La toilette - commentaires La toilette 2019-10-13T07:58:09Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article124#comment16358 2019-10-13T07:58:09Z <p>Bonjour, Johanne, et merci de ces encouragements. Je sais que je dois écrire de nouveaux textes, mais la retraite et le statut de grand-père sont des calamités pour les emplois du temps.</p> <p>Un mot sur la leucoaraïose. J'ai sûrement tort, mais je n'y attache aucune importance.</p> <p>Il s'agit d'une image radiologique permettant de penser qu'il existe une dégénérescence de la substance blanche. Les causes les plus fréquemment envisagées sont vasculaires.</p> <p>Et alors ?</p> <p>Je vous recommande la lecture de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Leucoaraiose" class="spip_out" rel='nofollow external'>notice Wikipédia</a> : c'est l'exemple de ce qu'il ne faut pas faire.</p> <p>Car les démences vasculaires sont, comme leur nom l'indique, liées à des lésions des vaisseaux. Le moins qu'on puisse attendre est donc que, dans les cas de démence vasculaire, l'imagerie montre des zones de leucoaraïose. Mais l'inverse n'est nullement vrai, et ce n'est pas parce que tel malade a des images de leucoaraïiose qu'il a une démence vasculaire, ou qu'il va en avoir une.</p> <p>Il n'y a aucune corrélation entre l'intensité des lésions et l'état cognitif. Par exemple dans la démence de type Alzheimer les autopsies ont montré qu'on trouvait des déments profonds avec un cerveau très peu lésé, et inversement des sujets n'ayant aucun trouble avec pourtant un cerveau dans un tel état qu'on se demande avec quoi ils pouvaient bien penser. C'est l'un des arguments essentiels pour dire que la démence de type Alzheimer est une maladie multifactorielle, dans laquelle la crise du vieillir joue un rôle fondamental ; mais ce sont là des évidences dont, dans trente ans, on se demandera comment on a bien pu faire pour les méconnaître.</p> <p>En attendant je m'obstine à tenir pour coquecigrues les discours qu'on essaie de nous vendre sur, par exemple, les corrélations entre la taille de l'hippocampe et le niveau de démence de type Alzheimer. Tout au plus je me méfierais d'un diagnostic de démence de type Alzheimer chez un patient dont l'hippocampe serait strictement normal ; mais je n'ai jamais perdu mon temps à mesurer un hippocampe. Dans l'exploration des démences l'imagerie a une fonction négative : elle sert à éliminer les pathologies curables qui peuvent simuler une démence (abcès, hématomes, etc) ; elle sert aussi, en cas de normalité, à remettre en cause le diagnostic (et encore). Mais le diagnostic positif, lui, est purement clinique, il se pose en observant le malade, et on n'a que faire de l'imagerie pour cela. Un indice n'est pas un diagnostic.</p> <p>Bref je ne m'intéresserais pas à l'IRM de votre mère ; d'ailleurs, si, ce que pour cette raison je me garde bien de faire, je passais une IRM… Ce qui m'intéresserait davantage serait de savoir pourquoi on a demandé cette IRM : a-t-on évoqué une démence ? Sur quels critères ?</p> <p>Deux choses encore : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> La démence de type Alzheimer est de loin la plus fréquente. Ceci est vrai quel que soit le malade. Si un patient a des troubles vasculaires notoires et une démence, le plus probable est que sa démence n'est pas vasculaire mais de type Alzheimer. S'il en allait autrement cela signifierait que les troubles vasculaires <i>protègent</i> contre l'Alzheimer ; la seule nuance à ce propos est que comme il y a plus de déments dans la population vasculaire (puisqu'il y a autant d'Alzheimer que dans la population générale et qu'en plus il y a des déments vasculaires), la proportion d'Alzheimer y est un peu plus faible. Argument supplémentaire pour ne pas corréler inconsidérément l'existence d'une démence et des images de leucoaraïose. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Une fois qu'on vous a dit que la démence est vasculaire et qu'elle est liée à des lésions de leucoaraïose, en quoi cela va-t-il vous donner une stratégie ?</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La toilette 2019-10-12T17:39:36Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article124#comment16357 2019-10-12T17:39:36Z <p>« MERCI !!!