est totalement indispensable. Le dommage sera donc grand. Appliquer le principe aboutit à des conséquences inacceptables.</p> <p>Dans ces conditions, on peut envisager de violer le principe, à condition que toutes les précautions que j'ai énumérées soient respectées. Je vous le redis, je ne suis pas sûr qu'elles le soient dans le cas dont vous me parlez.</p> <p>Ajoutons enfin que le mensonge doit être alors réduit à ce qui est strictement nécessaire. Allons plus loin : je me demande si l'infirmière qui lui a dit que <i>ces médicaments sont pour la toux</i> a réellement menti. Comme je vous l'expliquais, je ne connais pas de traitement de la maladie à Covid. Ce qui existe c'est, comme pour toute maladie virale, des traitements symptomatiques. Dans ces conditions je ne suis pas sûr que l'infirmière ait menti : elle a donné une information claire, simple, adaptée, et somme toute assez loyale.</p> <p>Mais en tout cas il va de soi que le mensonge ne peut pas être une décision d'un soignant. Cela suppose une discussion d'équipe, avec une réflexion approfondie, aboutissant à faire de ce mensonge un acte de soins dont l'efficacité et l'opportunité devront être périodiquement réévalués.</p> <p>Voilà ce que je peux vous dire. Je ne sais pas si j'ai répondu à votre question, mais nous pouvons continuer à échanger, bien sûr.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2021-03-26T11:07:37Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment16873 2021-03-26T11:07:37Z <p>Bonjour je suis étudiante en soins infirmier et je suis dans la réalisation de mon mémoire de fin d'étude qui porte sur les différentes stratégies de communication avec les patients déments lors d'un refus de soin.</p> <p> Je vous explique la situation : mon patient qui a des troubles cognitifs refuse de prendre ses traitements pour le covid, il est très agité et agressif, une infirmière lui dit alors que ces médicaments sont pour la toux (elle lui a donc menti) il accepte alors de prendre ses traitements<br class="autobr" /> Je m'interroge sur l'utilisation du mensonge que j'appelle "mensonge thérapeutique" d'un point de vue législatif et si il existe d'autres stratégies de communication pour faire accepter un soin ou un traitement à un patient qui a des troubles démentiel et qui refuse un soin.<br class="autobr" /> Je vous remercie par avance de votre réponse. Cordialement</p> La communication avec le dément 2020-06-07T15:32:07Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment16700 2020-06-07T15:32:07Z <p>Bonjour, Anne.</p> <p>C'est une question difficile pour vous. Elle l'est encore plus pour moi, car je ne connais pas votre mère. Tout ce que je peux faire c'est essayer de réfléchir.</p> <p>Une première chose me frappe, c'est ce que vous dites en commençant : <i>Ma mère a 87 ans, diagnostiquée Alzheimer depuis 18 mois</i>. Je comprends cela, mais à lire la description que vous donnez ensuite il est évident que les choses sont beaucoup plus anciennes, et que nous avons affaire à une démence évoluée.</p> <p>Une seconde chose m'inquiète : vous vous êtes<i> installée chez eux pour qu'elle ne perde pas ses repères</i>. Cela m'inquiète car je me demande à quelle part de votre vie vous avez dû renoncer pour faire cela. Je comprends le mouvement d'amour qui vous a poussée à ce sacrifice, mais je continue à penser cependant qu'il y avait là une ligne rouge : nul n'est tenu de tirer un trait sur sa vie pour venir en aide à un proche.</p> <p>Qui plus est dans ce cas particulier le fait que vous soyez venue vivre chez vos parents introduit mécaniquement un trouble des repères : une fille n'habite pas chez ses parents, ou si c'est le cas, alors c'est qu'elle est très jeune, et que par conséquent ses parents sont, eux aussi, jeunes. Or on sait que dans la démence, surtout de type Alzheimer, il se produit fréquemment un curieux phénomène, bien décrit par Geneau et Taillefer sous le nom de <i>plongeon rétrograde</i>, <a href="http://www.sepec.ca/diversion.htm" class="spip_out" rel='nofollow external'>www.sepec.ca>diversion</a>, dans lequel le patient se croit revenu à une période précédente de sa vie. Il faudrait savoir, et dans la conversation vous pouvez trouver quelques indices qui vous permettraient de vérifier si c'est le cas, et de quelle période il s'agit (Naomi Feil dit sur cette enquête des choses très pertinentes) ; vous pourriez alors mieux comprendre ce que votre mère vit. En tout cas dans ce contexte la confusion entre votre mari et son père s'explique aisément, dès lors qu'elle se trouve dans une période de sa vie où son père était toujours là (et ce d'autant plus qu'elle a perdu la fonction de reconnaissance des visages).</p> <p>Et ceci est encore accentué par le langage lui-même : si, croyant être revenue à une période où vous aviez, disons en manière d'exemple, quinze ans, quand elle dit : <i>mais où est passé papa ?</i> , vous n'avez aucun moyen de décider si elle parle de son mari, qui est votre papa, ou de son père, qui est son papa. J'insiste sur ce point car ces ambiguïtés sont très utiles au dément, et il faut être prudent avant de les bousculer.</p> <p>Or vous livrez un indice qui me semble essentiel : <i>Depuis le décès, elle parle du décès de son père comme d'un événement « normal » dû à son grand âge mais est très angoissée de ne plus voir mon père</i>. En d'autres termes elle a très bien vu que quelqu'un est mort, <i>et elle s'en souvient</i>.</p> <p>Que faire, alors ?</p> <p>J'attire votre attention sur un premier point : vous êtes en deuil. Dans la question que vous posez il n'est pas difficile de voir que vous éprouvez : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> De la culpabilité à cacher la vérité à votre mère. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Mais aussi du chagrin de ne pas pouvoir partager votre propre souffrance.</p> <p>Je vous dis cela parce que vous cherchez ce qui le mieux pour votre mère. Or la culpabilité est une composante normale du deuil normal, et il vous faut tout à la fois en prendre conscience et ne pas vous y attarder. Quant au chagrin de ne pas pouvoir partager votre souffrance, il est parfaitement compréhensible, mais il ne s'agit pas là de l'intérêt de votre mère, et cela brouille votre réflexion.</p> <p>Il faut aussi se méfier de la vérité. Et c'est très délicat.</p> <p>On ne dit pas la vérité à quelqu'un s'il n'est pas en état de comprendre de quoi on lui parle. Considérez l'annonce d'un cancer. On a beaucoup fantasmé sur les risques de cette annonce, surtout en France ; l'expérience montre que dans l'immense majorité des cas les malades reçoivent cette annonce avec une parfaite lucidité (y compris ceux pour qui on la redoutait le plus, y compris ceux qui avaient dit : <i>si j'ai un cancer je me suicide.</i>). Il n'en reste pas moins un petit lot pour qui si vous parlez de cancer vous parlez de mort ; est-ce leur dire la vérité que leur annoncer une nouvelle qu'ils ne vont pas comprendre ? Problème rare, mais parfois insoluble.</p> <p>Un autre point à ne pas négliger est la question du pourquoi. Vous savez quelque chose que votre mère ne sait pas, <i>et ça vous gêne</i>. À cette gêne vous réagissez par un phénomène que j'appelle <i>le complexe du coiffeur</i>.</p> <p>Quand Apollon eut fait pousser des oreilles d'âne au roi Midas, celui-ci se couvrit la tête d'un bandeau pour les dissimuler. Mais il y avait son coiffeur, et devant lui il fallait bien retirer le bandeau. A lors il fit venir son coiffeur et lui fit jurer, naturellement sous peine de mort, que jamais il ne révélerait son secret. Le coiffeur, qui n'avait sans doute guère le choix, promit, et immédiatement il se sentit très mal, envahi qu'il était par le secret qu'on lui avait confié. Alors il sortit, creusa un trou dans la terre, cria dans le trou : « Midas a des oreilles d'âne ! » et reboucha le trou, après quoi il se sentit nettement mieux. Et les roseaux poussèrent sur le bord du trou, et le vent soufflant dans les roseaux s'en allait répétant : « Midas a des oreilles d'âne », ce qui fait qu'on l'a su.</p> <p>Il faut vous méfier de tout cela.</p> <p>Ce n'est pas que votre mère ne peut pas entendre. D'ailleurs, je vous l'ai dit, elle en a entendu plus que vous ne pensez, J'ajoute que quand elle vous demande de manière insistante <i>pourquoi son mari n'est pas à la maison</i>, elle sait plus ou moins confusément de quoi elle a peur. D'autre part on observe couramment que quand on annonce une mauvaise nouvelle à un dément il accuse le coup de manière somme toute normale, mais l'instant d'après il l'a oublié. D'où deux critiques : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Il ne sert à rien de lui annoncer puisqu'il ne le mémorise pas. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Il est cruel de lui imposer de manière répétée la douleur de l'annonce.<br class="autobr" /> Cela suffirait à clore le débat ; mais on observe aussi que la perte de la fonction mnésique n'est jamais totale ; notamment la mémoire affective, elle, se perd très peu et très tard ; de sorte que cette annonce répétée finit par faire son chemin.</p> <p>Maintenant, pour le décès de votre mère, vous lui avez menti. Et vous ne l'avez pas regretté.</p> <p>Je ne sais donc pas ce que vous devez faire. Mais je sais deux choses.</p> <p>La première c'est que vous avez le temps : une semaine, ce n'est pas long, et il faut d'abord que vous repreniez pied. Il faut aussi que vous observiez la situation.</p> <p>La seconde c'est que vous pouvez vous laisser guider par votre mère. Elle a mis en place un système défensif, en mélangeant les générations. Elle a éloigné le spectre de sa propre mort en se rajeunissant. Il ne faut pas briser ses défenses. Mais elle vous ouvre une porte en vous posant une question : <i>pourquoi son mari n'est-il pas à la maison ?</i> C'est ici Naomi Feil qui peut vous aider : la question est de savoir pourquoi elle pose la question, ou plus exactement à quoi elle pense. En somme il s'agirait d'essayer de comprendre ce qu'elle pense de son mari, de ses absences, ce qu'elle imagine, comment elle a vécu d'autres absences, bref à quoi cela lui fait penser. Il ne s'agit pas de psychanalyse, il s'agit de la faire parler de son ressenti.</p> <p>Le problème est que c'est horriblement difficile. Mais c'est à ce prix que vous pourrez l'apaiser, ou que vous trouverez, si du moins c'est opportun, des stratégies de diversion. C'est aussi à ce prix que vous pourrez, car ce ne serait pas la première fois qu'on verrait une telle chose, la voir formuler spontanément une vérité qu'au fond d'elle-même elle connaît déjà.</p> <p>Je vous le redis : c'est très difficile, et je vous donne là un conseil que sans doute je serais bien incapable de suivre. N'allez pas trop vite, en tout cas.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2020-06-06T05:54:55Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment16698 2020-06-06T05:54:55Z <p>Bonjour<br class="autobr" /> Ma mère a 87 ans, diagnostiquée Altzeimer depuis 18 mois. Elle vivait avec mon père jusqu'à présent<br class="autobr" /> Je me suis installée chez eux pour qu'elle ne perde pas ses repères ; jusqu'à présent, le "seul" vrai problème à gérer était sa mère qu'elle pense toujours en vie, à laquelle je dois chaque jour monter ses repas au 1er étage. la situation est certes dérangeante mais ma mère est apaisée dès que je lui dis que grand mère a déjeuné.<br class="autobr" /> Elle voyait mon père soit comme son mari, soit comme son père selon le moment (à 2 mn d'intervalle)</p> <p>Mon père est décédé il y a une semaine. Durant sa maladie il avait un lit médicalisé à la maison ; elle voyait son propre père et non son mari dans ce lit et demandait de temps en temps "mais où est passé papa" ?</p> <p>Depuis le décès, elle parle du décès de son père comme d'un événement "normal" dû à son grand âge mais est très angoissée de ne plus voir mon père.<br class="autobr" /> J'ai lu beaucoup d'articles sur l'annonce ou pas du deuil mais je ne sais pas encore si je dois lui dire la vérité<br class="autobr" /> A contrario 2 fois par jour au moins et surtout le soir, il est difficile de faire diversion car elle demande de manière insistante pourquoi son mari n'est pas à la maison et elle est réellement en souffrance.<br class="autobr" /> Que me conseillez vous ? Vérité ou mensonge ? <br class="autobr" /> Et quel mensonge car mon père n'a jamais quitté la maison sans elle ?<br class="autobr" /> Merci beaucoup pour votre aide.</p> Le tutoiement auprès de patients déments 2020-04-13T12:10:45Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment16606 2020-04-13T12:10:45Z <p>Bonjour, Marion.</p> <p>Je suppose que vous avez lu l'article que j'ai consacré à ce sujet. Du coup je ne sais pas si je peux faire autre chose que le paraphraser.</p> <p>Je dirais que la démence par elle-même n'a pas lieu de constituer une situation qui dispenserait d'appliquer les règles communes : le dément doit être respecté, et il faut proscrire le tutoiement, disons habituel, comme pour tout le monde.</p> <p>Mais ce principe posé, il faut se poser quelques questions.</p> <p>Je ne veux pas qu'un soignant se permette de tutoyer. Mais je sais bien qu'il y a des exceptions. La conséquence est qu'il faut considérer le tutoiement comme un acte de soin, ce qui suppose qu'il soit décidé en équipe, appliqué en équipe, évalué en équipe. Et que cette démarche doit être systématique, car c'est la seule manière d'éviter les dérives.</p> <p>Et il y a plusieurs choses à considérer.</p> <p>Par exemple, il y a des considérations culturelles : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Aux Antilles, le fait de vouvoyer quelqu'un est un signe de mépris ou de colère. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Il y a des tutoiements sociaux : marque de reconnaissance dans la classe ouvrière ; tutoiement culturel, obligé, dans l'Éducation Nationale, ou dans la santé ; tutoiement intergénérationnel, etc. Cela doit faire s'interroger sur ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas, ce qui est légitime, voire nécessaire. En somme, une fois que l'équipe est arrivée au zéro tutoiement, elle va s'apercevoir qu'il faut qu'elle nuance sa position. Mais je ne suis pas sûr de ce point, et personnellement je n'ai jamais tutoyé personne ; il est vrai que la position du médecin est particulière. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> etc.</p> <p>Il y a des considérations de personnes : certains résidents autorisent certains soignants à les tutoyer, voire le demandent, mais choisissent celui ou celle qui aura cette liberté. Que fait-on ? Personnellement je refuserais, mais c'est à voir. Mais il y a aussi des résidents qui, voyant tel ou tel se faire tutoyer, vont demander à l'être.</p> <p>Je sens bien que la position du zéro tutoiement demande à être adaptée. Mais : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Si on le fait, c'est après être passé par la case zéro tutoiement. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Si on le fait, c'est en équipe. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> La limite, c'est que le soignant doit rester soignant. Nous avons tous, résidents comme soignants, la tentation de déguiser la réalité, et de faire que la maison de retraite devienne un lieu de vie comme les autres, habité par de gens comme les autres. Et il y a là du grain à moudre. À condition de ne pas oublier que <i>dans les faits</i> la maison de retraite n'est pas un lieu comme les autres, et qu'elle est habitée par des gens qui sont là parce qu'ils ne peuvent pas faire autrement, servis par des gens qui sont là parce qu'on les paie, et qui rentrent chez eux le soir. On ne triche pas avec ça.</p> <p>Maintenant, le dément.</p> <p>Nous avons les mêmes devoirs envers lui. Mais ces devoirs sont évidemment modulés par les capacités du malade. Il ne sert à rien de lui parler normalement si sa compréhension ne lui permet pas de recevoir ce que nous lui disons : la première chose que fait le Président du tribunal, c'est de demander au prévenu s'il comprend le français.</p> <p>Or il existe des situations dans lesquelles le trouble cognitif induit un trouble de la représentation du monde.</p> <p>Par exemple on voit des déments qui opèrent ce que <a href="http://www.sepec.ca/diversion.htm" class="spip_out" rel='nofollow external'>Geneau et Taillefer</a> ont décrit sous le nom de plongeon rétrograde : le malade se met à parcourir sa vie à l'envers, et se retrouve à des périodes de sa vie où il était plus jeune, voire très jeune. Attention, ce n'est ni systématique ni métronomique (en particulier l'échelle dite de <a href="http://www.psychomedia.qc.ca/maladie-d-alzheimer/2014-07-13/echelle-de-deterioration-globale-de-reisberg" class="spip_out" rel='nofollow external'>Reisberg</a> ne correspond à rien dans ma pratique. Mais cela se voit. Du coup si Madame Dupont est revenue à une période de sa vie où elle a quatre ans, vous faites une erreur si vous lui dites : « Madame Dupont, votre fille va venir ». Une enfant de quatre ans n'a pas de fille, et on ne vouvoie pas une petite fille de quatre ans. Si vous faites cela elle va tout bonnement ne rien comprendre à ce que vous lui dites.</p> <p>Pour les mêmes raisons, si le dément vous prend pour un collègue de travail, vous n'entrerez pas en relation avec lui si vous enfreignez les règles sociales du monde du travail. Et si on se tutoyait à l'atelier, vous risquez de devoir le faire.</p> <p>Mais vous sentez bien que pour déterminer la meilleure manière de se comporter, il faut un travail en équipe…</p> <p>Je vous laisse le soin de trouver d'autres exemples.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> Le tutoiement auprès de patients déments 2020-04-13T09:15:09Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment16605 2020-04-13T09:15:09Z <p>Bonjour,</p> <p>Je suis étudiante infirmière en 3ème année et je fais mon mémoire sur le tutoiement dans les soins. Ma question finale concerne le tutoiement auprès de patients déments. Est ce que vous pouvez me dire votre point de vu sur ce mode de communication svp ? Cela m'aiderait pour mon mémoire car je ne trouve pas d'articles concernant cela.</p> <p>Merci d'avance, passez une très belle journée !!</p> Le syndrome de Korsakoff / institution en difficulté 2019-12-15T15:00:12Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment16433 2019-12-15T15:00:12Z <p>Bonsoir, Laurence.</p> <p>Je comprends votre questionnement ; mais je vais avoir du mal à vous répondre. Quand vous me parlez d'un patient souffrant d'un syndrome de Korsakoff, je me trouve déjà en difficulté, tant j'ai toujours eu du mal à m'occuper d'alcoolisme ; ce sont des situations qui m'ont toujours provoqué des réactions inadaptées. Je vous dis ça parce que je ne suis probablement pas le seul. Essayons, toutefois.</p> <p>Tout de même il y a quelque chose qui m'intrigue. Votre patient n'est pas éligible à une entrée en EHPAD, il a donc moins de 60 ans. S'il a un syndrome de Korsakoff depuis 30 ans, c'est qu'il l'a débuté à moins de 30 ans. Cela suppose un alcoolisme précoce et massif (les autres causes de Korsakoff sont anecdotiques) ; mais s'il y a eu un alcoolisme massif, alors il est fort douteux que les autres organes (foie, cœur…) soient indemnes ; et dans ce cas on comprend assez mal que le patient ait survécu trente ans. Mais cela se peut.</p> <p>Ceci remarqué, la question que vous posez me semble être de savoir comment aider les professionnels à trouver une stratégie (est-ce la seule ?).</p> <p>Je note que vous arrivez à établir un échange convenable avec lui, mais vous ne le pouvez que dans un contexte singulier : celui de votre qualification professionnelle, dans une relation duelle, dans un bureau, avec des possibilités d'échappement quand les choses se gâtent, notamment en termes d'agressivité. Aucune de ces conditions n'est présente dans le contexte de la vie ordinaire de l'unité de soins. Tout le problème est donc de savoir comment on peut tirer parti de votre expérience dans un contexte qui ne permet pas de la reproduire.</p> <p>Or il est évident que son comportement dans la vie ordinaire n'a pas de rapport avec celui qu'il peut arriver à adopter dans l'environnement très sécurisant de votre bureau. Il est d'autant plus différent que j'ai cru observer chez eux une tendance à la provocation, enfin je ne sais pas très bien comment le décrire ; peut-être s'agit-il plutôt de cette espèce d'euphorie décalée, associée à un besoin d'occuper l'espace, qui me les rendait rapidement insupportables. Mais j'ai vu très peu de patients atteints de Korsakoff, et je redoute de généraliser. Toujours est-il que je comprends que les soignants se sentent débordés au bout de quelques heures ; pour ma part je ne tenais pas aussi longtemps.</p> <p>Que penser de leurs craintes ?</p> <p>J'ai cru voir que ces patients ont une capacité particulière à aspirer leur entourage : tout se passe comme s'ils jouaient (je dis ça parce que je ne crois pas qu'ils jouent vraiment) de manière très convaincante, et alors que je n'ai jamais vu un malade atteint de Korsakoff poser un acte violent j'ai souvent entendu des soignants redouter de telles violences. Il en va de même pour le risque suicidaire ; et j'ajoute qu'il ne faudrait pas aller trop vite avant de tenir pour un geste suicidaire ce qui n'a peut-être été qu'une tentative d'évasion. Je le dis d'autant plus que je ne vois pas bien comment on peut élaborer un geste aussi complexe qu'une tentative de suicide quand on n'a plus de possibilité de mémorisation, ce qui me semble interdire d'avoir, précisément, <i>de la suite dans les idées</i>. Mais je n'en sais rien.</p> <p>Par contre il me semble que leur crainte, précisément parce qu'elle a quelque chose d'injustifié, est ambivalente. Pour faire court, si l'équipe manifeste sa crainte qu'il ne se tue, c'est largement pour éviter de se confronter à son propre désir de le tuer.</p> <p>La démobilisation de l'équipe est classique. Le seul projet est qu'il débarrasse le plancher, même si cela se résume à celui de refiler le mistigri aux copains. En fait, comme souvent, l'équipe déteste ce malade, ce qui est d'autant plus difficile à admettre que tout le monde sait que dans le soin on ne fait jamais acception de personne et qu'on aime tout le monde (raison pour laquelle je commençais en vous confessant que je n'ai jamais aimé les alcooliques). Mais je suis frappé par le message qu'elle semble envoyer, sans que je puisse savoir à qui (et même pas, d'ailleurs, si j'ai raison) : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Elle a <i>dernièrement abandonné leur implication dans l'initiation à l'utilisation d'un cahier mémoire</i> : probablement parce qu'elle juge l'entreprise trop décalée, trop dérisoire par rapport à la situation qu'elle vit. Je garde pour moi la crainte que, dans une affection comme le Korsakoff, il n'y ait guère à attendre d'un cahier mémoire ; mais je n'ai aucune idée de ce que donnent les expériences qui ont été tentées dans ce domaine, il faudrait voir la littérature. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Elle a <i>placardé dans sa chambre des photos actuelles de son fils</i>. Je lis un tel acte, mais ce sont mes fantasmes, comme une volonté de dénier le trouble mnésique en imposant, d'une manière, assez violente, une confrontation à la réalité.<br class="autobr" /> Je vous dis ça, je n'en sais rien. Mais nous sommes dans une opération de brainstorming.