</p> <p>Un immense merci pour ce texte, le premier que je lis de vous. Il m'a fait le plus grand bien !! Il m'a renseignée, questionnée, apaisée, fait rire aussi, profondément, d'un rire ô combien libérateur et salutaire ...</p> <p>Je viens de trouver votre site en poussant mes recherches pour trouver de l'information sur la leucoaraïose, dont ma mère de 84 ans, qui vit chez mois depuis près de 9 ans, vient d'être diagnostiquée. Je constate avec bonheur que j'y trouverai tellement plus...</p> <p>Vos textes seront ma lecture de chevet pour les prochains jours, semaines, mois... Ils tombent à point nommé. Tellement....</p> <p>Merci. Merci encore. Merci. »</p> La toilette 2019-09-02T07:38:29Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article124#comment16329 2019-09-02T07:38:29Z <p>Bonjour, Hardi, et merci de votre message.</p> <p>Je ne peux pas vous aider : il faudrait pour cela examiner la situation.</p> <p>Si je réfléchis je me dis qu'il y a au moins deux pistes.</p> <p>La première est purement mécanique : le geste d'essuyage n'est pas si simple à réaliser, et il se peut que sur le plan articulaire elle soit en difficulté pour placer sa main correctement. On peut s'essuyer en mettant sa main entre ses jambes, on peut le faire en mettant sa main par-derrière. Les articulations, notamment de l'épaule, ne sont pas sollicitées de la même façon. Le problème est qu'il est bien difficile d'obtenir d'une vieille personne qu'elle modifie un geste qu'elle a pratiqué toute sa vie.</p> <p>La seconde est psychique : ces anomalies se voient principalement chez les patients qui commencent à perdre pied sur le plan cognitif. Et (je vais vous déplaire) je suis alerté par votre phrase : <i>Elle est un cas médical totalement unique, et elle devrait ne pas avoir trop de troubles</i>. Je ne comprends pas ce que vous voulez dire, et je suis bien forcé de me souvenir que quand un proche me dit ça c'est l'indice quasi infaillible que, précisément, il commence à ne pas en être si sûr. Mais ce n'est qu'une hypothèse, une inquiétude.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La toilette 2019-09-01T14:37:31Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article124#comment16326 2019-09-01T14:37:31Z <p>Bonjour, <br class="autobr" /> C'est la première fois que j'écris sur un site.Je m'occupe de ma mère qui va sur ses 90 ans. .Elle est un cas médical totalement unique, et elle devrait ne pas avoir trop de troubles. .<br class="autobr" /> Cependant, depuis des années, lorsqu'elle s'essuie, elle s'en met systématiquement sur un doigt. ..et maintenant, c'est sur plusieurs doigts. Elle a dû mal à accepter que je puisse réactiver la façon de tenir correctement le papier. .....tres tabou pour elle...<br class="autobr" /> Et pourtant, elle est encore capable d'apprendre. ..<br class="autobr" /> Que s'est-il passé ? Y aurait il une certaine dyspraxie qui se soit mis en place ?<br class="autobr" /> Je ne vois aucune information sur ce problème sur Internet. ..</p> <p>Elle va encore au cinéma , théâtre, part en vacances aux Canaries, comprend tout. , mais. ....<br class="autobr" /> J'attend beaucoup de vous car ça lui gâche un peu son <br class="autobr" /> psychisme...</p> La toilette 2019-03-04T13:46:04Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article124#comment16042 2019-03-04T13:46:04Z <p>Bonjour, Catherine.</p> <p>Bon, allez, je traduis ?</p> <p>Vous êtes arrivée à la maison de retraite, vous avez trouvé votre mère ou votre grand-mère seule sur les toilettes, vous pensez qu'il s'agit d'une faute et vous êtes en colère.</p> <p>Mais… comment puis-je le savoir ?</p> <p>J'ai connu des soignants maltraitants ; fort peu. J'en ai connu d'autres qui étaient négligents ou irresponsables, ou tout simplement mal formés ; très peu également.</p> <p>Mais j'ai connu, à l'inverse, des soignants très professionnels, qui ont l'obsession de préserver la moindre parcelle d'autonomie ; des soignants qui sont parfaitement capables d'évaluer les aptitudes de la personne, qui sont capables de décider qu'il est important de stimuler les fonctions d'équilibre, et de mettre la patiente sur le siège des toilettes et de l'y laisser seule parce qu'il est important de prendre ce risque pour qu'elle prenne confiance en elle. Je vous dis ça, non parce que c'est ce qui s'est passé, mais parce que je l'ai fait, et préconisé.</p> <p>J'ai connu aussi des soignants qui ont placé une patiente sur le siège des toilettes, sont retournés dans la chambre en gardant un œil sur la situation et qui, brutalement appelés au dehors pour une urgence, ont dû faire un choix. Ils se sont absentés quelques instants, mais entretemps un membre de la famille est arrivé, qui ne savait pas que leur parente n'était seule que depuis quelques secondes, et ont pensé (comment ne l'auraient-ils pas fait ?) que la situation durait depuis des heures.</p> <p>Et j'ai connu encore plus de soignants en sous-effectif qui, ayant fait le lavement, ont essayé d'attendre que l'évacuation se passe au lit, qui n'ont rien obtenu, qui se sont souvenus que dans ce cas il faut essayer de mettre le patient sur le siège des toilettes, mais qui, n'ayant que dix minutes pour l'ensemble de la prise en charge d'un résident, ont dû passer à un autre en croisant les doigts pour qu'il ne se passe rien.</p> <p>Ce qui s'est passé, je ne le sais pas. Ce que j'aurais fait, je ne le sais pas non plus. Mais il y a des circonstances où j'aurais pu prendre ce risque ; je ne l'aurais pas fait sans crainte, mais je l'aurais fait.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La toilette 2019-03-03T22:23:39Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article124#comment16037 2019-03-03T22:23:39Z <p>Bonsoir,<br class="autobr" /> Juste une question simple mais à laquelle je n'arrive pas à trouver de réponse :<br class="autobr" /> En ehpad, est-ce qu'il est normal de laisser une personne fragilisée de 95 ans, qui souffre de démence vasculaire, qui ne marche plus, se nourrit très peu, est très confuse, seule sur les toilettes pour évacuer des selles après un lavement ?<br class="autobr" /> Merci beaucoup de votre réponse<br class="autobr" /> Cordialement</p> La toilette 2017-08-27T18:50:39Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article124#comment15328 2017-08-27T18:50:39Z <p>Bonsoir, Marie, et merci de cet encouragement.</p> <p>Il y a encore tant de choses à écrire... Je vais essayer de secouer ma paresse légendaire.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La toilette 2017-08-27T16:20:23Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article124#comment15326 2017-08-27T16:20:23Z <p>Bonsoir Dr Cavey,<br class="autobr" /> Je viens de découvrir votre site... et je me régale ! <br class="autobr" /> Pour faire court, je suis un peu "obsédée" par la notion de liberté qui doit être un préalable à tout accompagnement d'une personne âgée (on ne devrait d'ailleurs même pas en parler...), et me sens souvent un peu seule.<br class="autobr" /> Je viens de lire 3 de vos dossiers et cela sonne tellement juste ! C'est de plus, une mine d'informations, qui pourra peut-être m'aider à argumenter ma pensée.<br class="autobr" /> En vous remerciant sincèrement, et... ne changez rien.<br class="autobr" /> Au plaisir,<br class="autobr" /> Marie</p> La toilette 2017-01-16T10:12:42Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article124#comment14885 2017-01-16T10:12:42Z <p>Bonjour Martine,</p> <p>Merci pour vos encouragements mais je ne voudrais pas vous vous m'épreniez, je ne veux en aucun cas faire l'apologie du choix du domicile en réponse au choix du placement en institution. En revanche je crois nécessaire même fondamental de repenser le rôle de l'entourage et par conséquent celui des soignants dans la prise en charge des besoins fondamentaux d'une personne démente, surtout quand cette dernière est dite " opposante" ... et ce quelle que soit l'option ( institution ou domicile ) retenue.</p> <p>Sophie</p> La toilette 2017-01-10T13:22:37Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article124#comment14864 2017-01-10T13:22:37Z <p>Merci Sophie et pour vous aussi meilleurs voeux, dont ceux d'une vie plus facile avec votre soeur<br class="autobr" /> c'est vraiment la difficulté principale cette démence qui fait oublier les gestes quotidiens... et de façon variable : une amie dont la maman vient de décéder s'est occupée d'elle jusqu'au bout (92 ans) c'était assez simple malgré la démence sénile forte, peut être les caractères jouent t'ils ? <br class="autobr" /> avec mon père j'ai trouvé "ma" manière, une sollicitation active pour changer les vêtements : "papa ton pantalon est très sale, regarde... si tu veux je t'aide à le changer, et