</p> <p><i>Le directeur préconise de le laisser sortir lorsqu'il le souhaite</i>. Difficile d'en penser quelque chose. Au fait, parlons droit : juridiquement le fait de maintenir quelqu'un dans un lieu où il ne souhaite pas être constitue le crime de séquestration, visé par l'article 224-1 du Code Pénal : <i>Le fait, sans ordre des autorités constituées et hors les cas prévus par la loi, d'arrêter, d'enlever, de détenir ou de séquestrer une personne, est puni de vingt ans de réclusion criminelle</i>. Les seuls endroits où on puisse retenir quelqu'un contre son gré sont les prisons et les hôpitaux psychiatriques, encore sont-ils sous la tutelle d'un magistrat. Toutes les unités Alzheimer sont des zones de non-droit, d'autant plus que la loi précise bien que, même sous tutelle, la personne protégée choisit librement son lieu de résidence ; que cette disposition n'ait aucun sens est une autre question. En tout cas le Directeur tient manifestement à dédramatiser, à tort ou à raison, la situation, ce qui peut être un forme de déni. Mais cela permet à l'équipe de trouver un comportement somme toute rassurant pour elle : en accentuant ses angoisses elle neutralise sa propre agressivité, l'angoisse est ce qui lui permet de se renarcissiser en se redisant qu'elle est une bonne équipe qui aime son malade. Quel est le risque ? Je ne sais pas. Il faudrait être plus compétent en ce domaine que je ne suis, et je ne sais pas exactement ce qu'il en est des troubles cognitifs des Korsakoff ; je crois savoir que quand il est pur le syndrome d Korsakoff ne comporte pas de troubles cognitifs, en dehors du trouble mnésique et de la désorientation ; le problème c'est qu'il faudrait être sûr qu'il n'y a pas une démence alcoolique associée.</p> <p>Le psychiatre propose un séjour de répit. Au moins c'est une proposition, assurément bien pauvre, mais qui a le mérite d'exister, et de laisser l'équipe devant sa réalité : il suffit de comparer à la préconisation des autres médecins de <i>laisser faire le temps</i>, ce qui n'a absolument aucun sens.</p> <p>Alors, vous parlez de sentiment d'impuissance… j'aurais sans doute le même, car je ne vois pas très bien ce qu'on peut proposer. Et je suppose que je réagirais de la manière la plus simple, en fuyant. Ou en déniant, ce qui revient au même.</p> <p>Il y a des situations ingérables, il y a des situations où la seule solution est le sauve-qui-peut. Je crois qu'on fait, et qu'on se fait, beaucoup de mal en entretenant ce mythe selon lequel il y a toujours une solution. Car cela conduit à aggraver la culpabilité de ceux qui n'y arrivent pas.</p> <p>Je n'ai pas le souvenir d'avoir trouvé des solutions brillantes à ce type de problème. Mais je me demande si vous avez raison de chercher à dédramatiser la situation. Vous êtes nouvelle dans la maison, le risque si vous allez trop loin dans cette voie est de vous faire accuser de ne pas comprendre, de ne pas vous partager la détresse de l'équipe, bref d'être dans le camp irréalistement lénifiant de la hiérarchie ; vous pourriez le payer. Je me demande si vous ne seriez pas plus efficace en prenant acte de l'impasse, et en aidant l'équipe à prendre conscience de sa propre agressivité. Cela fait comme un préalable, il serait peut-être possible de concevoir une attitude totalement pragmatique, permettant à l'équipe de tenir, par exemple en fragmentant les temps d'implication de chacun. Car en entretenant le mythe de son amour pour ce malade, l'équipe se prive des moyens de comprendre ce qui lui arrive, et donc d'élaborer une stratégie de sortie.</p> <p>Mais je dis ça… je n'aime pas les alcooliques.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> Le syndrome de Korsakoff / institution en difficulté 2019-12-14T08:37:04Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment16426 2019-12-14T08:37:04Z <p>Bonjour, et merci pour vos précisions et vos réponses toujours très pertinentes.</p> <p>Je suis psychologue (orientation humaniste et psychanalytique), depuis peu, dans un Foyer d'accueil médicalisé (cadre sécurisé par un portail automatique, mais pas infranchissable). Un des résidents est porteur, depuis 30 ans, d'un syndrome de Korsakoff. C'est un syndrome que je connais peu.</p> <p>Je me suis entretenu, à plusieurs reprises, avec ce résident, nous avons su établir un échange authentique qui porte à la fois sur son passé (que lui considère comme actuel - dernière réminiscence date de 1988) et sur ses perceptions du présent et de l'avenir. De mon côté, je n'ai pas de difficulté particulière dans mon approche qui consiste à l'accompagner dans sa singularité et dans l'appréhension de sa confusion. Il peut certes, se montrer très méfiant et sur la défensive, mais parvient en s'appuyant sur notre échange à se tempérer ; quand cela lui est trop difficile, il m'arrive de quitter la contenance du bureau et de la structure pour une promenade en extérieur pendant laquelle il régule son énervement (éventuellement sa colère) par la marche.</p> <p>La difficulté se situe essentiellement sur la gestion de son quotidien dans son unité de vie. En effet, très souvent, les équipes rapportent une difficulté à contenir ses débordements émotionnels qui peuvent s'exprimer sur un versant agressif. Dernièrement, il a exprimé, auprès des équipes, des pensées suicidaires et une volonté de tuer les professionnels et les autres résidents. Ce contexte suscite de nombreuses craintes de la part de tous. Notamment parce que, dans le passé (je n'étais pas encore en poste), il s'est jeté du 1er étage alors que les équipes avaient fait le choix de l'enfermer dans sa chambre.</p> <p>Du coup, je m'interroge sur les volontés d'actions : une orientation en EHPAD, unité Alzheimer, est proposée par certains professionnels fatigués de devoir répéter toujours la même chose à ce résident stigmatisé comme étant « hautement instable » (orientation en soit impossible, car le résident est trop jeune ; de plus cette notion d'instabilité semble être partagée voir projetée : ils ont dernièrement abandonné leur implication dans l'initiation à l'utilisation d'un cahier mémoire et ont placardé dans sa chambre des photos actuelles de son fils).</p> <p>Le directeur préconise de le laisser sortir lorsqu'il le souhaite (avec ou sans accompagnement) => le résident le fait déjà, le directeur a ainsi, transformé le mot « fugue » en « sortie non autorisée » et a équipé le résident d'un téléphone portable pour pouvoir venir le récupérer : pour autant, cela accentue les angoisses des équipes qui sont contre cette approche jugée trop irresponsable, car insécure ;</p> <p>Le psychiatre opte pour un séjour de rupture (en HP) et une augmentation de son traitement (d'après lui, déjà bien corsé) ;</p> <p>Le médecin et le chef de service préconisent de laisser faire le temps.</p> <p>Bref... le sentiment d'impuissance s'invite régulièrement à nos réunions et les angoisses contaminent accompagnement. Pour ma part, J'invite tout le monde à tempérer leurs craintes. Je pense, sans doute naïvement, que l'écoute, la disponibilité et la réassurance peuvent soulager les périodes de tensions, mais cela ne semble pas faire écho (et je le comprends, je viens d'arriver : je ne suis ni légitime ni objective :D).</p> <p>Si vous avez quelques pistes de réflexion pour optimiser la compréhension de chacun (en dehors des GAP qui bien qu'indispensables, ne sont pas investis), je suis preneuse.</p> <p>Merci encore pour votre implication.</p> La communication avec le dément 2019-10-23T13:10:52Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment16368 2019-10-23T13:10:52Z <p>Bonjour, Isabelle.</p> <p>Il est, mais vous le savez, très difficile d'affirmer quelque chose sur une telle situation. Je vais donc me borner à noter quelques points.</p> <p>Vous dites qu'elle chute depuis trois semaines. Cela implique qu'elle ne tombait pas avant. Mais il faudrait préciser : elle n'était jamais tombée, ou alors elle tombait, mais peu (à quel rythme ? dans quelles circonstances ?). Si ce que vous dites est totalement exact, alors il faudrait se demander ce qui s'est passé voici trois semaines, ou ce qui se passe depuis trois semaines.</p> <p>Le fait qu'elle chute toujours du même côté fait penser à un trouble neurologique, mais pas seulement : une douleur d'un membre inférieur, une baisse unilatérale de l'acuité visuelle… Bien sûr il y a l'impression que le côté gauche serait plus faible, mais ceci aussi peut être la conséquence d'une douleur, ou d'autre chose.</p> <p>Le scanner cérébral ne montre rien de particulier ; mais cela ne prouve ni n'infirme rien, car une lésion minime peut occasionner de gros dégâts si elle est placée exactement là où il ne faut pas.</p> <p>Quant à la question des accidents ischémiques transitoires, elle est particulièrement délicate. Pour ma part j'en reste à la vieille définition : c'est quand on ne voit rien. On ne voit rien à l'examen parce que quand le médecin arrive c'est déjà terminé ; et on ne voit rien à l'imagerie parce que si on voyait quelque chose ce serait un accident constitué. Mais je sais qu'on a tendance à étendre le champ des accidents ischémiques transitoires à des situations plus limites. On a tort, car cela complique les choses, et on ne sait plus de quoi on parle. Tout ceci pour vous dire que par définition un accident ischémique transitoire ne se prouve pas.</p> <p>Y a-t-il une hémiplégie ? Je ne sais pas ce qu'il en est. Une hémiplégie est le plus souvent assez facile à prouver, mais il faut tout de même se donner la peine de faire un examen complet, car on peut tout à fait se laisser prendre par les apparences. S'il y a une hémiplégie, elle est probablement la cause des chutes et non pas la conséquence : car si on disait que c'est la chute qui a causé l'hémiplégie, alors il faudrait trouver des images de saignement intracrânien. Cela ne passe pas inaperçu.</p> <p>Mais la question essentielle est bien sûr celle que vous posez : le médecin de l'EHPAD n'agit pas.</p> <p>Et… comment le pourrait-il ?</p> <p>La seule manière d'arranger la situation serait de faire une rééducation. Je doute que les circonstances s'y prêtent. Mais tout le reste est illusoire. Du coup le fait que le médecin n'agit pas est plutôt le signe qu'il est réaliste. Enfin, je dis ça… Je pars du principe que la rééducation n'est pas envisageable, mais je n'ai pas vu la situation.</p> <p>Du coup vous posez la question de la contention. Mais… il faut bien que je vous dise la même chose : on fait comme on peut. La contention est la pire des solutions ; il arrive qu'on n'en ait pas d'autre. J'ai connu des cas, particulièrement frustrants, où il n'y avait que cela à proposer. J'ai eu votre idée de casque ; ça ne marche pas.</p> <p>Au fond, ce qui est le plus important, c'est la suite. C'est l'image que cela vous renvoie. Et je le comprends. Mais… ce ne sont que des images. C'est pour vous que ce déclin est insupportable, et je vois bien pourquoi. Quand la vieille personne s'effondre ainsi il est terriblement difficile d'y assister sans frémir. La seule issue est de rester très froid, très lucide, et de se souvenir que l'idée que nous avons des choses ne correspond pas à la réalité. Ce que nous croyons voir, ce que nous croyons que la personne vit n'est pas ce qu'elle vit réellement. Heureusement.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2019-10-20T18:48:03Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment16364 2019-10-20T18:48:03Z <p>Bonsoir docteur,</p> <p>je reviens une nouvelle fois vers vous pour donner des nouvelles de ma maman et demander vos conseils précieux. <br class="autobr" /> Voila a présent 3 mois qu elle est en ehpad. Depuis 3 semaines elle fait des chutes à répétition dont une qui a entraîné un départ aux urgences. Elle tombe toujours du même côté et son visage de ce côté là n est plus qu un affreux hématome tout gonflé . Je suis aneantie de la voir comme ça. J'ai remarqué que depuis la 2eme chute au sol la plus violente son bras sa main et sa jambe gauche étaient atteint de faiblesse prononcée , ce qui doit provoquer à présent les chutes à répétition. A l hopital un scanner cérébral à étés fait qui n a pas révélé d autres lésions que celles connues. Mais on me dit qu un ait peut ne pas se voir.<br class="autobr" /> a ce jour on ne sait pas si cette hémiplégie a été provoquée par sa chute violente sur la tête ou si cette chute violente est la conséquence d un accident vasculaire.<br class="autobr" /> le médecin de l ehpad n agit pas. Il a fait dire au personnel soignant qu il faudrait la mettre en fauteuil avec une contention ce qui entraînerait une perte d autonomie mais il n envisage pas d autres solutions. <br class="autobr" /> Moi j ai commandé un casque spéciale chute pour personnes démentes mais le supportera t elle ? Car biensur elle se retire bcp de choses......<br class="autobr" /> je suis perdue et infiniment affectée.... je passe tous les jours la voir et j assiste impuissante à ce déclin insupportable.<br class="autobr" /> ma maman s alimente mais avec de l aide. Elle semble me reconnaître et elle sait qu elle tombe et qu elle a mal au visage, ce qui l affecte d autant plus car je m aperçois qu elle a encore des moments de lucidité.<br class="autobr" /> je sais que ma mère va vers son dernier voyage mais j aurais tellement voulu qu il se fasse sans cette douleur et ce visage détruit. Je ne vous parle même pas de ma culpabilité de tout ça......<br class="autobr" /> Que me conseillez vous dans cette situation difficile ? La contention en fauteuil ? <br class="autobr" /> Merci de vos conseils précieux <br class="autobr" /> une fille dans la tourmente<br class="autobr" /> Isabelle</p> La communication avec le dément 2019-08-21T16:36:28Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment16320 2019-08-21T16:36:28Z <p>Bonjour, Isabelle.</p> <p>Ce que j'en pense ? Mais… Ce que j'en ai toujours pensé : les choses évoluent comme elles doivent. Vous n'avez pas oublié notre dernière conversation, dans laquelle je cherchais à vous dissuader de prendre en charge votre mère vous-même : c'était suicidaire. La place de votre mère est en EHPAD, et probablement dans un secteur protégé.</p> <p>Mais je vous disais aussi que votre culpabilité est à la fois absurde et inévitable. Je vous disais aussi que la culpabilité fait partie du deuil normal, et que c'est un mécanisme à la fois désagréable et bénéfique. C'est là que vous en êtes. Tout est normal.</p> <p>S'agissant de votre mère, tout est normal aussi, je note même que son problème d'anorexie s'arrange ; il n'y a que cette histoire d'œdèmes, sur laquelle je ne peux rien dire, ne les ayant pas vus, mais qui sont souvent sans signification particulière. Le médecin vous en dira plus.</p> <p>Son comportement verbal est classique : elle perd progressivement la connaissance des mots et de leur signification, mais elle n'a pas oublié que quand on rencontre quelqu'un on lui parle. C'est ce qu'elle fait. C'est ce que nous faisons. Car il y a deux sortes de communication verbale : il y a débattre, discourir, transmettre de l'information. Et il y a la conversation ; et dans la conversation le contenu de ce que nous nous disons n'a pas une grande importance : il s'agit de <i>parler de tout et de rien</i>, <i>de la pluie et du beau temps</i> ; en somme il s'agit de faire du bruit avec sa bouche, c'est du comportement animal ; l'art de la conversation consiste à mettre l'autre à l'aise, en valeur, en lui permettant de parler de ce qu'il connaît (j'y suis d'autant plus sensible que je suis notoirement infirme dans ce domaine).</p> <p>C'est ce que votre mère fait. Ce qui compte n'est pas ce qu'elle dit, c'est le fait qu'elle entre en conversation. Et vous n'avez rien d'autre à faire que de jouer ce jeu.</p> <p>Avec un peu d'habitude, on arrive parfois, en s'appuyant sur tel ou tel mot repéré au détour d'une phrase, en se guidant sur la tonalité de la conversation, à comprendre de quoi on parle ; cela peut être précieux ; mais l'important est de valider son comportement en lui renvoyant que vous appréciez le contenu affectif de cet échange.</p> <p>Vous n'avez aucune raison de vous imposer un rythme de visites. Vous êtes sensible au temps qui passe, et au temps qui passe sans vous ; mais pas elle. En particulier il ne sert à rien de passer beaucoup de temps avec elle à chaque fois : ce qui compte pour elle c'est l'événement de votre rencontre, sa durée ne lui apporte rien. Je sais bien que vous devez faire la part de votre culpabilité, et que c'est une manière de la soigner ; mais cela peut aussi l'entretenir.</p> <p>Un mot encore : si votre mère n'a pas les moyens de payer sa maison de retraite, elle peut être éligible à l'<a href="https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F2444" class="spip_out" rel='nofollow external'>aide sociale</a> ; certes il peut y avoir une récupération sur succession, mais cela mérite d'être calculé.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2019-08-17T07:41:59Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment16316 2019-08-17T07:41:59Z <p>Bonjour Docteur,<br class="autobr" /> Je reviens une nouvelle fois vers vous. Il s'est passé beaucoup de choses depuis notre dernière discussion.<br class="autobr" /> Ma maman a donc été admise en EHPAD le 22 juillet dernier. En soins de suite il ne pouvait plus la garder et nous avons enfin trouvé un EHPAD avec un secteur protégé car c'était la décision des médecins de l'hôpital. <br class="autobr" /> Cela a été un déchirement pour moi comme vous vous en doutez. J'avais l'impression de l'abandonner, de ne pas remplir mon rôle de fille. J'ai beaucoup culpabiliser et je culpabilise encore maintenant. <br class="autobr" /> Toute cette procédure a entraîné comme un premier deuil pour moi. J'ai dû vider son logement et ses souvenirs et ce fut une étape très douloureuse.<br class="autobr" /> Avant son arrivée en EHPAD, j'avais aménagé sa chambre avec des objets personnels et des photos. A son arrivée elle a reconnu certaines choses sans trop se poser de questions. On sentait quand même son interrogation. Les premiers jours elle mangeait très peu et se contentait que du sucré. A présent elle mange plus ou moins correctement. Elle est donc en unité protégée avec 13 autres résidents assez atteints. <br class="autobr" /> Elle est toujours sous anxiolytiques et neuroleptiques plus un somnifère. Depuis son arrivée ses jambes sont un peu gonflées, ce qu elle n avait jamais eu de sa vie. Je me demande si cela ne serait pas un effet indésirable des traitements. J attends encore mon rdv avec le médecin de l ehpad pour faire le point, ceci dit ce n est peut être pas une période propice pour trouver le temps de me recevoir....<br class="autobr" /> A mes visites régulières elle me reconnaît sans savoir dire mon prénom. Elle a un débit de paroles incessant mais incompréhensible car elle emploie des mots pour d autres sans arrêt. Quand je lui pose une question elle répond souvent n importe quoi car je pense qu elle ne comprend plus les mots employés. On se retrouve donc dans une espèce de monologue et ma seule response est d acquiescé à tout ce qu'elle me raconte.<br class="autobr" /> est ce fréquent docteur ce mélange de vocabulaire ?<br class="autobr" /> mon frère et ma soeur ne posent pas de problème puiqu ils n habitent pas à proximité. On paye même chaque mois une somme identique à l ehpad pour combler le manque de revenus de notre mère.<br class="autobr" /> comment vont évoluer les choses ? Et puis je garde un sentiment de culpabilité quand je ne passe pas la voir au moins 3 fois par semaine.<br class="autobr" /> que pensez vous de tout cela docteur ?<br class="autobr" /> merci d avance <br class="autobr" /> bien cordialement</p> La communication avec le dément 2019-07-04T20:28:58Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment16214 2019-07-04T20:28:58Z <p>Bonsoir, Isabelle.</p> <p>Vous avez au moins une réponse à l'une de vos questions : vous écriviez que vous vouliez attendre une hospitalisation « pour procéder en douceur », vous voyez maintenant combien c'était illusoire.</p> <p>Et du coup je ne peux que vous recommander de reprendre la discussion là où nous l'avions laissée.</p> <p>Car les récents événements ne changent rien au fond. Après sa péripétie de ces derniers jours elle s'en tire à bon compte. La seule chose qui a changé c'est qu'on a posé un diagnostic de démence. Je vous avais déjà parlé de cela, et je ne suis pas surpris qu'on l'ait confirmé ; tout ce que j'ajouterais est que le diagnostic a été très rapide ; or le critère le plus important pour parler de démence est l'observation sur une durée assez longue. Soit donc le diagnostic a été imprudent, soit (et c'est malheureusement le plus probable) la situation est telle qu'il est évident.</p> <p>Les angoisses et les hallucinations ne sont pas spécifiques d'un type de démence en particulier. Le mieux est toujours de ne pas les traiter, mais encore faut-il que ce soit possible ; il y a des cas où on a la main forcée, et où on doit bien se résigner à prescrire des psychotropes, avec comme double résultat, si on peut dire, qu'ils marchent mal et ne sont pas toujours très bien tolérés. Il est donc à craindre que la situation actuelle ne soit sans grande possibilité d'amélioration.</p> <p>Dans ces conditions vous avez fort peu de choix.</p> <p>La prendre chez vous est la dernière chose à faire, tout simplement parce que vous n'allez pas vous en sortir. Je ne l'envisage même pas. Je comprends votre impression de l'abandonner, et rien de ce que je pourrais écrire ne vous l'enlèvera. Mais je vous rappellerai simplement à la réalité : l'organe qui sert à aimer n'est pas le cœur mais la tête, et votre devoir de fille est de mettre en place une stratégie qui marche. Prendre votre mère chez vous serait tout simplement irresponsable.</p> <p>Il faut donc chercher une institution. Fort heureusement elle est en soins de suite, et son état n'est pas encore stabilisé. Cela vous laisse un peu de temps pour prospecter. Mais il vous faut aussi régler deux questions essentielles : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Où en sont votre frère et votre sœur ? <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Avez-vous fait une demande de tutelle ?</p> <p>Il faut enfin examiner le fait qu'elle ne mange plus. Les hypothèses ne sont pas si nombreuses : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Elle n'a pas faim en ce moment. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Elle est gênée pour manger parce qu'il y a un problème physique qui est à la fois cause de l'anorexie et de l'épisode aigu qui lui a fait décompenser sa démence. Il serait surprenant que les médecins n'y aient pas pensé. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Elle perd l'appétit comme beaucoup de déments. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Les traitements ont un effet anorexigène ; ce serait étonnant car les neuroleptiques ont plutôt un effet opposé. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Elle opère, plus ou moins inconsciemment, une sorte de chantage pour sortir de l'hôpital. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Elle est en train, tout aussi inconsciemment, de mettre en place le mécanisme qui va la conduire à quitter une vie qui ne l'intéresse plus.</p> <p>Je vous dis cela parce que c'est fréquent, et que si c'est le cas il faut vous y préparer : j'espère bien que le moment venu on me laissera libre de ce genre de décision. J'ajoute qu'en ce qui me concerne je n'ai jamais réussi à inverser le cours des choses chez des patients qui avaient choisi cela.</p> <p>Mais bien sûr il est beaucoup trop tôt pour avoir à quoi vous avez affaire. Et je dirais : peu importe. Peu importe car cela ne change rien à ce que vous avez le devoir (et les moyens) de faire.</p> <p>J'attends de vos nouvelles. Je comprends, bien sûr, dans quelle difficulté vous êtes.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2019-07-04T09:04:43Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment16213 2019-07-04T09:04:43Z <p>Bonjour Docteur,<br class="autobr" /> Je reviens encore une fois vers vous concernant le cas de ma maman.<br class="autobr" /> Il y a 11 jours elle a fait une chute en début de nuit en extérieur de chez elle car elle était sujette ce soir-là a des hallucinations qui l ont poussé à sortir de son logement car elle avait peur. Des voisins l ont trouvé au sol consciente mais avec l'arcade sourcilière ouverte. Ils m'ont de suite appeler et cela a nécessité son hospitalisation. Cela a déclenché un bilan cognitif et depuis elle est hospitalisée en soins de suite en moyen séjour. Les médecins ont instauré un traitement contre ses angoisses et ses hallucinations et puis donnent en complément un somnifère mais hélas rien ne fonctionne et elle continue la nuit malgré tout ça à déambuler. De plus elle ne veut plus s'alimenter et a donc fait hier un malaise avec chute de tension. Les médecins me disent de chercher une institution car elle ne peut pas rentrer chez elle sans se mettre en danger. Je fais des recherches qui sont restées vaines pour le moment car il lui faut un secteur protégé. <br class="autobr" /> La solution dernière serait de la prendre chez moi avec la problématique qui se pose à cette situation.<br class="autobr" /> Je suis très déprimée de tout cela et perdue . J'ai l'impression d'abandonner ma mère et je me culpabilise beaucoup.<br class="autobr" /> Quand je passe la voir à l'hôpital elle me reconnaît elle est contente elle pense que je vais l'emmener avec moi et à chaque fois elle s'accroche et c'est un déchirement pour moi.<br class="autobr" /> Elle me parle que du passé. À chaque fois elle s inquiète pour sa maman qu'elle a laissé seule et se demande où est son mari . J essaye de la rassurer en mentant et en changeant vite de sujet .<br class="autobr" /> Je sors de l'hôpital dévastée.<br class="autobr" /> Je me demande pourquoi elle ne veut plus rien manger. Est ce pour marquer qu elle veut partir de la ?<br class="autobr" /> Les médecins me disent qu'elle est atteinte de démence vasculaire et qu elle a encore la force de s opposer.<br class="autobr" /> que pensez vous de cette situation ? Et que me conseillez vous ?<br class="autobr" /> merci de vos conseils précieux <br class="autobr" /> Isabelle</p> La communication avec le dément dans son délire 2019-06-20T20:30:45Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment16206 2019-06-20T20:30:45Z <p>Bonjour, Gwen.</p> <p>L'énoncé même de votre question contient presque la réponse : ce que vous demandez est tellement complexe, tellement énorme que vous ne serez pas surprise si je vous dis qu'on ne peut pas vous répondre, ou du moins pas dans le cadre d'un banal échange de mails.</p> <p>Mais si je veux malgré tout tenter de vous aider, il y a deux ou trois pistes que je peux vous présenter.</p> <p>Quand je vous parle, c'est pour vous donner de l'information. Mais il y a clairement deux sortes de conversations. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Il y a ce que je suis en train de faire : vous transmettre des données précises sur un sujet précis. Par exemple je prends la parole pour vous dire que vous devriez sortir votre poulet du four parce que je sens une odeur de brûlé. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Mais il y a ce que je fais parce que je suis entré chez vous et que je vous raconte ce que j'ai fait ce week-end. Les mots que je vous dis ne servent pas à grand-chose, car mon emploi du temps de dimanche dernier ne vous intéresse pas vraiment ; et réciproquement je n'ai pas grand-chose à faire de ce vous vous allez en penser. Ce qui compte dans cette conversation c'est en somme que nous faisons du bruit avec notre bouche ; le contenu de ce que nous disons n'a pas vraiment d'importance, mais il se trouve que quand on met ensemble plusieurs <i>homo sapiens</i> ils ont coutume de faire du bruit avec leur bouche ; l'information qu'ils se transmettent ainsi est qu'ils sont contents de se voir.</p> <p>D'autre part, vous me posez une question, et je vous réponds. Mais il y a un inconvénient à vous répondre, et tous les pédagogues le savent : c'est que ma réponse va clôturer votre question. Vous me demandez quelque chose, je vous le donne, ça s'arrête là ; on pourrait presque dire que, répondant à votre question, je vous interdis de me la poser à nouveau. Et je n'ai pas forcément intérêt à répondre à votre question parce qu'il serait beaucoup plus important, beaucoup plus utile, de comprendre <i>pourquoi</i> vous me posez cette question. C'est pourquoi, en psychologie comme en pédagogie, la réponse à une question est le plus souvent une autre question : si je réponds à votre question par une question, je vais vous permettre d'aller plus loin ; si je réponds par une réponse, nous en resterons là.</p> <p>Il est très important de garder ces deux points à l'esprit quand on considère la relation avec le dément.</p> <p>Et du coup, si je reprends ce que vous avez écrit, il y a deux anomalies qui vont vous sauter aux yeux.</p> <p><i>Je suis constamment en contact avec des personnes démentes et quand elles sont en face de délire je ne sais quoi leur répondre</i>.</p> <p>La question n'est absolument pas de savoir quoi leur répondre. Nous ne sommes pas dans une problématique de question/réponse.</p> <p><i>Je sais qu'il ne faut pas alimenter leur délire en rentrant trop dans leur "jeu" mais comment faire alors ?? Si ce qu'ils disent est leur propre réalité ?? </i></p> <p>Mais… Si ce qu'ils disent est la réalité, alors ils ne délirent pas… Ce qui fait que vous vous prenez les pieds dans le tapis, c'est que, plus ou moins confusément, vous sentez que la question de savoir s'ils délirent ou non n'est pas la plus importante.</p> <p>Quand le dément parle, il poursuit trois objectifs au moins : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Faire du bruit avec sa bouche, comme nous le faisons tous. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Marquer qu'il est capable d'un comportement social normal : le dément est toujours très anxieux de montrer qu'il n'est pas dément. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> (très accessoirement au fond) exprimer une préoccupation, fournir de l'information. <br class="autobr" /> Ceci suffit sans doute à vous montrer que la dernière chose à faire est de répondre au dément. J'exagère, bien sûr ; mais pas tant que ça. Ce que je veux vous dire c'est qu'il y a toujours mieux à faire que répondre.</p> <p>Ceci est assez bien expliqué par quelqu'un comme Naomi Feil, mais au fond par n'importe quel psychologue. Parlons par exemple de ce dément qui vous explique qu'il est inquiet parce que sa mère n'est pas rentrée. Si vous lui répondez qu'il a bien tort de s'inquiéter parce que sa mère est morte depuis belle lurette, vous allez provoquer une catastrophe. Mais si vous lui répondez que sa mère va rentrer bientôt et qu'il n'est pas encore temps de s'inquiéter, alors vous allez renforcer le délire. Aucune réponse ne convient, donc. Mais il est bien plus intéressant de chercher à comprendre le mécanisme de l'angoisse, ce qui vous incitera à la faire parler de sa mère, de ses sentiments envers elle, de ses souvenirs, etc. Vous créez ainsi un espace de relation normale, authentique, adaptée, qui va mettre l'angoisse à distance et permettre au dément d'exprimer des choses qui lui tiennent à cœur.</p> <p>La bonne attitude, et Dieu sait combien c'est difficile, et long à apprendre, à supposer que j'y sois parvenu, est donc de ne jamais se précipiter sur l'évidence de ce que le malade dit : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Toujours être en métaposition : vous êtes dans la relation, mais une part de vous observe ce qui se passe : elle observe le malade, elle vous observe, elle écoute ce que vous ressentez (c'est d'ailleurs indispensable dans toute relation de soin), elle est capable à tout moment de dire ce qui est en train de se passer. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Écouter le délire : on ne dit jamais n'importe quoi, et il est très important de recueillir ce qui vous est dit, en veillant à ne pas l'interpréter inconsidérément. Cela a une vertu humaine majeure, qui est de prendre au sérieux la parole du malade, même si on ne la comprend pas. Et il arrive bien plus souvent qu'on ne pense que cette parole se décrypte et fournisse des informations précieuses. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Botter en touche le plus souvent possible. Non seulement parce qu'il est délétère de prendre position sur le fond, mais encore, et peut-être surtout, parce que la réponse est beaucoup moins importante que la question. Le malade qui poser une question la pose pour la poser, et non pour qu'on lui réponde ; c'est vrai pour tous les malades. Et vous verrez vite que quand il veut vraiment une réponse il ne vous laisse pas d'issue.<br class="autobr" /> Etc.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément dans son délire 2019-06-16T10:12:43Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment16201 2019-06-16T10:12:43Z <p>Bonjour Je suis étudiante infirmière de première année et je suis actuellement en stage dans un ephad.<br class="autobr" /> Je suis constamment en contact avec des personnes démentes et quand elles sont en face de délire je ne sais quoi leur répondre. <br class="autobr" /> Je sais qu'il ne faut pas alimenter leur délire en rentrant trop dans leur "jeu" mais comment faire alors ?? Si ce qu'il dise et leur propre réalité ?? <br class="autobr" /> Pouvez vous me donner des conseils ou des bases poir entrer en communication avec une personne atteinte de démence et sui est dans un délire ?? . Je dois de plus travailler sur se sujet<br class="autobr" /> Merci beaucoup par avance</p> La communication avec le dément 2019-05-03T17:09:51Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment16094 2019-05-03T17:09:51Z <p>Bonsoir, Isabelle.</p> <p>Je comprends votre malaise.</p> <p>Cela ne change rien à ce que je pense, et aux conseils que je dois vous donner.</p> <p>Mais je sais bien qu'il vous faut un peu de temps. Prenez-le.</p> <p>Je reste à votre écoute.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2019-05-03T16:41:35Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment16092 2019-05-03T16:41:35Z <p>Bonsoir docteur,<br class="autobr" /> Merci pour votre réponse rapide longue et détaillée qui me réconforte.<br class="autobr" /> Il me faudrait mettre en pratique vos bons conseils mais pour le moment je ne m en sens pas la force même si je sais que pour protéger ma maman il le faudrait. Peut être aussi n en ai je pas envie...même si je sais que j arrive au bout de ma patience et de solutions adaptées que j ai en ma possession. <br class="autobr" /> Mon frère m a rendu visite et nous avons emmené notre mère au restaurant. Il s est bien rendu compte de l'évolution défavorable de notre mère. Il me conseille de la placer au plus vite mais ne veut pas m'aider dans cette démarche douloureuse .<br class="autobr" /> je suis un peu perdue ....<br class="autobr" /> dans quelques jours je pars en voyage pour 3 semaines en ayant bien pris soin de tout mettre en place pour ma mère pendant mon absence . Elle n'est pas encore au courant de ce départ. Je me demande si je dois lui en parler sachant qu elle oublie presque tout.<br class="autobr" /> j espère que cette coupure me fera du bien et que j aurai à mon retour une nouvelle énergie pour gérer cette situation.<br class="autobr" /> merci mille fois encore de vos conseils et de votre analyse très juste.<br class="autobr" /> je ne manquerai pas de revenir vers vous pour vous tenir informé .<br class="autobr" /> bien cordialement <br class="autobr" /> Isabelle</p> La communication avec le dément 2019-05-01T17:05:47Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment16083 2019-05-01T17:05:47Z <p>Bonjour, Isabelle, et merci de ces nouvelles.</p> <p>Il n'est pas bien difficile d'imaginer votre situation. Ajoutons qu'elle est très classique.</p> <p>Votre mère a donc une démence qui s'aggrave doucement. Elle présente effectivement un délire, assez classique chez le dément (mais en fait assez caractéristique des personnes âgées) qui fait qu'elle ne sait plus faire la différence entre une image et la réalité. Ces délires obéissent sans doute à des mécanismes complexes dans lesquels je ne vais pas entrer ; mais juste pour vous donner une idée, pensez à ce que vous dites : Elle a oublié mon père et ne le reconnaît plus sur les photos de famille. Elle ne l'a pas oublié du tout.</p> <p>Quand vous me croisez dans la rue, vous me reconnaissez instantanément. Vous n'avez pas besoin pour cela de réfléchir en vous disant que j'ai une barbe, que j'ai des yeux bleus un peu enfoncés, des sourcils broussailleux, etc. Cela, vous ne le feriez que pour quelqu'un que vous connaissez mal. Pour les gens qui vous sont familiers, il existe un mécanisme automatique de reconnaissance des visages qui permet d'économiser la pensée ; et ce mécanisme est si puissant que vous me reconnaissez même quand vous me voyez de dos.</p> <p>Le dément perd ce mécanisme. Il ne sait plus reconnaître les visages. Mais cela ne signifie nullement qu'il oublie qui que ce soit, à telle enseigne que souvent il ne me reconnaît pas quand il me voit mais que quand je lui téléphone il identifie ma voix sans problème.</p> <p>Je vous dis ça, non pour étaler ma science, mais pour vous assurer que, quand je parle d'aggravation, j'ai quelques raisons ; mais que l'aggravation n'est pas forcément là où vous la voyez. Ce sont les mécanismes neurologiques qui tombent en panne, et rien n'y fera (raison pour laquelle il n'est pas utile de voir un neurologue, qui n'y pourra rien).</p> <p>Bon ; revenons à votre situation. Ce que vous racontez est parfaitement classique dans ce genre de situation. Et la conclusion malheureusement me semble s'imposer : la situation devient dangereuse. Je ne l'ai pas vue, mais je serais rassuré de savoir votre mère en institution.</p> <p>D'où quatre problèmes : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Vous n'avez pas le courage. Et je le comprends. Mais d'un autre côté je ne sais pas si vous avez le choix. Je comprends ce que vous dites quand vous écrivez : <i>j'attends une éventuelle hospitalisation pour passer à cette étape en douceur</i> ; mais cela ne se fera peut-être pas du tout en douceur, et cette option a un côté roulette russe :il s'agit de compter sur une situation suffisamment grave pour nécessiter une hospitalisation, et suffisamment peu grave pour ne pas avoir engendré de catastrophe. C'est beaucoup demander. Par ailleurs le risque est que les professionnels, comme c'est leur devoir (théorique) vous fassent remarquer qu'ils ont encore moins que vous le droit de l'envoyer en institution. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Votre mère va vous en vouloir. Sans doute. Ce n'est pas si sûr, car elle sait bien qu'elle est en difficulté. Le plus probable est donc que votre coup de force la soulagerait (surtout si, pour le même prix, elle peut vous le reprocher). <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Votre frère et votre sœur risquent de vous critiquer. C'est vrai, et vous devez certainement prendre des précautions ; à condition de ne pas perdre de vue qu'il y a de fortes chances pour qu'ils vous reprochent toute décision que vous prendrez, et notamment votre éventuelle absence de décision. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Vous n'avez pas le droit. Car quelles que soient les circonstances le sujet est libre de choisir son lieu de résidence. Que cette affirmation soit irréaliste, et passablement hypocrite, n'y change rien.</p> <p>N'empêche. Je dois vous recommander deux choses : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Il vous faut demander une mesure de protection judiciaire. C'est nécessaire pour la mettre en sécurité, et cela aura pour effet de <i>vous</i> protéger. Car la mise sous tutelle implique que vos décisions (ou celles du tuteur qui serait nommé, car j'en viens à me dire qu'il pourrait être bon que vous soyez soulagée de cette charge) sont validées par un juge, ce qui coupe court à toutes les discussions. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Il vous faut prendre du champ. Vous êtes allée au bout de ce que vous pouviez. Vous ne savez plus quoi faire, parce que vous n'avez plus de solution ; et vous n'avez plus de solution parce qu'il n'y en a probablement pas.</p> <p>Voulez-vous que nous réfléchissions à tout cela ?</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2019-04-28T16:31:44Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment16079 2019-04-28T16:31:44Z <p>Bonjour docteur,</p> <p>je reviens vers vous , mon dernier message datait de septembre 2018.<br class="autobr" /> je suis donc retournée chez ma mère et j ai repris ma prise en charge presque quotidienne.<br class="autobr" /> elle bénéficie à présent d une aide le midi et le soir pour les repas.<br class="autobr" /> helas depuis quelques semaines son état mental se dégrade à la vitesse grand V et je n arrive plus à faire face.<br class="autobr" /> elle a un syndrome de persécution important face à tous les aidants dont je fais partie.<br class="autobr" /> elle est dans un délire permanent et transpose tout ce qu elle voit à la télé comme si c était sa réalité. Elle est en panique souvent pensant que des personnes de la télé sont chez elle et lui veulent du mal.</p> <p>Ce matin en passant chez elle j ai découvert qu elle avait coupé aux ciseaux de cuisine le câble d alimentation de la télé ce qui a eu pour effet de faire disjoncter le salon et de bruler les lames du ciseau. Biensur elle dit que ce n est pas elle.<br class="autobr" /> elle refuse toute solution de placement pensant que je veux l enfermer mais depuis peu elle se balade la nuit sur la rue (des voisins l ont récupéré).<br class="autobr" /> j avoue être très peinée et très inquiète. Je ne suis pas dans sa tête mais je pense qu elle doit être malheureuse. Elle a oublié mon père et ne le reconnaît plus sur les photos de famille. C est fou après 59 ans de mariage.<br class="autobr" /> je ne me sens pas la force de la placer contre sa volonté et j attends une éventuelle hospitalisation pour passer à cette étape en douceur (le mot douceur est sans doute très mal approprié).<br class="autobr" /> je suis malheureuse moi aussi et j ai de moins en moins envie de lui rendre visite car je n ai plus de mots pour la soulager contre ses démons. Je continue néanmoins de gérer son intendance.<br class="autobr" /> que me conseillez vous a cette étape de la démence ?<br class="autobr" /> merci docteur de votre attention</p> La communication avec le dément 2018-09-05T11:25:19Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment15853 2018-09-05T11:25:19Z <p>Merci de votre réponse rapide et de votre écoute attentive.<br class="autobr" /> j aimerai vous dire que de vous lire m à soulagé mais je reste profondément affectée de cette situation car bien entendu j aime ma mère. Pour le moment je laisse passer un peu de temps. Ma mère attend avec impatience ma sœur aînée pour je pense avoir une écoute et un soutien à ses accusations . On verra donc là semaine prochaine ce qu il en ressort. <br class="autobr" /> J ai bien noté qu il serait bien qu elle voit un gérontologue mais le voudra t elle ? <br class="autobr" /> Merci encore du temps que vous prenez pour répondre à nous les aidants.<br class="autobr" /> je vous tiendrai au courant <br class="autobr" /> bien à vous <br class="autobr" /> Isabelle</p> La communication avec le dément 2018-09-04T20:15:04Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment15852 2018-09-04T20:15:04Z <p>Bonsoir, Isabelle.</p> <p>Malheureusement il n'y a guère de solution.</p> <p>Il y a deux grands mécanismes pour expliquer ce comportement. Le premier est le délire, c'est-à-dire une interprétation irréaliste des faits. Ces délires sont fréquents en cas de démence, car ils sont favorisés par la perte intellectuelle : si je n'ai plus les moyens d'analyser correctement le réel il va de soi que cela ouvre la porte à des analyses erronées. Le traitement serait neuroleptique, mais on sait que les neuroleptiques sont d'utilisation délicate chez le dément. Mais le deuxième mécanisme est encore plus fréquent chez le dément, et il est lié à la perte de mémoire et à la nécessité dans laquelle se trouve le malade de se rassurer sur son propre trouble.</p> <p>Voici comment les choses se passent.</p> <p>Je vois le portefeuille qui contient mes papiers. Je sais que c'est important, que je ne dois pas les perdre, et que je ne dois pas me les faire voler. Je vais donc les mettre dans un endroit où je suis sûr qu'on ne les trouvera pas. Par exemple je vais les cacher sous mon matelas.</p> <p>Vient le jour où j'ai besoin de mes papiers. Bien entendu je ne me souviens plus où je les ai mis ; par contre je n'ai pas oublié que je risquais de me les faire voler. C'est bien la preuve que j'avais raison de me méfier, n'est-ce pas ? Et cela montre bien que je ne suis pas fou.</p> <p>Donc on m'a volé mes papiers. Mais qui est le coupable ? Qui cela peut-il être, sinon ma fille qui est fourrée chez moi tous les jours, on ne sait pourquoi ?</p> <p>Alors vous allez chercher ces papiers. Avec beaucoup de chance vous soulèverez le matelas. Tout est bien qui finit bien. Sauf que quand vous me racontez que vous les avez trouvés sous le matelas, vous apportez du même coup la preuve que c'est vous qui les avez volés : à qui voulez-vous faire croire que j'aurais eu l'idée saugrenue de les cacher sous mon matelas ?</p> <p>Naturellement, si vous êtes la coupable de ce vol, c'est aussi parce que cela me permet de régler mes comptes : je ne supporte pas de vous voir en bonne santé alors que, je le sais bien, je perds un peu la tête ; je ne supporte pas de vous voir témoin de mon affaiblissement ; d'ailleurs je ne supporte pas d'avoir besoin de vous.</p> <p>Autant dire que vous êtes sans défense. Mieux, si j'ose dire : ce conflit entre vous et moi est un écran protecteur, qui me permet de ne pas trop voir la réalité. Il y aurait danger à le supprimer.</p> <p>La seule issue est donc de subir. Et il faut faire attention aux limites. Il y en a une que vous connaissez, c'est celle de votre résistance. Vous ne devez à aucun prix vous mettre en danger, et je n'ai pour vous secourir que cette piètre description des mécanismes en cause, juste pour vous montrer que l'amour que votre mère vous porte n'est absolument pas en question. Et pour vous mettre en garde : vous n'aurez pas de retour de ce que vous faites pour votre mère. Ou alors beaucoup plus tard. Par contre vous n'êtes nullement obligée de tout subir, et vous avez parfaitement le droit, même face à une démente, de rappeler que vous n'êtes pas venue pour vous faire insulter.