en même temps les chaussettes" ça marche et même il est épaté par la rapidité<br class="autobr" /> par contre ce qui est toilette, ... je sais qu'il accepte une douche le lundi, j'essaie de proposer 2 jours, pour le moment sans succès ; pour le lavage des mains, c'est encore plus compliqué alors le gel hydro alcoolique ! et je ne sais pas comment lorsque je n'y suis pas... (il a un staphylocoque doré)</p> <p>par contre lorsque c'est possible, garder les parents âgés chez eux ou dans la famille, au bout de 5 mois d'expérience avec l'EHPAD, je sais maintenant que c'est le mieux (et je répète que c'est plutôt un bon établissement), <br class="autobr" /> malheureusement nos vies ont changé, pour moi c'est avant tout une sécurité de le voir là bas, mais je suis toujours choquée par les violences symboliques, réelles... quelle société !</p> <p>bon courage avec votre soeur.<br class="autobr" /> m@</p> La toilette 2017-01-08T08:38:54Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article124#comment14856 2017-01-08T08:38:54Z <p>Bonjour Martine,</p> <p>A mon tour de m'excuser pour le retard de ma réponse . Je vous adresse mes meilleurs de voeux pour la nouvelle année ; que votre père, vous- même et la structure parviennent à définir de concert une tonalité quant à la difficulté de prise en charge de votre père.</p> <p>Après</p> <p>Je me suis autorisée à intervenir sur votre post parce qu'à la maison nous rencontrons, ma famille et le service d'aide à domicile les mêmes difficultés quant à la prise en charge de notre soeur ( MMS aujourd'hui plus réalisable en regard de l'évolution de sa démence). Invariablement, par périodes Isabelle oppose un refus ( repas , toilette, etc ) face aux interventions de qui que soit, ce qui veut dire que nous abordons la question du soin sous contrainte .... Y compris avec Isabelle. J'ai quand même remarqué que lorsque face à ses oppositions je lui oppose à mon tour que même la vie en famille comporte son lot de contraintes, Isabelle comprend peut-être, sans doute, seulement l'instant d'un instant la tonalité de mon discours et le soin devient alors possible.</p> <p>Après</p> <p>ce n'est l'aide- soignante que je suis qui parle à Isabelle ... c'est sa soeur. Ce n'est pas l'aide soignante qui fait sa toilette ou qui l'aide à se nourrir, c'est sa soeur.</p> <p>Après</p> <p>Dans ces périodes d'opposition, Il ne sera jamais question pour ma famille de demander aux aides à domicile d'assumer la responsabilité d'un soin sous contrainte ou de se comporter vis à vis d'Isabelle comme un proche et encore moins d'user de faux semblants , d'artifices en créant autour d'elle, avec notre complicité un monde à la " Truman show" parce que je pense, mais ceci n'est qu'une une théorie qui vaut ce qu'elle vaut , qu'un dément garde une forme de mémoire collective de notre société : Il n' y a quand même pas si longtemps que ça les enfants ou les beaux enfants s'occupaient de leurs parents et/ ou de leurs beaux parents quand ces derniers vieillissaient, les frères et soeurs s'occupaient du frère ou de la soeur handicapé( e) etc.</p> <p>Sophie</p> La toilette 2016-12-30T20:21:13Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article124#comment14828 2016-12-30T20:21:13Z <p>Bonsoir, Martine.</p> <p>Je comprends votre sentiment. Mais même si je crois comme vous qu'il faut être très ferme sur les dysfonctionnements que vous pouvez constater, je ne serais pas tout à fait aussi dur : les gens font comme ils peuvent, comme ils savent, comme ils souffrent. Si nous considérons par exemple les tentatives pour faire du lieu de vie du malade un substitut de son domicile, elles sont à la fois ridicules, irréalistes, touchantes et pathétiques. Et à l'heure où je vous écris je ne suis toujours pas sûr de savoir ce que j'en pense.</p> <p>C'est aussi pourquoi je ne me presserais pas pour parler de "questions de société". Oui, il y en a, et on a raison de les pointer. Mais il faudrait se demander si c'est la réflexion sur la société qui va faire évoluer la situation des maisons de retraite, ou si c'est plutôt l'inverse. N'oublions pas que nous avons affaire à des choses extrêmement compliquées, et sur lesquelles aucun de nous n'a suffisamment réfléchi.</p> <p>Il faut donc tâtonner, comme vous le faites, et manier à la fois la fermeté et l'indulgence.