</p> <p>Mais il vous faut garder un œil sur votre frère et votre sœur. Ils sont loin, et les choses se passent comme d'habitude : ils sous-estiment la gravité de la situation. Mais en même temps ils souffrent, et notamment ils souffrent de leur incapacité à agir. Du coup la solution la plus déculpabilisante est de se dire que de toute manière ça ne va pas si mal que ça. Si donc il y a un moyen de penser que, peut-être, vous tapez effectivement dans la caisse, cela montre que votre mère garde encore un coup d'œil exercé, donc qu'elle n'est pas si démente que ça, donc qu'il n'est pas nécessaire qu'ils cherchent un moyen de s'impliquer dans la prise en charge. Pour peu qu'il y ait quelques vieux comptes à régler avec vous (il y en a toujours), l'affaire est dans le sac.</p> <p>Ne culpabilisez pas sur votre accès de brutalité. Oui, c'est dommage ; oui, ce n'est pas bien. Mais cela vous montre que les discours péremptoires sur la maltraitance sont des dérisions : ceux qui les tiennent ne se sont jamais occupés d'un dément. Il vous faut seulement recevoir le message : vous touchez vos limites, et vous ne devez pas présumer de vos forces.</p> <p>Un gériatre vous aiderait mieux qu'un neurologue.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2018-09-04T14:34:42Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment15851 2018-09-04T14:34:42Z <p>Bonjour docteur,<br class="autobr" /> ma mère âgée de 86 ans et atteinte de démence vasculaire suite à 2 avc. Depuis le début de l été son comportement à mon égard a changé. Je m occupe d elle quotidiennement, elle réside à 500m de chez moi. Je m occupe de toute son intendance avec l aide de passage infirmier matin et soir et une aide au repas le midi. Cela fait à présent 4 ans que je m occupe d elle. Mon père est décédé en 2011 ou je l ai accompagné également mais il n était pas dément. Donc depuis cet été ma mère pense que je la vole. Je suis partie en vacances en août et à mon retour elle affirme que j ai vidé ses comptes, que je cache les courriers de la banque, elle aurait même trouvé un courrier sous son matelas ! Elle dit que moi ou mon mari on passe la nuit lui dérober son sac ou sa carte bancaire etc.... je n en peux plus et je tombe dans une dépression car je suis tellement blessée et attristée moi qui ai tout fait pour elle. Les aidants ont biensur constaté ses délires et mon frère et ma sœur qui n habitent pas la région m écoutent mais je les sens perplexes et même interrogateurs.... ce qui me plonge encore plus vers le bas. Depuis 1 semaine je n y suis pas retournée car la dernière fois excédée j ai haussé le ton et je l ai poussé dans son canapé car elle me tenait tête. Biensur elle raconte que je lui ai mis des coups de poing au visage et au ventre ... l Infirmiere biensur n a rien constaté . Je me culpabilise de ne plus y aller et en même temps je sais que je dois me protéger.<br class="autobr" /> comment lui refaire entendre raison sur ma bonne foi ? Ma sœur aînée vient la voir dans 8 jours pour calmer le jeu comme elle dit mais j ai l impression fort désagréable que rien ne sera plus comme avant. Elle refuse de voir un neurologue conseillé par son généraliste invoquant qu'elle n est pas folle.</p> <p>pour info sa mère était atteinte d alzheimer</p> <p>merci de m avoir lu je sais que votre temps est précieux <br class="autobr" /> isabelle</p> La communication avec le dément 2018-07-27T05:29:08Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment15801 2018-07-27T05:29:08Z <p>Bonjour, Zsofi.</p> <p>Je ne pourrais répondre à votre question que si j'avais vu de mes yeux la situation dont vous parlez : il y a trop de pièges, d'erreurs possibles.</p> <p>Mais si je vous lis, j'ai l'impression que vous êtes en présence d'une dame qui ne parvient pas à se souvenir de ce que vous lui dites. Il y a alors trois choses à dire : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> La première est que l'hypothèse à envisager ces que cette dame est atteinte d'une démence, probablement de type Alzheimer (et peut-être même avancée ; dans ces conditions il faut garder un œil dessus, car elle pourrait se trouver assez vite en difficulté dans sa vie quotidienne). <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> La seconde est que, même si je comprends sans peine l'effroi et la tristesse que cela induit chez vous, les choses sont moins graves que vous ne pensez. Songez en effet que pour souffrir j'ai besoin de ma mémoire : ce qui me fait souffrir n'est pas l'événement douloureux mais le souvenir que j'en ai. Or cette dame n'a plus de souvenirs ; quand vous lui annoncez que son amie est partie, c'est pour elle toujours la première fois. Il vous faut faire la différence entre ce que cela <i>vous</i> fait (et vous souffrez de la répétition de cette annonce) et ce que cela <i>lui</i> fait (il n'y a pas pour elle de répétition). <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> La troisième est que vous pourriez éventuellement trouver quelques ressources dans les techniques de validation, voyez <a href="http://www.michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article19" class="spip_out" rel='nofollow external'>http://www.michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article19</a></p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2018-07-25T17:16:30Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment15799 2018-07-25T17:16:30Z <p>Bonjour,<br class="autobr" /> je tombe par hasard sur cette discussion qui date maintenant un peu mais ce que vous dites m'aide beaucoup. Je cherche en effet comment répondre à ma voisine qui a perdu toute notion de temps et probablement bien plus encore. Il y a néanmoins une situation particulière dans laquelle j'ai beaucoup de mal à savoir comment réagir, et je n'ai pas trouvé de réponse non plus dans ce que vous dites. Elle était très amie avec mon autre voisine, une personne âgée également, elle allait la voir plusieurs fois pas jour. Mais cette voisine a dû partir en maison de retraite il y a deux semaines. Ma voisine (celle qui est restée) continue à essayer d'aller la voir dans sa maison tous les jours, plusieurs fois, et elle ne comprend pas pourquoi la porte est fermée, les volets baissés. Quand on lui dit que son amie est partie en maison de retraite, elle est stupéfaite, atterrée, brisée... Chaque fois, comme si c'était la première fois qu'elle entendait l'information. Je ne sais pas quoi lui dire à part la vérité (il n'y a aucune autre explication que je pourrais lui donner à la porte fermée), mais ça me chagrine à devoir lui briser le cœur chaque fois. C'est inhumain. Auriez-vous un conseil à me donner ? Merci beaucoup !</p> La communication avec le dément 2018-01-29T20:29:06Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment15516 2018-01-29T20:29:06Z <p>Bonsoir, Dominique.</p> <p>Votre situation est malheureusement assez classique. Non seulement il arrive que les déments délirent, mais ces accusations de vol sont chez eux un mécanisme de défense classique : ils cachent leurs affaires de peur de se les faire voler, ils oublient où ils les ont mises, ce qui prouve bien qu'ils avaient raison de se méfier. Il est tout de même plus économique de vous accuser de vol que de reconnaître qu'elle ne sait plus ce qu'elle fait.</p> <p>En d'autres termes vous n'avez pas de solution, notamment parce que ce délire la protège, et qu'il serait imprudent, à supposer qu'on le puisse, de le détruire.</p> <p>Il vous reste à survivre, ce que vous pouvez essayer de faire en ne relevant pas les accusations. Vous avez aussi le droit de vous protéger en limitant vos visites. Et vous avez tout à fait le droit de hausser un peu le ton en faisant observer à votre mère que vous ne venez pas la voir pour vous faire agresser : il arrive souvent que les déments soient sensibles à ce type d'argument qui leur laisse entendre qu'elles pourraient avoir quelque chose à perdre.</p> <p>Mais dans la pratique c'est très difficile.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2018-01-26T09:58:55Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment15511 2018-01-26T09:58:55Z <p>Bonjour,<br class="autobr" /> Je vis avec ma mère qui a été diagnostiquée démente.<br class="autobr" /> Depuis des mois elle m'accuse systématiquement de la voler dés qu'elle perd quelque chose. Je ne sais pas comment réagir. Elle m'associe à une certaine Sarah infirmière et malfaisante et plus récemment à une enfant de 12 ans qui me suivrais avec de mauvaises intentions à son égard. <br class="autobr" /> Hospitalisée pour une fêlure du col du fémur, la question de la personne de confiance s'est posée. Sa première réponse à été "Ah ça c'est rare" et puis après un petit moment elle a donné le nom de notre voisine. Une femme qu'elle connaît depuis 40 ans et en qui elle a toute confiance. Puis elle s'est ravisée en disant que cette voisine ne pouvait pas assurer le quotidien. Je lui ai alors suggéré mon nom et elle a signé le document.</p> <p>Elle confond mon père avec son père , elle me dit que mon père n'est pas mon père et qu'il aurait choisi un homme , grand et beau, pour me concevoir avec elle.</p> <p>Elle cache les objets , ne retrouve systématiquement pas l'argent qu'elle a voulu aller chercher à la banque , prend le jour pour la nuit .<br class="autobr" /> C'est elle qui m'a dit un jour qu'elle aimait les cartes , quand je joue avec elle elle semble contente , elle y joue avec l'aide à domicile que je prends et cela la fait rire. <br class="autobr" /> Elle a de bons contacts avec cette aide à domicile et la voisine , celle-ci l'apaise beaucoup. <br class="autobr" /> Elle aime son chat et son jardin. Quand elle veut des bulbes de tulipes et que je lui propose de l'emmener elle dit : "pas avec toi"</p> <p>Ma question est : quelle attitude dois-je adopter pour apaiser ma mère lorsqu'elle m'accuse d'être une voleuse , chose récurrente ? Quelle est la réponse la plus adaptée ?</p> La communication avec le dément 2017-11-27T18:23:32Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment15440 2017-11-27T18:23:32Z <p>Bonjour, Marika.</p> <p>Je ne sais pas ce que je peux vous dire. Je ne le sais pas notamment parce que je n'ai pas vu votre mère.</p> <p>Mais supposons que l'idée que je m'en fais en vous lisant soit la bonne. Nous avons affaire à une dame très âgée, qui présente une démence dont le diagnostic précis importe peu. Cette démence est avancée, et votre mère, dos au mur, fait des efforts désespérés pour masquer son trouble, voyez sur ce point <a href="http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article10" class="spip_url auto" rel="nofollow">http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article10</a> . La colère est son ultime ressource, celle qui lui permet de dire que si les choses vont mal c'est votre faute, et qu'elle est encore bien capable de voir ce qui se passe et de se fâcher. Je passe sur le fait que ce n'était probablement pas un caractère commode, et que si la démence ne rend pas méchant elle ne rend pas gentil. C'est important, parce que si elle abandonnait cette position on ne sait pas avec quoi elle se défendrait contre l'effondrement qui la menace.</p> <p>Je crois donc qu'il ne faut pas lutter contre cette situation. Mais il y a deux bémols : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Le premier, c'est que tout cela est bien beau mais qu'il faut le supporter. Et il n'est pas du tout certain que vous puissiez tenir la distance. En toute hypothèse il faut vous protéger : vous devez assurer l'intendance ; le meilleur service que vous puissiez lui rendre est d'assumer votre rôle de mouton noir ; mais comme c'est très dur à vivre vous devez espacer vos visites. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Le second, c'est que vous êtes probablement à bout de quelque chose : elle est totalement désorientée, elle perd toutes ses affaires, elle ne sait plus agir de manière efficace sur son environnement, il y a des problèmes d'hygiène, de prise en charge médicale…</p> <p>Cela commence à faire beaucoup, et il se pourrait que le moment de l'entrée en institution soit venu.</p> <p>J'entends d'ici votre objection : elle va vous haïr encore plus. Assurément c'est ce qu'elle dira. Mais outre que vous n'êtes plus à ça près, outre que le problème se pose aussi en termes de bonne grosse sécurité, il y a de fortes chances que les choses se passent comme d'habitude : une fois prise en charge pour le quotidien, une fois qu'elle aura pu abandonner cette lutte désespérée pour le quotidien qu'elle mène actuellement, elle va se détendre et se trouver immensément soulagée. Alors si en plus elle peut se dire que c'est votre faute…</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2017-11-27T14:56:56Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment15439 2017-11-27T14:56:56Z <p>bonjour<br class="autobr" /> tout d'abord merci pour votre article<br class="autobr" /> j'ai cherché longtemps une sorte de "mode d'emploi de la communication", à appliquer à ma mère, âgée de 92 ans, et atteinte de "démence"<br class="autobr" /> elle est sous tutelle depuis un an( demande faite à mon initiative ), vit seule à son domicile, grande maison isolée et très vétuste<br class="autobr" /> elle bénéficie de quelques heures d'auxiliaires de vie, d'un "suivi" de la part d'une infirmière spécialisée ( une visite mensuelle), <br class="autobr" /> du suivi d'un travailleur social spécialisé du dispositif MAIA<br class="autobr" /> son état s'est aggravé semble t il au décès de son conjoint, fin 2012<br class="autobr" /> fille unique, je réside à 100 kilomètres<br class="autobr" /> Elle est "fâchée" avec la totalité de sa famille <br class="autobr" /> j'ai assuré pendant des plusieurs années des visites hebdomadaires, l'accompagnement, les sorties, restaurants, loisirs, achats....<br class="autobr" /> je recherchais et retrouvais les objets cachés dans différents endroits, notamment les sacs à main...qu'elle reperdait aussitôt <br class="autobr" /> ma mère a compris il y a quelques mois que j'étais à l'origine de la mesure de tutelle, quelle vit très mal, mais qui est absolument nécessaire face à son fort délire de persécution (désorientation, perte continuelle des objets, canne, argent, papiers...)et son incapacité à effectuer des démarches, achats de nécessité ou les préparations de repas <br class="autobr" /> elle jette fréquemment des objets ou de l'alimentaire a la poubelle, déplace continuellement ses meubles, sa vaisselle, cache ses vêtements ... ;<br class="autobr" /> elle est passée de très opposante à mon égard à "tu me voles, tu veux ma mort, ma maison..."<br class="autobr" /> a eut de violentes périodes de "demandes incohérentes " à mon égard, avec des dizaines d'appels téléphoniques jours et nuits : insultes, reproches, cris...<br class="autobr" /> les appels ont cessés lorsque...le téléphone s'est cassé <br class="autobr" /> très éprouvée par cette séquence qui a duré plusieurs mois, et à sa demande,j'ai cessé mes visites <br class="autobr" /> elle ne souhaite plus me voir<br class="autobr" /> récemment, elle s'est cassé le poignet, a séjourné une semaine a l'hôpital, qui l'a renvoyé chez elle , avec un peu plus d'heures d'auxiliaire de vie<br class="autobr" /> je suis allée dans la maison afin de lui amener un minimum d'affaires de toilettes<br class="autobr" /> je n'ai absolument rien trouvé dans la maison, qui se trouve dans un état de saleté indescriptible<br class="autobr" /> j'ai racheté le minimum<br class="autobr" /> ma mère m'a reçue fraichement" tu dois être contente, je suis enfin a l'hôpital, tu vas bientôt être débarrassée, tu es allée faire le ménage et tu as fait l'inventaire " <br class="autobr" /> à son retour, j'ai téléphoné, elle m'a insultée, recommençant a m'accuser "avoir fait quelque chose pour ne pas qu'elle rentre chez elle"<br class="autobr" /> alors qu'elle est à son domicile<br class="autobr" /> de temps en temps, elle dit perdre la tête et vouloir se jeter dans la Seine<br class="autobr" /> puis avoir toutes ses facultés et être victime d'un complot dont je fais partie<br class="autobr" /> Je ne suis pas -trop- culpabilisée de ne plus aller la voir car je ne suis plus capable "d'encaisser" la violence dont elle fait preuve verbalement<br class="autobr" /> j'en viens a mes 2 questions <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> dois je reprendre mes visites ? comment sortir de cette violence ? <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> vis à vis des intervenants, si je cesse de les appeler,cela dysfonctionne : <br class="autobr" /> plusieurs voisins de ma mère me téléphonent pour me signaler que les fenêtres de la maison sont ouvertes jours et nuits, ou la porte d'entrée, que ma mère est enfermée dehors , ou dedans, <br class="autobr" /> qu'elle dit mourir de faim ( et le frigo est effectivement vide) <br class="autobr" /> elle a besoin de voir un pédicure, un ophtalmo,( ses lunettes ne sont plus adaptées, elle a un début de cataracte ), un dentiste : elle a plusieurs dents cassées... elle n'a plus de chaussures en bon état<br class="autobr" /> dois je continuer a assurer un "suivi" a distance ? <br class="autobr" /> la seule demande de ma mère est de ne plus avoir d'intervenants pour vivre "comme avant", en totale liberté <br class="autobr" /> Marika</p> La communication avec le dément 2017-11-14T10:09:04Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment15415 2017-11-14T10:09:04Z <p>L'avantage c'est que, comme vous dites, on apprend. Les déments ont été mes maîtres.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2017-11-13T21:28:35Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment15413 2017-11-13T21:28:35Z <p>Merci.</p> <p>A mon tour, j'aime beaucoup imaginer cette séquence que vous décrivez. Partager un moment typiquement humain en fait, même si certaines compétences nous manquent. Ce que l'on fait avec les bébés au final, qui aiment aussi les conversations.</p> <p>Ma grand-mère m'a beaucoup appris là-dessus.<br class="autobr" /> Et puis, comme elle avait gardé de l'humour on pouvait parfois rire aussi. Pas se moquer, mais rire.<br class="autobr" /> Elle avait des problèmes de perception, un jour elle a pris mon fils benjamin pour un singe et elle a dit "faut pas laisser la bête ici !" on a beaucoup ri avec elle !</p> <p>J'aimerais tant m'occuper encore d'elle !<br class="autobr" /> Merci pour votre site qui m'a permis de mieux comprendre ce qui avait pu se passer et ce qui était en train de se passer juste avant qu'elle ne meure. <br class="autobr" /> On est si peu habitués, si peu informés sur ces étapes de la vie.</p> <p>Aurélia</p> La communication avec le dément 2017-11-12T21:55:23Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment15412 2017-11-12T21:55:23Z <p>Bonsoir, Aurélia.</p> <p>Je vous admire : ce que vous dites est parfait.</p> <p>En effet, il faut partir du principe que ce que le dément nous dit a toujours un sens, mais que nous ne savons pas à quoi cela renvoie, sauf dans certains cas heureux. il faut donc : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Ne pas négliger ce qui est dit. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Ne pas mettre le malade en difficulté. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Laisser la situation ouverte en ne répondant pas directement. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Au contraire botter en touche chaque fois qu'on le peut.</p> <p>Cela va même plus loin. Je me souviens de ce patient qui n'avait plus aucun mot disponible. Un jour il m'aborde, me tend la main et se met à me parler. J'ai joué le jeu, lui répondant avec les mots les plus neutres possibles, comme si je comprenais de quoi il me parlait. Nous avons donc échangé des sons, jusqu'à ce que l'idée se fasse dans mon cerveau que nous devions prendre un café ensemble.</p> <p>En fait je crois que ce dont il avait envie, c'était d'une séquence <i>normale</i> : quand on croise quelqu'un on lui serre la main et on lie conversation. Et le contenu de la conversation n'a de ce point de vue aucune importance : ce qui compte n'est pas de transmettre de l'information mais de faire ensemble du bruit avec sa bouche. C'est ce que nous avons fait.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2017-11-12T21:01:27Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment15411 2017-11-12T21:01:27Z <p>Bonjour,<br class="autobr" /> je me permets de vous répondre simplement car je vivais quelque chose de très similaire avec ma grand-mère.<br class="autobr" /> Je n'en fais bien sûr pas une généralité, mais je peux vous donner les exemples de ce que je lui répondais, car cela semblait l'apaiser, en général nous avions de bonnes conversations.<br class="autobr" /> Par exemple, quand elle se trompait sur son lieu de vie, je lui disais "oui, tu as parfaitement raison, tu habitais là quand tu étais petite, maintenant tu es juste un peu plus loin à XX" <br class="autobr" /> Si elle me faisais part d'une préoccupation du type "salle de bains sale" je lui répondais quelque chose du style "oui ce n'est pas agréable de voir une salle de bains qui n'est pas propre, heureusement que la dame de ce matin l'a bien nettoyée".<br class="autobr" /> J'essayais en fait de ne pas répondre directement à ses phrases, mais plus à la préoccupation que celles-ci exprimaient. Car bien souvent j'avais l'impression que quand elle déraillait, c'était quand même lié à une émotion particulière, même légère, même juste l'inquiétude toujours présente liée au fait qu'elle sentait qu'elle perdait pied. Donc j'essayais de raccrocher ce qu'elle me disait à un savoir qu'elle avait encore (elle ne sait plus où elle habite mais elle connait le nom de sa ville d'enfance, c'est déjà ça), et d'orienter sur le fait qu'il n'y avait pas d'inquiétude à avoir ou de lui rappeler ce qu'il en était vraiment.<br class="autobr" /> Et puis, il faut faire attention, car il y avait les choses qu'elle disait où elle était perdue ou qui ne semblaient avoir que peu de sens (pas tant que ça en fait), mais il y avait aussi des choses que moi je ne comprenais pas parce qu'elle n'était pas capable de faire suffisamment de liens pour que je comprenne, mais qui n'étaient pas du tout des absurdités, ou qui ne le devenaient que parce qu'elle s'était trompée sur le nom d'une personne. Au final, ce qu'elle disait avait du sens si on se donnait la peine de chercher.<br class="autobr" /> C'est ça qui est dur je trouve, d'ailleurs en EHPAD. C'est que les professionnels ne connaissent pas suffisamment la personne pour faire les liens, et du coup c'est comme si ce qu'elle disait n'avait pas de sens.<br class="autobr" /> Bon j'ai un peu trop bavardé, je voulais juste vous donner ces quelques exemples.<br class="autobr" /> Cordialement,<br class="autobr" /> Aurélia</p> La communication avec le dément 2017-11-08T21:29:57Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment15404 2017-11-08T21:29:57Z <p>Vous posez une question qui met tout le monde en difficulté. Et en ce qui me concerne je n'ai jamais trouvé de solution satisfaisante.</p> <p>Il faut déjà poser le problème de principe, le problème, disons éthique : ce n'est pas parce que la personne est démente qu'il faut se croire autorisé à lui cacher la réalité. Je trouve qu'on va un peu vite quand on dit : « dans l'état où il est ça n'a plus d'importance ». Si, cela en a une, et on le voit tout particulièrement quand on a affaire aux choses essentielles de la vie et de la mort, où il est facile de constater que le dément n'est plus du tout dément. Mais d'un autre côté s'il est éthiquement inacceptable de sous-estimer la gravité d'un mensonge à un dément, il n'est pas davantage éthiquement acceptable de donner au dément des informations dont on sait très bien qu'il n'a pas les moyens de les traiter. En d'autres termes quand on parle à un dément on doit respecter la vérité au plus près, sauf quand il est évident que le malade n'est pas en état de l'entendre.</p> <p>Plus généralement nous avons à nous demander quelle relation nous voulons avec le malade. Il n'est ni efficace ni réaliste de lutter pour le ramener le plus possible à l'état dans lequel il était avant d'être malade ; et cela peut induire des souffrances importantes. C'est pourquoi on suggère de le prendre comme il est ici et maintenant, en considérant qu'il ne faut pas chercher à retrouver la personne qu'elle avait été dans le passé. Le problème est que, disant cela, on fait l'impasse sur le fait que si nous allons voir notre parent, c'est tout de même bien en raison du passé.</p> <p>La question est donc de savoir quelle sera la stratégie la plus aidante pour votre mère. Et pour cela il y a quelques questions à se poser : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Y a-t-il un moyen simple de corriger ses erreurs ? <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Que pouvons-nous attendre de cette correction ? <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Mais si nous ne corrigeons pas, cela ne risque-t-il pas d'aggraver la désorientation ? <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Mais au fait, qui est gêné par cette désorientation ? <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Et si cette désorientation disait quelque chose qu'il faudrait entendre ?</p> <p>Ce qui par contre est à peu près certain c'est que ces recadrages n'ont aucun effet rééducatif.</p> <p>Personnellement j'interviens le moins possible. Je ne cherche pas à ramener le malade à la réalité, sauf quand la situation l'exige absolument (c'est le cas par exemple quand la situation risque d'être inintelligible pour le patient lui-même), et je me borne à être le plus neutre possible, c'est-à-dire à éviter tout propos qui pourrait m'amener à devoir prendre position sur l'exactitude des propos tenus par le malade. Mais c'est toujours affaire de cas particuliers.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2017-11-06T12:10:05Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment15400 2017-11-06T12:10:05Z <p>Ma maman depuis un mois est devenue sénile et après une hospitalisation, elle a été placée dans une maison médicalisée.</p> <p>Elle peut avoir un discours qui semble cohérent (car fluide), mais en fait elle mélange les lieux, les souvenirs, les gens...</p> <p>Je ne sais pas si je dois aller dans son sens ou vouloir à tout prix rétablir la vérité.</p> <p>Dois-je la corriger quand elle dit qu'elle vit dans une ville (celle où elle est née) alors qu'elle est placée dans une maison médicalisée, dans la ville où elle résidait juste avant ? <br class="autobr" /> Ou qu'elle doit faire plusieurs lessives car la salle de bain est salle et que ça la rend malade ?</p> <p>Merci pour votre aide. Je découvre cette nouvelle vie depuis peu et c'est vraiment très difficileKKK</p> Communication entre déments 2017-07-01T04:52:06Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment15279 2017-07-01T04:52:06Z <p>Bonjour Cavey,</p> <p>" ... Je crois que les professionnels en charge de ces patientes sont très bien placées pour vous répondre sur ce point..."</p> <p>Tout à fait, j'ai rappelé l'unité</p> <p>il s'agit plus "simplement" d'une histoire de bijoux, d'apparence . Ma mère se rend effectivement à l'accueil de jour avec une bague, un collier, une montre, il est vrai de taille XL en raison d'une DMLA . Nous allons effectivement à partir de cette semaine modifier le jour de sa venue .</p> <p>Sophie</p> Communication entre déments 2017-06-30T07:24:03Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment15278 2017-06-30T07:24:03Z <p>Bonjour, Sophie.</p> <p> !!! Pourquoi ne le feraient-elles pas ?</p> <p>Je crois que les professionnels en charge de ces patientes sont très bien placées pour vous répondre sur ce point...</p> <p>bien à vous,</p> <p>M.C.</p> Communication entre déments 2017-06-30T06:01:45Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment15277 2017-06-30T06:01:45Z <p>Bonjour DR Cavey,</p> <p>L 'accueil de jour me demande de changer le jour de la venue de ma mère car elle ne s'entendrait pas avec une autre malade.</p> <p>Peux- t 'on envisager l'hypothèse suivante :</p> <p>Deux personnes démentes peuvent - elles se disputer le " leadership" d'un groupe ?</p> <p>Sophie</p> La communication avec le dément 2017-02-20T06:45:59Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14986 2017-02-20T06:45:59Z <p>Bonjour, et merci de ce message.</p> <p>Mais... je n'ai rien compris. Quelle est votre préoccupation ?</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2017-02-19T22:56:16Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14984 2017-02-19T22:56:16Z <p>Quelle analyse faire entre infirmière et la personne atteinte de démence au problème de la communication</p> La communication avec le dément 2017-01-19T20:35:43Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14896 2017-01-19T20:35:43Z <p>Bonsoir, Pieric.</p> <p>Je comprends mieux. Mais cela ne donne pas l'information qui manque : au cours de cette hospitalisation les psychiatres l'ont examinée, et ils ont dû se faire leur idée. Si c'était simplement pour dire qu'elle était agressive et difficilement gérable, on n'avait guère besoin d'eux. Il serait précieux de savoir s'ils ont fait un diagnostic, et s'ils ont proposé celui de délire du sujet âgé. C'est cela qu'il faudrait savoir.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2017-01-18T19:42:28Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14892 2017-01-18T19:42:28Z <p>Bonjour,</p> <p>merci pour votre réponse.<br class="autobr" /> Pour être plus précis, le jour du départ à l'hôpital, lorsque mon père est venue voir ma mère chez elle, cette dernière au départ n'ouvrait pas la porte de son appartement. Puis n'est venu ouvrir qu'après 20 min d'attente. <br class="autobr" /> Il est possible qu'elle ait été sous AVC pendant ce laps de temps car lorsqu'elle a ouvert elle était incapable de dire une phrase qui avait du sens. Elle parlait en alignant des mots qui n'avait aucun sens entre eux ou qui n'existaient pas. Mon père a alors du appeler les urgences afin qu'ils l'emmènent à l'hôpital. Elle a du reprendre ses esprits pendant le temps où les urgences sont arrivées et elle ne voulait caremement aller à l'hôpital prétextant qu'elle n'avait rien à faire la bas. Elle était agressive envers le médecin urgentistes qui n'a eu que la solution d'appeler la police afin de l'amener de force à l'hôpital qui elle ne pouvait pas rester dans cet était dans son appartement. C'est la raison pour laquelle elle a été emmené en psychiatrie. <br class="autobr" /> Le service de psychiatrie a noté dans son dossier : haut risque d'atteinte à autre personne , impulsivité , impétuosité, agressivité , trouble de la reception sensorielle, ne coopère pas, risque de se blesser soit meme ne se griffant.<br class="autobr" /> voila donc pourquoi elle a été au service de psychiatrie.</p> La communication avec le dément 2017-01-15T16:23:50Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14880 2017-01-15T16:23:50Z <p>Bonjour, Pieric.</p> <p>Votre situation est difficile, notamment parce que vous n'êtes pas sur place. D'autre part vous avez sagement choisi de ne pas prendre position relativement aux accusations de votre mère, mais cela s'est retourné contre vous et vous vous êtes trouvé disqualifié. Il ne faut pas le regretter, car vous avez fait la seule chose à faire ; mais du coup vous êtes en difficulté.</p> <p>Ces délires de vol sont assez fréquents en cas de démence ; mais il existe aussi des délires non démentiels du sujet âgé. À ce sujet je remarque que les troubles remontent à plus de cinq ans, ce qui témoigne d'une évolution assez lente. Je remarque aussi qu'elle a été hospitalisée en psychiatrie, et que ce n'est certainement pas à cause d'un accident vasculaire cérébral. Il serait très important de savoir ce que les psychiatres ont dit à cette occasion.</p> <p>Donc je crois que vous ne pouvez tout simplement rien faire, si ce n'est soutenir votre père. Il ne faut jamais perdre de vue qu'il y a des problèmes sans solution.</p> <p>Par contre votre père, lui, n'est pas totalement démuni. Car il rend à votre mère beaucoup de services, et il peut très bien menacer de se retirer. Si votre mère est atteinte de démence cela ne va certainement pas modifier son délire ; par contre si elle souffre d'un trouble psychiatrique pur elle peut avoir une petite marge, non certes pour s'en débarrasser mais au moins pour le réaménager, et mettre le trouble en sommeil. Cela pourrait permettre de créer une situation un peu moins invivable pour votre père. Quoi qu'il en soit rien ne justifierait qu'il se sacrifie dans cette histoire. Mais il faut tenir compte du fait que, bien souvent, ces relations qui paraissent infernales obéissent à d'étranges règles, et que, peut-être, votre père trouve mystérieusement son compte dans cette histoire.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2017-01-12T13:17:20Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14874 2017-01-12T13:17:20Z <p>Bonjour,</p> <p>Ma mère de âgée aujourd'hui de 80 ans a eu un AVC en 2007. C'est une personne qui au niveau cardiaque à une tention haute et prend des médicaments pour éviter la coagulation du sang. <br class="autobr" /> Mon père âgé de 78 ans prend soin d'elle mais depuis une dizaine d'années, ils vivent chacun dans leur appartement dans la même rue , l'un en face de l'autre ( mais ils ne sont pas divorcé).<br class="autobr" /> Depuis 2010 ma mère accuse systématiquement mon mère de lui voler des affaires. Au départ ce fut un de ses téléphones portable, ensuite il s'agissait d'une bague et plus récemment il s'agit d'argent ( somme de quelques milliers d'euros qu'elle avait bien chez elle mais qu'elle a placé en banque , mon père a retrouvé les preuves pendant son hospitalisation récente suite à un second AVC en novembre dernier).<br class="autobr" /> Pas un jour ne passe sans qu'elle réclame la somme volée injustifiée à mon père.<br class="autobr" /> Suite au second AVC elle a été hospitalisée pendant un mois en psihiatrie. Pendant 2 semaines les infirmières l'ont choutté de médicaments pour réduire son agressivité afin de pouvoir faire les tests scanner de la tête et autre analyses. Sur les 15 derniers jours elle a retrouvé son énergie initiale. Depuis elle est rentré chez elle.</p> <p>En tant que fils, le soucis réside dans le fait que je n'ai pas pris parti dans son accusation de vol. Je suis resté entre mon père et ma mère tout en sachant que le vol est totalement infondé. De ce fait elle considère que je me suis rangé du côté de mon père et ne souhaite plus m'entendre, me parler ni me voir , elle me raccroche au nez ( ils vivent à l'etranger ).</p> <p>Mon père a une relation très difficile avec elle car il lui apporte tout son attention, lui fait ses courses, l'aide et reçoit ses accusations perpétuelles et son agressivité. Elle a d'ailleurs même été voir un avocat afin de porter le dossier de vol d'argent en justice. Mon père a été entendu par la police. Il leur a donné les analyses médicales suite à l'hospitalisation et les preuves bancaires. Les choses sont plus que claires meme pour la police.</p> <p>Quel comportement doit on avoir lui comme moi vis à vis de ma mère ?</p> <p>merci d'avance pour vos conseils.</p> La communication avec le dément 2016-11-23T21:46:34Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14727 2016-11-23T21:46:34Z <p>Bonsoir, Michèle.</p> <p>Je comprends votre détresse. Mais je ne suis pas certain qu'on puisse l'apaiser.</p> <p>Bien sûr il faudrait que votre mère soit examinée, notamment par une psychologue, car il peut y avoir des solutions que je ne peux pas percevoir dans la situation où je suis.</p> <p>Mais le plus souvent le comportement de ces malades est réactionnel : ils sentent qu'ils perdent pied et ils mobilisent tout ce qui leur reste des ressources pour montrer qu'ils sont encore capables de maîtriser quelque chose. Et ils préfèrent de beaucoup passer pour des personnages de mauvais caractère que de laisser montrer qu'ils sont perdus. Vous avez raison de parler de « fantasmes de puissance », mais il faut comprendre que c'est leur dernier recours.</p> <p>C'est ce qui explique la façon dont elle vous traite. Elle est hors d'état d'avoir avec vous une relation normale parce que si elle vous concédait ne serait-ce qu'une once de tendresse elle devrait quitter la sorte de forteresse dans laquelle elle s'est retranchée : aimer c'est être en position de faiblesse.</p> <p>Il n'est pas du tout évident que vous puissiez trouver une relation qui lui soit plus confortable. Ce système défensif est relativement efficace, et à ne considérer que son bien-être il est tout aussi simple de l'y laisser : au moins serez-vous seule dans cet enfer. Oui, ce que vous faites est immédiatement pris en mauvaise part, et quoi que vous fassiez vous êtes en tort. Si vraiment il s'agit d'une démente évoluée, il risque d'être indispensable d'en passer par là. À moins, mais c'est alors, je le répète, le rôle de la psychologue, qu'une tierce personne arrive à l'amener à un autre équilibre.</p> <p>Ce qui en revanche est certain c'est que vous pouvez, dans cette situation terrible à vivre, tirer un grand bénéfice pour vous-même d'une aide psychologique.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> Préparation au rendez-vous avec le gériatre 2016-11-23T08:28:04Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14725 2016-11-23T08:28:04Z <p>Bonjour, Martine.</p> <p>Voilà une question que je ne m'étais jamais posée.</p> <p>Si j'essaie d'y réfléchir il me semble que je me raisonnerais de la manière suivante :</p> <p>1°) : Pourquoi votre père a-t-il perdu son permis de conduire ? Je suppose que c'est parce qu'il se trouve dans un état intellectuel qui le rend incapable de conduire en sécurité. Dans ce cas il est effectivement probable que le permis ne lui sera pas restitué et qu'il y a du sens à ce que quelqu'un l'accompagne pour amortir le choc ; j'ajoute qu'il vaut mieux que cette personne assiste à l'entretien, de manière à pouvoir lui réexpliquer les choses.</p> <p>2°) : Mais pourquoi veut-on accompagner un malade à une consultation ? Si on le fait c'est parce qu'on veut apporter quelque chose à ce malade. Il faut donc que la ou les personnes qui accompagnent soient en mesure et en situation d'être utiles et efficaces. Et il n'y a aucun sens à venir nombreux. Comme vous le soulignez si votre père doit être en difficulté il n'est pas nécessaire que ce soit devant tout le monde.</p> <p>3°) : Que change à ce raisonnement le fait que votre père soit probablement atteint de trouble cognitif, quelle qu'en soit la cause ? Rien à mon sens.</p> <p>Il faut donc faire comme vous l'envisagez : accompagner votre père ; mais une personne suffit.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2016-11-20T12:19:19Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14719 2016-11-20T12:19:19Z <p>Bonjour, je ne sais pas si ce forum très utile est toujours actif mais je tente :<br class="autobr" /> Ma mère 89 ans, souffre de difficultés cognitives élevées (pathologie cardiaque, anorexie, dépression, angoisses accrues suite à sa dernière chute qui s'est soldée par une prothèse col du fémur)</p> <p>Votre article est très intéressant et me donne quelques pistes sur la compréhension de ses troubles comportementaux.<br class="autobr" /> Tout ce passe comme si elle m'en voulait de toute aide matérielle ou morale que je lui apporte.<br class="autobr" /> Et en même temps, si je me repose 2 ou 3 jours sans aller la voir, elle me le fait chèrement payer , jusqu'à m'accuser d'avoir volé la couche sale qu'elle avait déposée au milieu de sa chambre ! Et d'aller, devant moi, remettre une nouvelle couche souillée. Que veut-elle me dire ? Je sais qu'elle vit mal l'incontinence, je ne souligne donc pas que cet agissement est problématique et qu'il y a une poubelle. Ai-je tort ? faut-il la cadrer un minimum ?</p> <p>J'essaye d'éluder tous les sujets qui peuvent l'amener à être très agressive, en vain elle en trouve d'autres, et lorsque ce n'est pas contre moi, elle accuse le personnel soignant (EPHAD médicalisé) de choses évidemment fausses. Le personnel de l'Ephad est aux petits soins avec elle, mais un caprice satisfait en appelle un autre insatiablement .<br class="autobr" /> Je me refuse à abandonner ma Maman en fin de vie, alors pourtant qu'elle fait tout pour me décourager ce que je ne comprends pas. Plus je la gâte (pâtisseries maison, fleurs, et 1000 petites choses sensées lui apporter un peu de bonheur et de plaisir) plus elle m'agresse.<br class="autobr" /> Je ne sais pas trop comment l'apaiser pour qu'elle profite de l'affection que je lui apporte.</p> <p>Il est vrai que nous, les familles accompagnantes ne sommes pas des professionnels médicaux, ni des psychologues professionnels.<br class="autobr" /> Lorsque je la valorise en la complimentant sur un quelconque sujet, c'est pire aussi<br class="autobr" /> La seule communication qui la satisfait tourne autour de ses fonctions intestinales où là aussi les difficultés cognitives sévissent : elle se dit constipée et se fait donner laxatif sur laxatif. Si la fonction est normale, elle parle de diarrhée . Elle refuse de manger 1. pour ne pas "se constiper". 2. pour éviter la diarrhée, ou fonction urinaire (comme un enfant)<br class="autobr" /> Par ailleurs Tout se passe comme si, effectivement, se trouvant dépendante, elle en voulait à tout personne capable de s'assumer et des fantasmes de puissance (exemple "j'ai engueulé le Directeur") alternent avec une victimisation quasi constante.<br class="autobr" /> Ses petits enfants ne viennent plus la voir depuis quelques temps, car ils repartent très perturbés par les agressions verbales de ma Mère. <br class="autobr" /> Elle s'isole, et de fait je me retrouve seule dans l'accompagnement familial qui devient dévorant, avec un sentiment d'échec à lui apporter un quelconque bonheur C'est épuisant.</p> <p>Quels conseils pourriez-vous me donner pour adoucir sa fin de vie le plus possible et faire en sorte que mes visites régulières redeviennent un bonheur partagé ? Et est-ce possible ?</p> <p>Merci de m'avoir lue et de me répondre, car je me sens démunie</p> <p>Bien à vous,</p> <p>MFV</p> Préparation au rendez-vous avec le gériatre 2016-11-18T10:10:46Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14717 2016-11-18T10:10:46Z <p>Bonjour,</p> <p>Mon père a perdu son permis de conduire depuis quelques mois. Nous l'avons convaincu de consulter auprès d'un gériatre pour avoir un deuxième avis. La semaine prochaine, il a un rendez-vous avec le gériatre et nous savons qu'il aura la mauvaise nouvelle qu'il ne pourra pas ravoir son permis de conduire. Il a confiance à ce médecin et il est convaincu qu'il va lui faire récupérer son permis. Nous sommes une assez grande famille. Plusieurs croient que nous devons l'accompagner à ce rendez-vous et d'autres croient que seules les personnes proches aidantes doivent l'accompagner, pour lui éviter des sentiments de honte et d'incapacité devant tous ses enfants.<br class="autobr" /> Je voudrais connaître votre opinion et que vous me disiez ce qu'il est préférable de faire pour notre père.<br class="autobr" /> Merci beaucoup.</p> La communication avec le dément 2016-08-15T17:37:43Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14522 2016-08-15T17:37:43Z <p>Bonsoir, Soraya.</p> <p>Je suis heureux de voir que les choses bougent. J'avoue que je n'étais pas si optimiste lors de ma dernière réponse. mais donc vous avez su trouver quelques espaces où vous pouvez apporter à votre mère des choses qui la soutiennent, qui lui montrent votre tendresse et qui permettent à une relation de se maintenir.</p> <p>La seule chose que vous avez à faire est donc de garder confiance en vous et en votre inventivité. J'ajoute seulement, au risque d'insister trop lourdement, qu'il vous faut songer à vous préserver : je comprends votre désir de tout donner, mais la limite est que quand vous vous serez épuisée vous ne pourrez, justement, plus rien donner du tout. C'est le seul point à surveiller, mais c'est un point majeur.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2016-08-15T08:35:32Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14520 2016-08-15T08:35:32Z <p>Bonjour, <br class="autobr" /> J'étais sure que vous n'alliez pas répondre à mon message parce que j'avais accepté ma défaite et mon sort et que je m'étais convaincue que personne ne pouvais plus rien pour moi, mais cela m'a fait plus que plaisir de trouver votre réponse et m'a donné envie de chercher d'autres voies pour aider ma mère et m'aider moi même par la même occasion.<br class="autobr" /> Pour le moment, j'essaye d'occuper ma mère au maximum par des promenades, des visites à la famille, des projets de réfection de la maison et même des voyages, car quand il s'agit de bouger, elle est toujours partante, c'est un avantage me direz vous ! faut t'il encore avoir le souffle et le temps pour faire tout ça ? En tout cas, le fait qu'elle puisse voir d'autres personnes et d'autres paysages la rend heureuse et lui donne d'autres sujets de conversation, cela donne un peu de répit.<br class="autobr" /> Je crois que grâce à vous, à votre aide, à votre soutien et vos orientations, je finirai bien par trouver une solution. <br class="autobr" /> Merci encore et à très bientôt.</p> La communication avec le dément - Nous avons besoin de conseils 2016-08-07T16:40:50Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14506 2016-08-07T16:40:50Z <p>Bonjour, Maxime.</p> <p>Malheureusement, je n'en sais pas plus que vous, et je suis pris au dépourvu autant que vous l'êtes.</p> <p>Car il y a d'abord une question essentielle : votre belle-mère est-elle en état de décider pour elle-même ?</p> <p>Si oui, alors elle est libre de ses choix. La seule manière de vous y opposer serait d'obtenir une mesure de tutelle, ce qui suppose : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Que vous ayez démontré qu'elle n'a plus les moyens de prendre ses propres décisions. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Que vous ayez un jugement.<br class="autobr" /> Autant dire que vous ne remplirez pas ces conditions dans le délai qui vous est imparti.</p> <p>Et je comprends que vous trouviez cette situation dangereuse. Mais qu'y pouvez-vous ? Si on cherchait une solution pour ce genre de problème, alors on validerait du même coup les attitudes les plus répressives, on tolérerait les tutelles abusives, on ne parlerait plus de la liberté des vieilles personnes ; être libre, c'est être libre de faire des âneries.</p> <p>Par ailleurs il se peut parfaitement que votre belle-mère ne présente aucun trouble intellectuel, qu'elle ne souffre "que" d'un problème psychiatrique, voire qu'elle ait seulement envie d'assouvir un désir légitime.