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La toilette 2016-12-27T19:19:53Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article124#comment14822 2016-12-27T19:19:53Z <p>bonsoir Michel<br class="autobr" /> oh oui, en effet, quelle violence..., que d'hypocrisie et que de questionnements ...<br class="autobr" /> nous sommes là, je crois, dans un fonctionnement qui renvoie à des questions de société non abordées ou mal abordées (sauf ici et encore merci de cela !)<br class="autobr" /> tâtonnements, donc, et tentatives de dialogues.<br class="autobr" /> j'avance comme je peux avec des réussites variables<br class="autobr" /> m@</p> La toilette 2016-12-27T19:10:11Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article124#comment14821 2016-12-27T19:10:11Z <p>merci de votre message Sophie et dsl pour le retard de la réaction mais je suis devenue une mamie très occupée depuis le début décembre... ;<br class="autobr" /> c'est bien aussi ma préoccupation que cette réflexion commune, cependant, après 5 mois je suis peu optimiste quant à la possibilité de l'établir. Je vois des personnes (infirmières, aides soignants) qui ont peu de temps pour le dialogue ; l'équipe de direction et le médecin de l'établissement sont prêts à aborder le problème mais, bien entendu, vu de plus haut... c'est un peu par hasard que j'ai entendu cette réflexion qui ouvrait un pan de questionnements<br class="autobr" /> On ne peut, à mon avis, laisser ces questions aux seuls individus (empathie ou professionnalisme) et vous avez raison, surtout pas seulement aux aides soignants, et c'est pourtant ce qui se passe dans les faits. Je suis assez choquée de façon globale même si je reconnais que ces établissements font aussi des choses intéressantes (respect formel en nommant la personne, en respectant son espace, personnel à l'écoute, ...) sur cette question de la propreté je fais le plus d'effort avec mon père tant je sens de faux semblants dans l'attitude générale.<br class="autobr" /> difficile difficile d'obtenir le temps et la volonté d'aborder ces questions... <br class="autobr" /> je ne renonce pas mais je crois que cela prendra du temps<br class="autobr" /> m@rtine</p> La toilette 2016-11-27T06:44:33Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article124#comment14736 2016-11-27T06:44:33Z <p>Bonjour Martine,</p> <p>" ...le personnel me dit "ensuite c'est nous qui sommes mal notés" je comprends que là aussi il y a des enjeux qui m'échappent ..."</p> <p>Un point de vue, enfin le mien</p> <p>Il me semble que votre famille et l'ensemble de la structure ne peut faire l'impasse sur une réflexion commune,</p> <p>Jusqu'où peut- elle aller en déléguant, en sous- traitant à des aide- soignants ( acteurs hiérarchiquement les plus vulnérables) un soin sous contrainte ?</p> <p>Sophie</p> La toilette 2016-11-24T08:53:04Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article124#comment14729 2016-11-24T08:53:04Z <p>Bonjour, Chiara.</p> <p>Je comprends que vous ayez du mal à trouver une attitude. Mais vous ne pourrez pas en trouver sans une analyse robuste de la situation. Car comme d'habitude il y a plusieurs hypothèses à envisager.</p> <p>Celle d'une démence vasculaire va effectivement de soi. Mais il y en a d'autres : la démence de type Alzheimer, certes, mais aussi la dépression, ou d'autres maladies psychiatriques du sujet âgé ; les stratégies, les pronostics, les espérances ne sont pas les mêmes.</p> <p>Or ce n'est pas simple : considérez ce qu'il vous dit : <i>il préfère être sale qu'être aidé pour la toilette</i>. On n'est pas loin de lui donner raison. Le problème est que ce n'est pas réaliste. Et quand vous écrivez : <i>il se plaint auprès de moi de fuites urinaires occasionnelles. (…) il ne voit pas d'inconvénients à garder un pantalon souillé</i>, la contradiction est insurmontable. Il y a donc des éléments en faveur d'une perte du sens des réalités, en lien probable avec une démence, mais il n'y a peut-être pas que cela.</p> <p>Ceci pour vous illustrer la nécessité absolue de faire un point de son état intellectuel : établir ou éliminer le diagnostic de démence est un préalable à toute réflexion.