</p> <p>Bref la réponse à votre question : <i>que faire ?</i> est immédiate : rien.</p> <p>Il faut la laisser partir, non sans lui avoir manifesté votre regret de cette décision. Et non sans avoir imaginé quel discret filet de sécurité vous pouvez installer autour d'elle. Si vos craintes sont justifiées, vous allez vite le voir, et il sera temps d'agir.</p> <p>La seule chose, c'est qu'il n'est pas question que vous vous mettiez à son service : le risque est grand qu'elle décide qu'elle est parfaitement capable de vivre seule à condition que vous lui fassiez les courses, le ménage, etc. Et là il faut que ce soit non ; si elle décide de vivre sa vie elle la vit, mais elle l'assume.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément - Nous avons besoin de conseils 2016-08-07T16:09:29Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14504 2016-08-07T16:09:29Z <p>Bonjour</p> <p>En premier lieu, merci pour votre article, fort intéressant. Nous vivons une crise depuis 2 jours et nous tentons de trouver une piste de solution.</p> <p>Ma belle mère agée de 70 ans vit avec nous depuis 4 ans. Sa mère et sa grand-mère ont souffert de démence. Ma belle mère vit avec nous et s'coccupe de notre foyer et notre chien contre une rémunération généreuse. Elle est complètement prise en charge et possède une vie simple et confortable.</p> <p>Ma belle mère n'a pas d'amis ni de contacts externes. Elle est somme toute équilibrée avec des tendances un peu aggressives et paranoiaques. Elle nous a annoncé à notre retour de vacance qu'elle s'était loué un logement et nous quittait dans 2 semaines pour vivre sa vie. Cette décision vraiment à l'encontre du bon sens et sans aucun facteur initiateur nous a complètement désarmé. Après plusieurs discussions, elle se replie sur elle même, et tente de sortir de notre 'contrôle'.</p> <p>Elle n'est visiblement pas outillée pour vivre seule et subvenir à ses besoins. Comment devrions nous agir pour la suite les choses ? La laisser nous quitter ou tenter de faire intervenir un spécialise et faire annuler le bail qu'elle a signé. Elle nous a admis avoir pris cette décision spontannément, sans avoir réfléchi aux conséquences, ni avoir prévu la suite des choses pour elle. Cependant, plus on veut lui faire changer d'idée plus elle se campe sur ses positions. <br class="autobr" /> merci d'avance<br class="autobr" /> Maxime</p> La communication avec le dément 2016-08-03T07:33:20Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14493 2016-08-03T07:33:20Z <p>Bonjour, Soraya.</p> <p>Je comprends votre tristesse et votre désarroi. Effectivement vous êtes seule, et mon aide est bien dérisoire...</p> <p>Mais je veux encore insister sur un point.</p> <p>Toute votre attitude, toute votre souffrance, son basées sur l'amour que vous éprouvez envers votre mère.</p> <p>Cet amour vous crée un autre devoir, plus important encore : celui d'être efficace dans l'aide que vous lui apportez. Et une bonne part de votre souffrance vient de ce que vous ne pouvez pas être efficace sans vous heurter à elle. Mais ce qui compte c'est l'efficacité : le cœur n'est rien sans la tête.</p> <p>Je reste à votre écoute.</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2016-08-02T08:32:44Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14488 2016-08-02T08:32:44Z <p>Bonjour,<br class="autobr" /> Après prés de 15 jours je tenais à vous apporter un "petit" compte rendu sur la situation. Je suis un peu désorientée par cette femme qui est ma mère, que je chéris plus que tout au monde, qui malgré son âge continue à être une femme de tête, qui, parce qu'elle m'a mise au monde, me connait mieux que moi même et qui sait qu'elles sont les ficelles à tirer pour me remettre dans le chemin qu'elle à choisi pour moi. Je n'ai pas honte de dire qu'elle me manipule et que malgré moi, je me laisse manipuler alors qu'en règle générale, rares (pour ne pas dire inexistantes) sont les personnes qui peuvent le faire avec moi.<br class="autobr" /> En bref, lorsqu'elle a constaté que ma présence s'était allégée, elle a décidé de ne plus me parler et quand j'essayais de briser son silence, elle se mettais à pleurer et à demander à Dieu de l'emporter le plus vite possible pour qu'elle ne soit plus un poids pour moi. S'il y a une chose que je ne supporte pas, ce sont ses larmes, sa souffrance et son désarroi. <br class="autobr" /> Comédie, moyens de pression ou réalité ? je ne peux vraiment le dire. tout ce que je sais aujourd'hui, c'est que nul n'a le droit de jeter l'éponge devant des situations pareilles et au lieu d'essayer de leur faire entendre raison -chose quasi impossible, parce que c'est justement cette raison qui leur fait défaut- il faut plutôt essayer de faire un travail sur soi même pour acquérir un maximum de patience, aménager son temps en fonction de leurs besoins. En un mot, accepter ces personnes telles qu'elles sont. <br class="autobr" /> Lorsqu'un ami a des défauts, on peut soit l'accepter, soit le rejeter, mais lorsqu'il s'agit d'un père ou d'une mère nul autre choix que de faire avec.<br class="autobr" /> Pour finir, je crois qu'à ce stade, vous ne pouvez plus rien faire pour moi.<br class="autobr" /> Je vous remercie énormément de m'avoir lu et de m'avoir répondu et soutenu. <br class="autobr" /> Bonne Continuation, bien à vous,<br class="autobr" /> Soraya</p> La communication avec le dément 2016-07-19T19:39:52Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14465 2016-07-19T19:39:52Z <p>Merci de ces nouvelles, Soraya.</p> <p>Je n'ajouterai qu'un mot : la culpabilité est un sentiment normal.</p> <p>Mais il importe de s'en tenir à une chose essentielle : votre seule obligation est d'être efficace. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Si l'efficacité vous impose de faire des choix culpabilisants, il faut les faire. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Quand vous aurez craqué d'épuisement, vous ne serez plus efficace du tout.</p> <p>Votre décision est donc excellente.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2016-07-19T08:28:36Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14462 2016-07-19T08:28:36Z <p>Vous ne savez pas à quel point vous me rassurez et je ne pourrai jamais assez vous remercier. Lorsque je vous ai parlé de me faire rare, vous ne pouvez imaginer le sentiment profond de culpabilité que j'avais, après votre réponse, ce sentiment existe encore mais son intensité à largement diminué.</p> <p>J'ai donc mis à exécution et j'attend de voir les résultats.</p> <p>Merci encore et à très bientôt.</p> La communication avec le dément 2016-07-03T20:49:24Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14420 2016-07-03T20:49:24Z <p>Bonsoir, Soraya.</p> <p>Oui, vous analysez très bien cette situation. La raison essentielle de son agressivité est qu'elle sait que quelque chose ne va pas, et qu'elle doit mettre en place des stratégies grâce auxquelles elle croit faire illusion.</p> <p>Et cela limite terriblement votre champ d'action, car on ne peut pas faire grand-chose pour une malade qui ne veut pas coopérer. C'est même un problème très délicat : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Il faut respecter la liberté du malade. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Mais il n'est pas honnête de prétendre respecter la liberté d'une personne qui n'est plus en état d'exercer cette liberté. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> D'un autre côté si vous la conduisiez de force chez un médecin il n'en tirerait rien.</p> <p>La meilleure solution est donc probablement la vôtre : ne pas insister, exercer une surveillance lâche en essayant de repérer des signes qui pourraient vous faire repérer que la situation devient dangereuse.</p> <p>Quant à l'idée de vous faire rare, elle est excellente pour trois raisons au moins. La première est qu'il ne servirait à rien de vous épuiser. La seconde est que, comme vous le soulignez, votre présence peut accentuer le trouble. La troisième est que c'est un excellent moyen de pression : vous voulez bien assurer la présence, mais vous avez le droit de poser vos conditions, et si, comme elle le prétend, elle va très bien, alors elle assume sa liberté.</p> <p>Cela n'est pas sans risque, mais toute autre attitude serait probablement encore plus risquée.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2016-07-02T18:07:59Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14416 2016-07-02T18:07:59Z <p>Je vous remercie infiniment pour votre réponse, mais je crois bien que dans mon cas je suis dans une impasse. <br class="autobr" /> Comme vous le supposez, elle ne se prêtera jamais à aucun traitement ni même à faire le point de la situation.<br class="autobr" /> Pour elle, elle a toutes ses facultés mentales et n'allez surtout pas lui dire qu'elle a du oublier quelque chose.<br class="autobr" /> Un phénomène récent est venu se greffer à tout ça " elle ne reconnait plus certaines de ses affaires et donc, elle suppose que c'est moi qui les ai mises là pour la dérouter". Exemple : "je n'avais que deux valises, maintenant, elles sont quatre etc."<br class="autobr" /> Lorsque je vois ses yeux, je me dis qu'elle doit savoir au fond d'elle même qu'elle est entrain de perdre certaines de ces facultés et c'est ce qui justifie sa colère et son agressivité. <br class="autobr" /> J' aimerai tellement la sortir de cette détresse morale, mais moi même je ne sais pas comment m'en sortir.<br class="autobr" /> Pour l'instant, comme elle n'est pas impotente, j'ai décidé de me faire rare dans la journée, me disant que si elle ne me voyait pas cela ne réveillerait pas toutes ses angoisses et je me demande si j'ai pris une bonne décision.</p> La communication avec le dément 2016-06-20T06:08:36Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14400 2016-06-20T06:08:36Z <p>Bonjour, Soraya.</p> <p>Vous allez avoir du mal à vous en sortir seule.</p> <p>Ce que vous décrivez, c'est un délire de vol. Il y a des délires de vol chez le sujet âgé, mais la cause la plus fréquente de ces délires est la démence de type Alzheimer. Le mécanisme en est assez simple : la patiente sait que son portefeuille est quelque chose d'important, et qu'on pourrait le lui voler. Elle va donc le cacher avec soin. Mais comme elle a un trouble de mémoire elle oublie où elle l'a caché ; donc elle ne le retrouve plus, ce qui prouve qu'elle avait raison de craindre qu'on ne le lui vole.</p> <p>La première chose que vous devez faire est donc de faire vérifier ce point par un bilan intellectuel approfondi. Car si c'est un délire isolé, alors il y a beaucoup à attendre d'un traitement neuroleptique ; si ce délire est réactionnel à la démence, alors les possibilités thérapeutiques sont infiniment plus réduites.</p> <p>Quant à votre attitude, elle est difficile à tenir. Comme je l'ai souvent expliqué il est impératif de ne pas prendre position sur le délire, parce que quelque que soit la position que vous prendrez elle se retournera contre vous. Mais ce conseil est impossible à suivre au quotidien quand on vit avec la personne. C'est pourquoi il est si impératif de commencer par faire un point de la situation ; encore faudra-t-il que votre mère s'y prête.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2016-06-19T20:24:18Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14398 2016-06-19T20:24:18Z <p>Bonsoir, Inès.</p> <p>Je voudrais d'abord vous faire une critique de fond : il vous faut mettre de l'ordre dans votre vision de la démence. Car il est tout à fait exact que les démences peuvent occasionner des épisodes confusionnels, mais c'est là une question particulièrement ardue et compliquée ; si vous voulez l'étudier vous allez devoir vous lancer dans des recherches très pointues. On ne la trouve simple que si on se contente d'à-peu-près terminologiques, en s'imaginant par exemple que tous les déments sont confus et que tous les confus sont déments (rien ne m'agace plus que la notion de « crise de démence » ; enfin, si : il y a quelque chose qui m'agace encore plus, c'est l'irresponsabilité de ces belles âmes qui, de peur d'employer des mots qui fâchent, se refusent à parler de déments et nous rebattent les oreilles de leurs « personnes désorientées », ou de « syndromes cognitivo-mnésiques », sans voir que la conséquence de ce jargon est que plus personne ne sait de quoi on parle.</p> <p>Mais il y a une autre faille dans votre propos. C'est que vous parlez de syndrome de Korsakoff. Je veux bien que vous le fassiez : le syndrome de Korsakoff entraîne une telle perte d'efficience intellectuelle qu'on peut parler de démence. Mais c'est une démence tellement particulière (elle ne résume même pas à elle seule toutes les démences alcooliques) que je ne saurais vous conseiller de la prendre pour modèle ; et si votre propos est réellement de traiter des syndromes confusionnels chez le malade atteint de Korsakoff, vous allez vous aventurer dans des régions très peu explorées.</p> <p>Je vais donc vous poser le problème autrement : comment réagir face à un malade confus ? Et si cette confusion survient chez le dément, cela change-t-il quelque chose ?</p> <p>Je vous rappelle que la confusion mentale est un syndrome très clairement défini. C'est une pathologie <i>aiguë</i> qui survient quand on place un cerveau dans de mauvaises conditions de fonctionnement. C'est pourquoi la constatation d'un syndrome confusionnel doit avant tout faire rechercher une cause organique, notamment toxique. Pour créer une confusion mentale, le moyen le plus simple est de chauffer le cerveau ; la fièvre est confusogène ; un autre moyen est de le tremper dans l'alcool : raison pour laquelle chacun de nous a déjà fait personnellement l'expérience de la confusion mentale : l'ivresse est une confusion.</p> <p>C'est de là qu'il faudrait partir. De votre propre expérience de la confusion. Je ne me suis jamais mis dans un état d'alcoolisation épouvantable. Mais il m'est arrivé de dépasser un peu la dose ; et comme vous aussi, nous allons facilement nous comprendre.</p> <p>Quand vous avez bu, il y a trois choses au moins qui se produisent : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> La première est que vous savez que vous avez bu. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> La seconde est que vous ne voulez pas que ça se voie. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> La troisième est que vous observez un décalage entre ce que vous pensez et ce que vous sentez ; comme si votre cerveau réagissait avec un temps de retard à ce qu'il perçoit.</p> <p>Si vous augmentiez la dose (mais cela vous ne le faites pas plus que moi) vous verriez arrivez des phénomènes plus nettement confusionnels, comme la désorientation, c'est-à-dire l'incapacité à se situer dans le temps et dans l'espace, ou l'onirisme.</p> <p>Bon. Je ne vais pas vous faire le tableau complet de la confusion. Mais vous voyez déjà qu'on ne comprend rien à la question si on s'imagine que confusion est synonyme de désorientation : le malade confus est toujours désorienté, mais un malade désorienté n'est pas nécessairement confus. En particulier les déments sont presque toujours désorientés sans pour autant être confus.</p> <p>D'autre part dans votre relation au malade confus vous devez tenir compte de l'état dans lequel il se trouve : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Il sait que quelque chose ne va pas : la perplexité anxieuse est un élément nécessaire au diagnostic. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Il ne veut pas que vous le sachiez. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Il présente un ralentissement intellectuel qui le met en difficulté pour comprendre ce que vous lui dites.</p> <p>Il s'ensuit qu'il n'est pas forcément très utile de chercher à recadrer un malade confus. Parce qu'il n'est pas en état, mais aussi parce qu'une confusion mentale n'est pas un état durable, et qu'il suffit d'attendre. Ce n'est pas la même chose avec un dément qui, lui se désoriente par un autre mécanisme, et qu'il est souvent (pas toujours) utile de réorienter. Le confus, il faut le rassurer, l'aider à se retrouver s'il le demande, et surtout ne jamais essayer de s'opposer à son discours car cela va augmenter son angoisse. Et ce sera encore plus impérieux chez le dément confus, car alors le handicap intellectuel va peser encore plus lourd.</p> <p>Mais avant d'aller plus loin, dites-moi : aviez-vous ces notions et ces définitions bien claires à votre esprit ?</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2016-06-18T08:27:19Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14390 2016-06-18T08:27:19Z <p>Bonjour,<br class="autobr" /> J'ai un sérieux problème avec ma mère (89 ans) qui vit en permanence avec moi et dont le comportement me désoriente de plus en plus. Je dirai que 30% du temps, elle parait normale, discute beaucoup, me remercie d'être là etc. le reste du temps, elle radote et surtout m'accuse de lui voler ses affaires, son argent et de lui changer ses affaires d'endroit dans le but de la rendre folle.J'ai conscience qu'elle délire, mais parfois elle me pousse à bout (frôlant la crise de nerf) et je m'embarque sans le vouloir dans son délire. <br class="autobr" /> J'aimerai que vous puissiez m'aider en m'indiquant la démarche à suivre pour ne pas rentrer dans son jeu, pour l'aider et surtout pour m'aider aussi car je vous avoue que cela est très éprouvant pour moi.</p> La communication avec le dément 2016-06-17T09:45:47Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14388 2016-06-17T09:45:47Z <p>Bonjour, je suis étudiante en santé pour faire infirmière. <br class="autobr" /> Je suis en train de réaliser un travail sur la communication avec les personnes démentes. <br class="autobr" /> Je suis à la recherche d'information concernant les patients confus du à des démences(comme le syndrome de Korsakoff). Comment peut-on réagir face à des patients confus ? Que peut-on leur dire pour communiquer avec eux s'ils sont désorienté ? <br class="autobr" /> Connaisseriez-vous des sites internet ou des livres à ce sujet ?</p> <p>Merci d'avance.</p> La communication avec le dément 2016-04-03T15:03:36Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14142 2016-04-03T15:03:36Z <p>Bonjour, Laurène.</p> <p>Je n'ai pas de compétence particulière dans le domaine de la relation d'aide, mais sur ce que j'en ai compris on entend sous ce terme toutes les techniques qui visent à obtenir, chez le patient en difficulté, un résultat opérationnel, sans se préoccuper outre mesure d'intervenir sur la structure psychologique elle-même. Pour moi (mais je ne demande qu'à être corrigé) c'est ainsi qu'elles se démarquent des psychothérapies d'inspiration psychanalytique. Je mettrais dans une troisième case les psychothérapies comportementales. Tout cela est assez bien expliqué dans <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Relation_d'aide" class="spip_out" rel='nofollow external'>https://fr.wikipedia.org/wiki/Relation_d'aide</a>.</p> <p>La psychothérapie de soutien est une forme de relation d'aide. Je dirais que c'en est la forme la plus élémentaire, et la plus couramment utilisée. Dans le cadre de votre mémoire je ne m'aventurerais pas dans ces distinctions qui n'ont pas un grand intérêt, et qui vous exposeraient à des critiques en fonction de l'humeur du jury, et j'en resterais à la pratique : la relation d'aide utilise l'écoute et le soutien.</p> <p>Quant au refus de soins, il me semble qu'il s'analyse au moyen quatre composantes au moins : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Le patient refuse le soin parce que, comme vous ou moi, il n'en veut pas et qu'il exerce sa liberté. On l'oublie un peu trop. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Il refuse le soin parce qu'il ne le comprend pas, à cause de sa détérioration. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Il refuse le soin parce que, voulant masquer sa démence, il tient à montrer qu'il est encore capable de discerner et de décider. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Il le refuse enfin parce que, plus conscient qu'on ne pense de son état, il ne veut plus être soigné.</p> <p>Tout cela doit être pris en considération.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2016-03-27T13:32:46Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14129 2016-03-27T13:32:46Z <p>Bonjour,</p> <p>Élève infirmière de 3ème année, le thème de mon mémoire traite sur la démence des personnes âgées. Ma problématique étant de savoir comment interpréter son refus de soin car ils leur arrive d'avoir des moments de lucidité. Dans mon travail je comptais donc parler de la relation d'aide avec l'écoute, la congruence, la reformulation or dans certains livres je retrouve ces terme d'écoute, de congruence et de reformulation associés à la relation de soutien. Je ne sais donc pas trop entre aide et soutien lequel choisir ?</p> La communication avec le dément 2016-03-06T17:11:17Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14070 2016-03-06T17:11:17Z <p>Bonjour, Christelle.</p> <p>Pas facile, votre question. Car il faut se demander quelle est la part de la surdité et quelle est celle de la démence. Souvent l'hydrocéphalie à pression normale donne des troubles cognitifs modérés, et les problèmes de langage ne sont pas au premier plan.</p> <p>L'idée des pictogrammes est intéressante. Mais je ne peux pas aller beaucoup plus loin, parce qu'il faudrait avoir vu le malade, et que la bonne solution sera celle qui marche ; c'est donc une invite à faire preuve d'imagination.</p> <p>Cela dit je ne crois pas que vous puissiez vous en sortir seule : c'est le type de situation qui doit être travaillé en équipe ; qu'en pensent vos collègues ? Comment se débrouillent-elles ?</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2016-03-05T14:37:12Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment14061 2016-03-05T14:37:12Z <p>bonjours, je suis élève A-S et j'effectue un stage en secteur protégé en EHPAD. Je prend en charge une personne ayant une démence hydro-céphalique et atteinte d'une surdité et refusant l'appareillage. J'ai bien essayé de lui mimer les gestes (pour aller prendre le repas ou la douche par exemple) mais il faut croire que je ne suis vraiment pas douée pour ça. Les soignants m'ont aussi dit de lui parler en face lentement mais il ne comprend pas tjrs ni quand je lui parle très près de l'oreille. Je pensais donc imprimer des pictogrammes pr les gestes de la vie courantes, qu'en pensez vous ??? Avez vous des conseils pour que je puisse établir une communication avec lui car il s'isole beaucoup du coup ???</p> <p>J'espère que vous pourrez m'aider car je suis un peu démunie.</p> <p>Merci par avance</p> La communication avec le dément 2016-01-31T20:55:02Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment13942 2016-01-31T20:55:02Z <p>Bonsoir, Pauline.</p> <p>Vous posez là une question bien délicate : faut-il entrer dans le monde du dément ?</p> <p>Si je me réfère aux exemples qu'elle donne, Naomi Feil laisse cette possibilité ouverte. C'est là un des aspects que je critique dans sa technique, car cela me semble triplement dangereux : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Parce qu'il me semble toujours éthiquement inacceptable de mentir à un malade. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Parce qu'en entrant dans le délire on le renforce. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Mais aussi, et peut-être surtout, parce que j'ai le sentiment que quelque part le malade qui délire n'est pas dupe de son délire.</p> <p>Bref, cela ne va nullement de soi.</p> <p>Alors vous vous demandez si vous avez bien fait d'éluder le problème. Je vous répondrais bien que la réponse est dans votre question : si vous n'étiez pas sûre de vous, alors, oui, sans réserve, vous avez eu raison : il fallait fuir, et c'est ce que vous avez fait.</p> <p>Y avait-il mieux à faire ? Oui, en théorie. Car il aurait été très intéressant de comprendre de quoi votre malade avait envie de parler, c'est-à-dire de comprendre pourquoi le souvenir de sa fille arrivait à ce moment-là. Il aurait donc été possible d'essayer de repérer, dans son propos, ce qui aurait pu vous fournir un élément de conversation. Mais ce n'est pas commode : si elle vous prenait pour sa fille vous ne pouviez entrer dans son jeu qu'en vous comportant comme sa fille, ce qui supposait que vous l'appeliez <i>maman</i>, enfin c'est infernal. Il y a des moyens, cependant, mais ils demandent un grand entraînement (exercez-vous, par exemple, à conduire toute une conversation de telle sorte que votre interlocuteur n'ait aucun moyen de savoir si vous le tutoyez ou si vous le vouvoyez).</p> <p>Tout cela pour vous dire que, décidément oui, vous avez bien fait.</p> La communication avec le dément 2016-01-29T18:42:04Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment13938 2016-01-29T18:42:04Z <p>Bonsoir,<br class="autobr" /> Je suis actuellement en formation pour devenir aide-soignante. Pour la validation de mon diplôme je dois réaliser un dossier sur une situation de relation-communication.<br class="autobr" /> J'explique dans ce dossier les émotions que j'ai ressentie durant l'échange avec une personne démente lorsqu'elle me parlais comme si j'étais sa fille.<br class="autobr" /> Connaissant son histoire de vie et comprenant tout de suite que sa fille ne voulait plus voir sa maman, j'ai tout de suite compris qu'elle voulais combler cette souffrance.<br class="autobr" /> Face à la solitude de cette patiente, je me suis senti très mal l'aise, démunie, je dirais même triste.<br class="autobr" /> La méthode de validation de Naomi FIEL m'a permis de comprendre et accepter les réactions des personnes démentes.<br class="autobr" /> Je m'adresse a vous car je ne sais toujours pas si la réaction que j'ai eu lors de l'échange avec cette patiente était la bonne. Lorsqu'elle m'a appellé avec le prénom de sa fille et qu'elle me posais des questions comme si s'était elle, je n'ai pas répondu. J'ai détourné le sujet en posant une autre question qui n'avait rien a voir.<br class="autobr" /> Aurais-je du rentrer dans ce dialogue qui n'était pas la réalité ? Aurais-je du dire à cette patiente que je n'était pas sa fille ?</p> <p>Je vous remercie d'avance. Pauline.</p> La communication avec le dément 2016-01-24T17:36:07Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment13909 2016-01-24T17:36:07Z <p>Bonsoir, Brigitte.</p> <p>J'en pense que vous me rappelez des souvenirs douloureux.</p> <p>Le dément qui crie est un problème pour lequel je n'ai jamais trouvé de solution.</p> <p>Comme vous dites, <i>il semblerait que la bulle sonore dans laquelle elle s'enferme calme ses angoisses</i>. C'est exactement l'idée que je m'en fais. J'ai pensé à cela en regardant des pélicans dans une réserve ornithologique. Il y avait un pélican qui criait ; et quand il arrêtait de crier tous les oiseaux s'envolaient. Je me suis dit (mais je n'en sais rien) que le pélican qui crie a pour fonction de signaler que, du moment qu'il crie c'est qu'il n'y a rien à écouter, et que la horde est en sécurité. Quand il se tait, au contraire, c'est qu'il faut tendre l'oreille parce qu'il y a un danger. Ou quelque chose comme la fonction du veilleur de nuit qui passait dans les rues de la ville en hurlant « Dormez, bonnes gens ». D'ailleurs vous noterez qu'il y a rarement deux déments crieurs dans la même unité ; par contre il arrive souvent que quand le dément crieur disparaît un autre prend sa place.</p> <p>Je n'en sais pas plus, et je ne m'en suis jamais sorti. Bien sûr, on pourrait neuroleptiser le malade, mais c'est cher payé pour lui, et cela ne garantit nullement qu'un autre ne va pas le remplacer.</p> <p>Nous ne nous en sortirons que quand nous aurons réfléchi à la signification de ce comportement pour la personne qui l'adopte. Mais si mon histoire de pélicans tient la route il faudrait aussi nous demander ce qu'il en est des conditions de vie dans lesquelles nous mettons ces vieilles personnes pour qu'elles en reviennent à des comportements animaux. Mais aussi ce que nous faisons quand la première chose que nous faisons en entrant dans l'unité est d'allumer une télé que personne ne regarde. Et quelle est la fonction du bruit dans notre société. Et pourquoi, pour vous écrire, je me suis mis devant ma télé et que je ne l'ai pas éteinte alors que le match de rugby est terminé depuis longtemps.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2016-01-21T20:44:14Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment13899 2016-01-21T20:44:14Z <p>Bonsoir, <br class="autobr" /> Je travaille dans une unité dite "unité protégée" en maison de retraite. Une résidente crie des notes de musique fréquemment et parfois en hurlant jusqu'à perdre le souffle ! iI semblerait que la bulle sonore dans laquelle elle s'enferme calme ses angoisses mais la nuisance est telle que nous sommes obligés de l'isoler dans sa chambre pour épargner les oreilles des autres résidents. Personne n'a trouvé de solution pour diminuer ces cris. Le médecin n'a pas opté pour une forte médication. Qu'en pensez-vous ? Merci.</p> La communication avec le dément 2016-01-15T17:52:10Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment13874 2016-01-15T17:52:10Z <p>Bonsoir, et merci de votre message.</p> <p>Je crains que vous n'ayez pas trop de solutions.</p> <p>La loi sur les tutelles précise que <a href="http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006070721&idArticle=LEGIARTI000006428039" class="spip_out" rel='nofollow external'>c'est la personne protégée qui choisit son lieu de résidence</a>. La situation que vous décrivez est donc en complète anomalie.</p> <p>Mais voilà.</p> <p>La loi dispose cela, mais c'est le plus souvent idiot : si la personne a besoin d'une tutelle, c'est dans la quasi totalité des cas parce qu'elle n'est pas en mesure de prendre des décisions de cet ordre ; il n'y a donc pas de sens à maintenir la fiction de cette liberté.</p> <p>Pour autant la loi dit aussi que la famille doit être impliquée autant que possible dans la prise des décisions.</p> <p>Mais je me demande si tous les juges ont bien intégré les évolutions résultant du changement de loi.</p> <p>Le problème, c'est qu'il vous faudrait mener des actions judiciaires dont je comprends qu'elles vous fassent peur ; et la force d'inertie que je soupçonne être à l'œuvre dans certaines décisions provient effectivement de cette disproportion entre l'objectif à atteindre et les moyens à mobiliser. C'est dommage, parce que rien ne bougera tant qu'une jurisprudence claire n'aura pas été établie.</p> <p>A moins que dans la situation de votre grand-mère, il n'y ait des éléments que vous ne connaissez pas, ou que vous sous-estimez.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2016-01-15T17:02:29Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment13871 2016-01-15T17:02:29Z <p>Bonjour Docteur,</p> <p>J'aurais souhaité avoir votre avis sur un problème de placement non choisi par ma grand-mère âgée de 99 ans, sous tutelle et atteinte d'une démence mixte, j'ai fais appel de son placement en banlieue qu'elle n'avait pas choisi- et que sa tutrice ne lui avait pas annoncé- suite à deux mois d'hospitalisation pour fracture des épaules.<br class="autobr" /> Elle réclame son quartier, parle de Paris sans cesse, même si bien sûr elle a quand même une lourde désorientation spatio-temporelle, et la juge des tutelle en appel a débouté ma demande d'un transfert dans une maison de retraite située dans son quartier et qui lui permettrait de recevoir la visite de ma mère qui souffrant entre autre d'un cancer ne peut effectuer trois heures de métro, rer et bus pour aller la voir dans l'Essonne où elle est placée.<br class="autobr" /> On nie totalement à ma grand-mère toute capacité de jugement ou de souhait sur le choix du lieu de sa fin de vie du fait de sa démence, le pourvoi en cassation semble très compliqué. <br class="autobr" /> Depuis peu elle fait des crises de nerfs pour partir de l'établissement où elle est, comment doit-on lui annoncer la nouvelle et quel recours trouver pour essayer d'annuler cette décision ? <br class="autobr" /> J'ai été son aidant pendant des années à domicile car elle refusait toute institutionnalisation, de plus il y a un conflit avec la tutrice dont je n'ai pu changer, je ne sais plus quoi faire !</p> <p>Merci d'avance si vous prenez le temps de me lire et de me répondre.</p> <p>cordialement</p> <p>Blandine Escoffier</p> La communication avec le dément 2015-11-29T13:33:39Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment13702 2015-11-29T13:33:39Z <p>Bonjour, Julie.</p> <p>Question souvent posée, et toujours aussi difficile.</p> <p>J'ai tendance à penser que le problème se pose un peu comme dans les délires : si vous allez dans le sens du délire vous le renforcez, et si au contraire vous contestez la réalité du délire le malade réagira en vous suspectant de faire partie de ses persécuteurs. Il n'y a donc aucune solution, la seule qui reste est de botter en touche, et de trouver le discours qui permettra à votre malade de parler de son délire sans que vous ayez à prendre position ; cela fonctionne jusqu'au jour où le malade s'aperçoit que vous éludez ; mais c'est une autre question.</p> <p>De même face à une malade démente, il ne sert le plus souvent (<i>le plus souvent</i>) à rien de la ramener à la réalité, car elle est dans une autre réalité. Cependant il n'est pas approprié non plus d'aller dans son sens ; d'autant moins qu'on a souvent le sentiment que le dément est conscient du décalage entre ce qu'il dit de la réalité et ce qu'il en voit ; c'est même là sans doute une des sources de son angoisse. Il faut donc là aussi botter courageusement en touche ; votre effort doit être de tenter de la faire parler de sa mère, de ce qui l'amène à penser à elle en ce moment, etc.</p> <p>Vous trouverez de très bonnes choses sur ce point chez Naomi Feil. Ce que je n'aime pas chez elle c'est qu'elle ne me semble pas toujours très claire ; notamment je crois comprendre que s'il faut entrer dans le monde de la malade elle y entre ; je trouve cela psychologiquement imprudent, et éthiquement suspect. Mais pour le reste il est très judicieux de s'en inspirer.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2015-11-27T11:44:11Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment13699 2015-11-27T11:44:11Z <p>Bonjour, actuellement étudiante infirmière en 2ème année et en stage en EHPAD, j'ai été confrontée à une situation qui m'a questionnée. Face à une patiente atteinte de la maladie d'Alzheimer qui me parlait de sa mère comme si celle-ci était encore en vie, je me suis demandé s'il fallait rentrer dans son jeu ou s'il fallait au contraire la ramener gentiment à la réalité...<br class="autobr" /> Qu'en pensez vous ? <br class="autobr" /> Merci, <br class="autobr" /> Julie.</p> La communication avec le dément 2015-10-29T20:44:30Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment13584 2015-10-29T20:44:30Z <p>Bonsoir, Ghislaine.</p> <p>Vous posez parfaitement le problème.</p> <p>Il y a un principe éthique, qui est de ne pas prendre le dément pour un sous-homme. On lui doit la vérité, comme à chacun d'entre nous. Le corollaire est que le mensonge ne peut être une solution.</p> <p>D'un autre côté, on ne peut pas prétendre avoir dit la vérité à quelqu'un si on sait parfaitement qu'il n'est pas en état de comprendre ce qu'on lui dit. Ce n'est pas honnête. C'est comme si on jugeait un accusé en lui parlant dans une langue étrangère.</p> <p>C'est ce qui me semble faire le fond de votre question : si vous dites la vérité à votre père il ne l'entend pas. Lui dire la vérité, ce n'est donc pas la lui dire.</p> <p>Alors que faire ?</p> <p>Naomi Feil invite à entrer plus ou moins dans la pensée de l'autre ; si le malade délire, il faut savoir jouer le jeu du délire. Je crois pour ma part qu'il convient d'être très prudent avec cette stratégie, car elle fait bon marché (mais on me dira que je n'ai pas compris) du problème éthique du mensonge.</p> <p>Il me semble que votre position n'est pas loin de l'idéal : vous essayez de botter en touche, vous éludez, et ce n'est que dans de rares occasions que vous êtes acculée dans une impasse. C'est ce qu'il faut faire. Tout au plus vous pourriez essayer (sous réserve que cela fonctionne) de chercher une sorte de second degré de la question : quand il demande : "Tu as eu maman au téléphone", vous pouvez effectivement lui répondre : "pas récemment" ; mais une autre piste est de lui renvoyer sa question ; par exemple : "Qu'aurais-tu envie de lui dire ?" ; ou quelque chose qui le pousse à parler de son ressenti, de ses souvenirs. Cela pourrait vous permettre un entretien plus riche, et plus fécond.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2015-10-25T20:21:54Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment13569 2015-10-25T20:21:54Z <p>Bonsoir,<br class="autobr" /> Mon père, âgé de 81 ans a été diagnostiqué dément ( GIR 2 ) à l'occasion d'une chute dans les escaliers. <br class="autobr" /> Nous attendons une place en EHPAD avec UVP, il est pour l'instant en maison de repos, le retour à domicile étant exclu. Notre maman est décédée il y a 9 ans et il vivait donc seul depuis cette date. Il fait un total déni de ce décès, demandant à rentrer chez lui pour la retrouver.<br class="autobr" /> Mon frère et moi gérons comme nous pouvons et chacun avec sa sensibilité.<br class="autobr" /> Les questions de notre père sont précises : "pourquoi elle ne vient pas me voir, ne me téléphone pas ?", " tu as eu maman au téléphone ? Tu l'as vue ? Elle a du partir avec un gars ? "<br class="autobr" /> Nous avions décidé de ne pas le contrarier et de lui répondre succinctement : " non, je ne l'ai pas eue au téléphone, non, je ne l'ai pas vue ..." Mais devant son insistance, nous sommes tentés de lui dire la vérité, vérité qu'il n'accepte pas et qui le rend agressif ou très triste ... Ma question : que faire ? Dire ou ne pas dire la vérité ?<br class="autobr" /> D'avance, un grand merci, <br class="autobr" /> Très cordialement, <br class="autobr" /> Ghislaine.</p> La communication avec le dément 2015-06-01T15:53:18Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment13183 2015-06-01T15:53:18Z <p>Bonjour, Aude.</p> <p>Vous imaginez bien que sur de telles questions il ne serait pas possible de vous faire une réponse détaillée dans un simple message de forum. Mais je peux tout de même vous donner quelques indications.</p> <p>La violence des patients. Vous postez sur un forum annexé à l'article « La communication avec le dément » ; je vais donc commencer par là.</p> <p>La démence ne rend pas violent. Les gens qui étaient violents ne cessent pas de l'être quand ils sont déments, et inversement les gens qui ne l'étaient pas ne le deviennent pas. Quand on a affaire à comportement violent chez le dément, il faut envisager trois hypothèses : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> La plus rare est celle du sujet violent qui l'est parce qu'il l'a toujours été. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> A peine moins rare est le cas du malade atteint de démence fronto-temporale, avec des effets de désinhibition. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Mais dans l'écrasante majorité des cas, la violence du dément est réactionnelle : le comportement s'explique parce que le malade se trouve devant une situation qu'il ne sait pas analyser. Il peut s'agir de quelque chose qui lui fait peur, ou du sentiment d'être humilié, ou même tout simplement d'un inconfort (douleur par exemple). Ce sont des situations d'autant plus fréquentes que la perte de la cognition rend le dément extrêmement sensible à toutes les impolitesses minimes qui, dans la vie courante, passent inaperçues.</p> <p>Il faut donc avant toute chose lutter contre cette rumeur qui voudrait que la démence rende méchant, et qui renvoie à une fantasmatique de terreur qui fait du malade une sorte de zombie.</p> <p>Si maintenant nous étendons la question aux malades non déments, je ne suis pas certain qu'elle se pose de manière tellement différente, mais je n'ai pas étudié cette question.</p> <p>La conséquence me semble évidente : face à un malade violent il faut absolument que l'équipe procède à une analyse de la situation. Il y a une explication, et il faut la trouver. Je ne peux guère vous en dire plus car il faudrait de très longs commentaires ; ce ne peut être que de l'étude de cas. Ne pas oublier toutes les causes physiques d'inconfort ; autrement dit cette analyse suppose la présence du psychologue et du médecin. Et ne pas se précipiter sur les neuroleptiques. On peut s'y trouver acculé, mais le plus souvent ils sont immérités et peuvent être contre-productifs quand le malade lutte contre le traitement, ce qui est fréquent.</p> <p>Bien sûr il est capital que le soignant en butte à la violence du patient ne reste pas seul, qu'il soit immédiatement conscient qu'il est en danger de réagir lui-même par une attitude violente, et que quand cela se produit il en parle de manière à pouvoir déculpabiliser et à trouver rapidement les attitudes correctives.</p> <p>Votre seconde question m'étonne un peu plus. En effet le problème du malade qui parle de se suicider est très important, mais vous commentez : <i>il faut y prêter attention car si la personne passe finalement à l'acte, c'est ingérable moralement pour le soignant s'il n'a pas essayé de dissuader le patient.</i> C'est à considérer en effet, mais… ce n'est pas du tout pour cela qu'il faut écouter les menaces de suicide. Ce qui compte c'est que le malade qui parle de se suicider dit quelque chose. Et je dirais que le débat ne se résume nullement à la question de savoir si le malade va ou non passer à l'acte ; après tout le suicide est une liberté. Mais faire et dire son deux choses, et celui qui parle de se donner la mort dit quelque chose d'important, qu'il faut écouter et saisir. Après tout il en va de même pout la vieille personne qui réclame la mort : on a grand tort de ne pas la prendre au sérieux, c'est une vraie demande (même si la réponse peut être très variable).</p> <p>Ensuite il faut que ce malade soit examiné. Contrairement à ce qu'on nous enseigne, le désir de mort n'est pas synonyme de dépression ; c'est souvent le cas, mais prétendre que la dépression est la seule cause du désir de mort est très réducteur. Pour autant il faut bien en tendu s'en assurer.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2015-05-31T17:34:58Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment13176 2015-05-31T17:34:58Z <p>Bonsoir,</p> <p>J'enseigne depuis peu la communication à de futurs aides-soignants. Deux grandes questions me sont souvent posées et j'ai dû mal y répondre.<br class="autobr" /> Le premier point : la violence des patients envers l'aide-soignant. En effet, j'ai plusieurs étudiants qui ont été victime, lors d'un stage, d'acte violents (le patient saisit un poignet, mord, griffe,...) Qu'est-ce que le soignant doit faire/dire ?<br class="autobr" /> Le second point : que faut-il répondre à un patient qui menace sans arrêt de se suicider ? pour moi, il faut y prêter attention car si la personne passe finalement à l'acte, c'est ingérable moralement pour le soignant s'il n'a pas essayé de dissuadé le patient.</p> <p>Pouvez-vous m'aider ?</p> <p>Merci beaucoup</p> La communication avec le dément 2015-04-09T17:16:05Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment13043 2015-04-09T17:16:05Z <p>Bonjour, Prescillia.</p> <p>Vous avez totalement raison de poser cette question.</p> <p>Je l'ai dit, et je vais encore le répéter : je crois qu'il faut éradiquer le tutoiement, parce que dans la quasi totalité des cas il s'agit d'un tutoiement réflexe, irréfléchi, irrespectueux et pour tout dire maltraitant.</p> <p>Mais une fois cette éradication obtenue, il convient de nuancer. Et il existe des tutoiements opportuns, voire thérapeutiques. La démente qui vit dans le monde de son enfance ne va rien comprendre si on la vouvoie : on ne vouvoie pas les enfants.</p> <p>Tout ce que je demande, c'est que cette décision de tutoiement remplisse les mêmes conditions que les contentions : réflexion d'équipe, décision consensuelle, avec évaluation et reconsidération périodique.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2015-04-08T19:45:09Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment13040 2015-04-08T19:45:09Z <p>Bonjour, je suis étudiante infirmière en troisième année, <br class="autobr" /> je réalise un travail de fin d'étude sur l'utilisation du tutoiement pour gérer l'agressivité d'un patient dément (atteint du syndrome de korsakoff)<br class="autobr" /> selon vous, est-il judicieux de tutoyer un patient dément ? le tutoiement, peut -il diminuer l'agressivité d'une personne démente ?<br class="autobr" /> Merci pour site internet qui m'a permis d'avancer dans ma réflexion.<br class="autobr" /> cordialement</p> La communication avec le dément 2015-04-02T10:27:28Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment12969 2015-04-02T10:27:28Z <p>Bonjour, je suis actuellement étudiante infirmière en troisième année, et j'effectue mon travail de fin d'année sur l'impact de l'absence de feed-back avec un patient dément non communiquant verbalement, sur la qualité des soins.</p> <p>J'ai vécu une situation, peut être banale pour certains, mais qui m'a interpellé. Il fallait que je prenne la tension à une patiente démente, puis réaliser un ECG et la raser pour un bloc le lendemain. Quand je suis arrivée dans la chambre je me suis présentée et face à une absence de réponse, je me suis penchée vers elle, lui ai touché l'épaule pour lui manifester ma présence. La patiente a ouvert les yeux brièvement à ce moment là. Je lui ai indiquer que j'allais lui prendre la tension, et les soins que j'allais faire. Mais lors des soins, je lui demandais si tout allais bien, mais je n'ai eu aucune réponse.</p> <p>Ce qui m'a interpellé c'est que j'ai fais les soins sans trop parler, et cela m'a beaucoup gênée, pour moi je n'ai pas pu instaurer une relation de confiance. <br class="autobr" /> D'autre part, même si les soins n'étaient en soi pas douloureux, je me suis questionnée à la sortie de la chambre s'ils avaient été bien effectués. Et c'est la, le point qui me questionne le plus, comment savoir si mes soins sont de qualités auprès d'un patient dément, mais surtout non communiquant verbalement.</p> <p>Qu'en pensez vous ? <br class="autobr" /> Par avance, merci.</p> La communication avec le dément 2015-03-29T18:56:59Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment12839 2015-03-29T18:56:59Z <p>Bonsoir, Stella.</p> <p>J'ai envie de vous répondre très simplement.</p> <p>Vous en veut-il ? Oui, bien sûr ! et c'est un cadeau à lui faire. Car tant qu'il pourra se dire (enfin, c'est une (façon de parler) qu'il est institutionnalisé à cause de vous, il évitera de se dire que c'est à cause de son déclin.</p> <p>Faut-il espacer vos visites ? Ce n'est pas évident. Il y a chez les soignants un désir de protéger les proches des malades en leur recommandant de limiter leur investissement ; c'est une bonne chose ; mais c'est aussi un choix hasardeux, et rien ne permet de dire que trop de visites risquent de vous nuire, ou de nuire à votre père, tout cela est à voir. par ailleurs il faut se méfier de la tendance naturelle des soignants à vouloir en somme s'approprier le malade, de sorte qu'ils ont une fâcheuse tendance à trouver que la famille les dérange.</p> <p>Comment gérer la communication avec la maison de retraite ? Problème récurrent, à la fois scandaleux et profondément humain. Pourriez-vous m'en dire plus ?</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2015-03-27T13:06:59Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment12708 2015-03-27T13:06:59Z <p>bonjour ! j'ai 58 ans est un lien très fort viscéral avec mon père de 97 ans...lui-m^me disait que j'étais son double ! Atteint d'alzheimer diasgnostiqué il y a 4 ans...il n'a jamais vraiment été l'objet d'un traitement pour cel.<br class="autobr" /> Maintenu à domicile au prix d'énormes difficultés et de la mise en place d'une logistique humaine importante pour soulager ma mère de 84 ans/handicapée ...nous avons dû nous résoudre à le placer. Avons eu de nombreux refus, un autre après placement après trois semaines et à présent enfin il vient à peine, cette semaine d'intégrer une entité...mais assez loin. Il cumule de nombreux handicaps : DMLA, mal-entendant et malgré cela il fait l'admiration de tous : grand, tonique, musclé pour ses 97 ans, il alterne entre aphasie, prostration, moments de lucidité, de calme et crises importantes nocturnes car il est en inversion totale JOUR/NUIT.<br class="autobr" /> Mes questions :<br class="autobr" /> . nous en veut-il ?<br class="autobr" /> . lui fait-on du bien en allant le voir (les maisons nous disent toutes de ne pas venir souvent)...c'est très très dur..presque insoutenable .....de ne pas le voir aussi souvent que l'on souhaiterait.....<br class="autobr" /> . nous n'arrivons pas a gérer la communication avec la maison de retraite....pouvez vous nous indiquer un guide, une méthode ???</p> <p>par avance, MERCI !</p> La communication avec le dément 2015-03-02T18:02:10Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment11638 2015-03-02T18:02:10Z <p>bonjour<br class="autobr" /> je suis étudiante aide soignante et je suis entrain d'analyser une situation de communication avec une personne atteinte de la maladie Alzheimer. <br class="autobr" /> ce que je n'arrive pas a comprendre comment une personne qui bien calme peut être agité et agresse les autres personnes et dans ce genre de situation comment peut on réagir ? <br class="autobr" /> merci de votre aide.</p> La communication avec le dément 2015-01-01T21:18:41Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment10811 2015-01-01T21:18:41Z <p>Bonjour, Laura.</p> <p>Et vous me demandez ça comme ça ?...</p> <p>Mais c'est une des choses les plus difficiles qui soient. je doute de pouvoir, dans l'espace d'un message de forum, vous expliquer tout ce qu'il faudrait.</p> <p>La première chose est de repérer l'anxiété. Et cela ne va pas de soi. J'aurais envie de vous dire en premier lieu qu'il faut distinguer le cas du dément avec qui la conversation est encore possible de celui qui a, pour dire vite (car les choses sont plus nuancées) perdu l'usage de la parole ; mais je m'aperçois en écrivant cela que même cette distinction n'a rien d'évident : le dément qui parle encore présente des anomalies de comportement, des étrangetés de réactions qui s'expliquent facilement par une angoisse passée inaperçue. Mais laissons cela. Et retenons que l'angoisse doit être recherchée systématiquement quand un dément change de comportement (tout comme il faut rechercher la douleur, et plus généralement toutes les source d'inconfort). Ce n'est pas facile. Se souvenir aussi que la démence ne rend pas agressif (je passe sur le cas particulier des démences fronto-temporales) : <i>toutes </i> les réactions d'agressivité du dément sont des réactions de peur ou d'inconfort.</p> <p>Quant à calmer la crise... Je préfère m'en tenir à deux pistes importantes.</p> <p>La première est de se souvenir que la vie du dément est nécessairement angoissante, dans la mesure où il sait parfaitement que les choses lui échappent, et que ses troubles intellectuels le conduisent à voir des étrangetés, des anomalies en des endroits et dans des situations qui nous paraissent à nous parfaitement normales : songez par exemple à ce que peut ressentir cette dame qui est arrivée à un niveau de souvenir où elle est une petite fille de dix ans quand elle se fait harceler par cet homme qu'elle ne reconnaît pas et qui prétend être son fils, comme si une petite fille de dix ans pouvait avoir un fils. Il est donc important de ne pas en rajouter sur cette angoisse en essayant de raisonner le patient : on ne fera que l'augmenter, car il n'a plus les moyens d'être rassuré par la parole. Cela ne signifie pas qu'il faille renoncer à dire, mais cela signifie que les moyens verbaux sont limités.</p> <p>La seconde est de comprendre que tout se joue en réalité sur le non-verbal : la précision du geste, ou plutôt sa parfaite adéquation, la lenteur des mouvements, la douceur de la parole, le détournement d'attention quand il est possible, le calme de l'environnement, etc. Naomi Feil dit des choses très pertinentes sur ce sujet. J'ajouterais volontiers que la condition essentielle est de ne pas être angoissé soi-même, ce qui fait qu'il est souvent utile de ne pas être seul.</p> <p>Mais vraiment il n'est pas possible en si peu de temps de vous dire quelque chose de plus consistant. Serait-ce utile, d'ailleurs ? Le simple fait que vous posez la question montre que vous avez bien compris l'enjeu de la relation avec le dément. Et j'ai envie de vous dire que les solutions, vous les trouverez toute seule ; comme j'ai fait. Sans oublier que quand l'angoisse est massive, comme c'est souvent le cas, on peut tout de même se trouver acculé à manier les psychotropes...</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2014-12-30T19:47:25Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment10805 2014-12-30T19:47:25Z <p>Étudiante infirmière en deuxième année je me pose la question suivante:comment rassurer une personne démente (en état de crise anxieuse).Merci</p> La communication avec le dément 2014-12-19T01:15:37Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment10727 2014-12-19T01:15:37Z <p>Bonsoir, Valérie.</p> <p>Je crois que vous avez parfaitement raison de vous poser la question. Et si la question se pose, c'est pour les raisons que vous dites.</p> <p>Je me demande s'il n'y a pas un malentendu sur la notion même de désorientation.</p> <p>Le dément peut être désorienté parce que, pour de multiples raisons, il perd la notion du temps et de l'espace. Lorsque c'est le cas, lorsque par exemple le malade se trompe de chambre ou qu'il confond le jour et la nuit, il peut être très utile de le resituer. La seule condition est de ne pas insister trop lourdement quand on voit que cela ne fonctionne pas.</p> <p>Mais il y a une autre forme de désorientation, qui correspond à ce que vous décrivez : c'est ce que certaine neuropsychologues décrivent sous le nom de <i>plongeon rétrograde</i>, par lequel le malade se trouve projeté dans un passé plus ou moins lointain (et dont je me demande s'il diffère beaucoup dans son mécanisme de la régression décrite par les psychanalystes). Dans ce cas il vaut mieux ne pas essayer de recadrer le patient, tout simplement parce qu'on n'y arrivera pas ; tout ce qu'on obtiendra sera de le mettre en difficulté.</p> <p>Les ressources à mobiliser alors sont globalement celles décrites par Naomi Feil, et qui correspondent à ce que vous proposez de faire.</p> <p>Dans le même esprit, il ne faut jamais essayer de prendre position sur un délire de persécution, à moins qu'il ne soit très léger. Car si vous allez dans le sens du malade vous renforcez le délire, et si vous essayez de le contester vous n'allez pas tarder à être accusée de complicité avec les persécuteurs, ce qui là aussi renforcera le délire. La seule solution est donc de botter en touche, ce qui là aussi correspond à votre projet.</p> <p>Ou encore, si la malade se trouve transporté à une phase de sa vie où elle a dix ans, vous n'allez pas lui donner du « Madame », car elle sait bien qu'à dix ans on n'est pas mariée. C'est même une des indications guère contestables du tutoiement thérapeutique.<br class="autobr" /> Tout ceci pour dire que vous voyez bien les choses. Merci de cette clairvoyance.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2014-12-18T12:35:58Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment10719 2014-12-18T12:35:58Z <p>bonjour, je suis actuellement étudiante en soins infirmiers, avant j'étais aide-soignante. aujourdhui,nous avons eu. un cours sur les soins relationnels. Nous avons évoqué la prise en soins d'un patient dément agité sous forme de jeu de rôles. le formateur nous a préconisé de resituer le malade dans le temps et l'espace. Cette méthode ne me semble pas tout à fait satisfaisante. Il me semble que cela peut-être dévastateur de dire à une personne âgée qui se croit chez elle par exemple qu'elle est dans une institution. J'ai moi m^me fait l'expérience de cela...je préfère travailler sur les réminiscences du patient dans le cas d'une situation d'agitation. Ici, l'élève qui jouait le dément criait " Henri, Henri où est tu ? il faut qu'on aille faire la cuisine". Mon approche serait d'évoquer Henri et pourquoi pas la cuisine...mon formateur n'était pas d'accor. Fais-je fausse route dans mon approche de la communication avec le patient dément. Merci.</p> La communication avec le dément 2014-11-06T21:49:21Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment10521 2014-11-06T21:49:21Z <p>Bonsoir.</p> <p>Je ne sais pas répondre à votre question, mais vous n'imaginez pas à quel point elle me fait plaisir.</p> <p>Du moins, si j'ai bien compris.</p> <p>Car vous touchez là un énorme problème : celui de l'écart qui existe entre (allez, tant pis si on me reproche ce langage qui n'est pas <i>politically correct</i>) l'aidant et l'aidé ; pour prendre l'exemple le plus banal, le fait d'être un professionnel des soins palliatifs en bonne santé devant le malade en fin de vie est pou lui ne violence ; oh, certes, ça n'empêche pas de s'en occuper, mais on serait bien imprudent de ne pas la prendre en compte. De même, être jeune et s'occuper de vieux.</p> <p>Et il existe indiscutablement des formes d'acharnement psychologique, relationnel, rééducatif...</p> <p>Je trouverais passionnant de creuser cette piste. Mais est-ce bien de cela dont vous vouliez parler ?</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2014-11-05T11:30:56Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment10508 2014-11-05T11:30:56Z <p>Bonjour,<br class="autobr" /> Je suis éducatrice dans un foyer d'adultes déficients mentaux.</p> <p>Un sujet me pose question : la communication avec l'usager n'est -elle pas une violence que nous lui infligeons ?</p> <p>Merci si vous avez des références ou des pistes de recherche</p> La communication avec le dément 2014-10-15T20:27:56Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment10324 2014-10-15T20:27:56Z <p>Bonsoir, et merci de votre message.</p> <p>Il y a une première réponse qu'on peut faire, et qui est très simple. Le fait de mentir à un patient, quel qu'il soit, contrevient à la loi du 4 mars 2002, mais aussi à la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. Le fait d'imposer à une personne vulnérable un lieu de résidence qu'elle n'a pas choisi constitue le crime de séquestration visé par l'article 224-1 du Code pénal. On pourrait aussi invoquer l'article 223-15-2, qui punit l'abus de faiblesse. Dans tous les cas cette situation est évidemment une maltraitance caractérisée.</p> <p>J'ai parfaitement compris que les gens qui se sont rendus coupables de cette maltraitance l'ont fait parce qu'ils pensaient qu'il fallait mettre la personne en sécurité. Mais cela ne retire rien au fait qu'ils sont dans la plus totale illégalité. De deux choses l'une : ou bien la personne malade est en état de décider pour elle-même, et alors elle le fait ; ou bien elle ne l'est pas et il faut le prouver, ce qui se fait par une expertise, et il faut obtenir de la République, seule habilitée à limiter la liberté d'aller et de venir d'un de ses citoyens, une autorisation dans ce sens ; cela s'appelle une mesure de tutelle.</p> <p>Il est totalement inacceptable de s'arroger ainsi des droits sur d'autres personnes. En pratique, évidemment, il va falloir négocier, discuter avec l'entourage, prendre en compte leur angoisse, leur détresse, et les amener à comprendre qu'il y a d'autres solutions que celle qu'ils ont choisie. Mais les professionnels de santé ont des devoirs, et si au nombre de ces devoirs figure en bonne place la prise en charge des proches il n'en reste pas moins que leurs devoirs principaux sont envers le malade ; et qu'en cas de conflit entre les premiers devoirs et les seconds, ce sont les devoirs envers le malade qui doivent primer. Cela implique que, sauf mesure de tutelle, le professionnel doit refuser d'admettre en maison de retraite une personne qui ne le veut pas. Le reste est lâcheté.</p> <p>Mais pour répondre à votre question, c'est aussi une faute professionnelle majeure. Car il faut ne rien avoir compris à la démence pour s'imaginer que le dément est un imbécile qui ne comprend pas ce qui se passe. Non seulement il faut maintenir que mentir à un dément c'est mentir à un citoyen, mais comme ils sont au suprême degré sensibles à tout ce qui n'est pas clair ils vont vite comprendre que quelque chose ne va pas ; et comme ils n'ont plus les moyens d'analyser les situations le malaise créé va être encore plus violent que chez toute autre personne. C'est ce que vous avez constaté.</p> <p>Dans votre mémoire, parlez des problèmes juridiques, mais sans monter sur vos grands chevaux comme je viens de le faire : on vous en voudrait. Par contre il vous faut insister sur le fait que la démence ne peut être assimilée à une maladie de l'intelligence : devenir dément n'est pas devenir idiot. Mais il vous faudra ajouter que le pire est sans doute de pérenniser ainsi une situation fausse, qui va gravement perturber la relation entre les proches et le malade, alors que, précisément, à ce stade de la maladie il n'y a rien d'autre à faire qu'essayer de vivre une relation en vérité et transparence. Le malade fera les frais de cette relation pervertie, les proches eux aussi la paieront cher.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2014-10-15T14:42:34Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment10322 2014-10-15T14:42:34Z <p>Bonjour, je traite dans mon mémoire de fin d'études (ifsi) d'une patiente atteinte de la maladie d'Alzheimer, à qui on a menti pour faciliter son placement en unité Alzheimer. En effet la famille et les médecins lui ont laissé penser que le placement serait temporaire. 1 an après elle comprend qu'il y a quelque chose qui ne "tourne pas ". pour vous quel est l'impact du mensonge sur une patiente démente dans l'attente d'un retour à domicile ? merci de votre réponse.</p> La communication avec le dément 2014-09-10T18:28:14Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment10195 2014-09-10T18:28:14Z <p>Bonsoir, et merci de ce message.</p> <p>Mais je crains de vous décevoir.</p> <p>Car vous pensez bien que si les choses pouvaient s'enseigner à distance, cela signifierait qu'elles sont simples. Je doute donc que vous trouviez quelque chose, du moins quelque chose de sérieux.</p> <p>Mais là où la situation s'éclaircit, c'est que ce n'est pas d'abord une question de méthode.</p> <p>Par exemple vous parlez de la sophrologie.</p> <p>Je suis porté à dire de la sophrologie ce que je dis de la Validation, et ce que je dis de l'"Humanitude" : c'est une technique très intéressante, et je souhaite vivement qu'elle soit diffusée bien plus largement qu'elle ne l'est. Mais il ne faut pas en faire autre chose que ce qu'elle est. A l'origine on trouve l'intuition, assez géniale, de Caycedo qui met au point ce qu'il appelle la "relaxation dynamique" ; l'une des frustrations de la relaxation classique, c'est précisément qu'elle élude la question du mouvement, d'où l'apport de la sophrologie. Mais cela reste une méthode de relaxation, et je ne donne pas cher des élucubrations théoriques auxquelles elle donne volontiers lieu.</p> <p>Mais je me demande si vous n'avez pas déjà fait le plus important : apprendre à faire confiance au dément. Car vous avez raison : quand il délire, il dit quelque chose, et il faut recevoir ce qu'il dit. Attention, cela a des limites. Souvenons-nous des impasses de l'antipsychiatrie : oui, le délire est un langage, et l'idéal serait de l'entendre et de le comprendre ; le problème c'est qu'il faut y arriver, et que pendant qu'on s'y essaie le délire prospère et produit ses propres dégâts. Cela dit, tant que vous garderez en vous cette conviction, vous serez une bonne soignante.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2014-09-08T19:24:35Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment10193 2014-09-08T19:24:35Z <p>bonsoir, assistante sociale de formation, je suis actuellement en contrat d'accompagnement à l'emploi dans une maison de retraite. Je suis ASH et je souhaite travailler la communication avec la personne démente et la personne atteinte de la maladie d'Alzheimer. <br class="autobr" /> Pour la communication non verbale je pense à une formation en sophrologie mais savez vous s'il existe des formations à distance car ce que je vis et ce que je vois est loin de ce que vous décrivez. <br class="autobr" /> Ce qui m'est rapporté lorsqu'une personne est en délire c'est "laisse le il va finir par s'arrêter alors que cette même personne me semble angoissée lorsqu'elle ne trouve pas sa chambre ou veut aller moissonner...<br class="autobr" /> Par ailleurs, je sens que le manque de stimulation fait perdre pieds à certains autres résidents.</p> <p>Je vous remercie pour votre analyse et votre réponse</p> Comment l'infirmière peut-elle optimiser la communication auprès d'une personne démente ou aphasique en EHPAD ? 2014-09-08T10:57:28Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment10192 2014-09-08T10:57:28Z <p>Bonjour, Saliha.</p> <p>A la question telle que vous la posez, la réponse est oui, sans aucune hésitation. J'ai dit et répété, mais je ne m'en lasse pas, que, quelles que soient les critiques et les réserves que je peux formuler sur certains points, la formation "humanitude" est probablement la meilleure chose qui puisse arriver à une équipe.</p> <p>Elle aide à restaurer la communication, mais elle le fait simplement (!) en permettant au soignant de retrouver des attitudes normales, de ces attitudes dont bien souvent on lui a expliqué qu'elles ne servaient à rien. Oui, le dément, même profond, communique, oui, il parle bien mieux qu'on ne pense, oui, notre devoir de professionnel est de rester aux aguets de ses réponses ; mieux : en demande de ses réponses.</p> <p>Cela dit, une fois cette certitude réinstallée dans l'esprit du soignant, la formation "humanitude", pour ce que j'en connais, ne me semble apporter rien de particulier. Sa force c'est d'installer durablement le soignant dans une position où il lui est plus facile de ne pas l'oublier. En somme j'en dirais (de ce point de vue seulement, car il y a une foule d'autres aspects sur lesquels elle permet beaucoup de choses) ce que je dis de la réglette d'évaluation de la douleur : la réglette n'est pas un bon moyen mais on vérifie sans peine que dans les services où la réglette est usée la douleur est plutôt mieux prise en charge que dans ceux où elle ne l'est pas.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> Comment l'infirmière peut-elle optimiser la communication auprès d'une personne démente ou aphasique en EHPAD ? 2014-09-08T10:16:46Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment10191 2014-09-08T10:16:46Z <p>Bonjour,</p> <p>Je suis étudiante infirmière en troisième année et je travaille sur mon sujet de mémoire qui portera sur les moyens que l'on peut utiliser pour améliorer la communication avec la personne démente qui est touché par le problème de la perte de la communication. Je vous ai fait part de ma problèmatique ci-dessus, mais pour mon hypothèse de recherche, je m'oriente sur la formation des infirmières à l'humanitude. Es-ce que la formation des infirmières à l'humanitude permettrait de développer une meilleur relation avec la personne démente et aphasique.<br class="autobr" /> Merci de me donner votre avis à ce sujet.</p> La communication avec le dément 2013-10-14T20:04:43Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment9707 2013-10-14T20:04:43Z <p>Bonsoir, Alison.</p> <p>Ce que j'en pense ?</p> <p>Vous l'avez dans l'article <i>Le tutoiement</i>. Je n'y reviendrai donc que brièvement. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Ce n'est pas parce qu'une personne est démente que nous sommes autorisés à nous comporter vis-à-vis d'elle autrement que devant toute autre personne. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Cela dit, il arrive fréquemment que la personne démente se retrouve psychologiquement dans une situation où il lui semble vivre dans un passé éventuellement très lointain ; et il se peut que dans ce passé il soit inapproprié de la vouvoyer : si elle se retrouve à un stade où elle s'imagine avoir dix ans, elle a toute chance de ne pas être en état de comprendre pourquoi on l'appelle <i>Madame</i>. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Il peut donc être nécessaire de tutoyer un patient dément. Il faut simplement que ce soit un acte de soin, ce qui implique que la décision soit prise en équipe, appliquée d'un commun accord et réévaluée périodiquement.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2013-10-14T08:46:24Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment9677 2013-10-14T08:46:24Z <p>bonjour, que pensez vous du tutoiement des personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer ?</p> La communication avec le dément 2012-10-07T10:11:52Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment8762 2012-10-07T10:11:52Z <p>Bonjour, et merci de votre message.</p> <p>Bien sûr, je crois que c'est possible. Mais c'est évidemment très délicat, très difficile, et très frustrant. Il faut se fixer des objectifs très humbles, accepter de se laisser déstabiliser, de se remettre en question.</p> <p>Je crois qu'il faudrait que vous me précisiez votre projet.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La communication avec le dément 2012-09-24T14:12:58Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article25#comment8749 2012-09-24T14:12:58Z <p>Bonjour</p> <p>Etudiante infirmière en 3ème année, je prépare mon mémoire sur la souffrance des soignants face à une personne démente en fin de vie. Pensez-vous qu'une équipe soignante peut allier bien-être et fin de vie pour une personne démente, aphasique, en opposition aux soins ?</p> <p>Cordialement<br class="autobr" /> Mlle P.</p>