</p> <p>Quand ce sera fait, il sera possible de réfléchir à la meilleure stratégie. La question de la toilette suppose en effet qu'on sache ce que le malade est capable de penser. On est libre de ne pas se laver mais cela a des conséquences sociales. Je peux concevoir (je n'en ai jamais vraiment rencontré) qu'un sujet en pleine possession de ses moyens intellectuels refuse de se laver ; mais alors il faut qu'il assume les conséquences et qu'il quitte l'EHPAD. Dans le cas de votre père on a lieu de présumer qu'il se comporte ainsi parce qu'il a perdu une partie du sens des réalités ; on peut donc (on doit) lui imposer un minimum de choses (mais je n'oublie pas qu'il existe des techniques relationnelles qui permettent largement de contourner la difficulté).</p> <p>Mais je crains que vous ayez du mal à vous résigner à la réalité : oui, la probabilité essentielle est une démence.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La toilette 2016-11-23T15:50:12Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article124#comment14726 2016-11-23T15:50:12Z <p>Bonsoir,<br class="autobr" /> Mon père est en résidence retraite depuis 3 ans. Il a fait plusieurs avc dont un majeur lui laissant des séquelles surtout intellectuelles, et un peu physiques aussi puisqu'il a du mal à se servir de sa main gauche. Je trouve que depuis plusieurs mois son hygiène (et son état intellectuel) laisse vraiment à désirer. Il me dit se laver mais j'ai beaucoup de mal à le croire quand je le vois certaines semaines (il vient manger chez moi un midi, tous les we). J'avoue que son aspect me répugne dans ces moments là, et j'ai beaucoup de mal. J'en ai déjà discuté des 10zaines de fois avec lui, alternant entre la douceur et les menaces car j'aimerais qu'il accepte une aide exterieure pour la toilette mais il refuse obstinément. De plus, Depuis un mois environ il se plaint auprès de moi de fuites urinaires occasionnelles. Là encore, il y a peu de réactions de sa part, puisqu'il ne voit pas d'inconvénients à garder un pantalon souillé. Il refuse évidemment toute protection. Il est à un point où il lui arrive de défèquer en partie à côté des toilettes et laisse "ça" en plan, s'essuyant avec son gant, sa serviette....<br class="autobr" /> J'avoue des fois que je perds patience face à son obstination et ce laissé aller, mais il me dit qu'il préfère être sale qu' être aidé pour la toilette.<br class="autobr" /> Je ne sais pas quelle attitude adopter, face à ce problème, et quelle doit être l'attitude du personnel soignant de l'EPHAD. Je sais qu'il ne faut pas être dans la confrontation, mais à un moment, s'il refuse toute aide, ça va vraiment être problématique.Je dois rencontrer le docteur référent, ainsi que l'infirmiere cadre et la sous directrice à ce sujet demain, mais j'aurais aimé avoir votre avis. <br class="autobr" /> Bien cordialement,<br class="autobr" /> chiara</p> La toilette 2016-11-23T07:36:56Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article124#comment14723 2016-11-23T07:36:56Z <p>Oui, Martine, c'est très compliqué.</p> <p>Le fond du fond à mon sens c'est qu'il faudrait que la situation en EHPAD soit la plus <i>normale</i> possible, n'est-ce pas ?</p> <p>Mais à supposer que nous puissions réellement affecter à cet idéal les moyens nécessaires (et j'en doute compte tenu du coût) il resterait une anomalie ineffaçable : au fond c'est une violence que de devoir accepter qu'un autre s'occupe de vous. J'ai été très peu hospitalisé dans ma vie, mais j'ai le souvenir très net que ma hantise était qu'on doive me faire ma toilette.</p> <p>Songez-y : on propose souvent que dans la chambre du résident on apporte un meuble qui lui est particulièrement cher. Cela lui rappelle son chez lui. S'il le veut, je n'ai rien contre. Mais quelle dérision, au fond ! Pourquoi veut-on créer pour le dément un environnement où il se sentirait <i>comme chez lui</i>, alors que précisément la seule chose dont il se souvient est qu'<i>il n'est pas chez lui</i> ? J'ai même tendance à penser que c'est un moyen idéal pour aggraver son incompréhension du monde.</p> <p>Il faut donc effectivement continuer à explorer cette situation, et aller de compromis en compromis. Et il n'y a pas de méthode...</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La toilette 2016-11-16T19:00:29Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article124#comment14713 2016-11-16T19:00:29Z <p>bonsoir et merci de cette réponse<br class="autobr" /> que dire sur sa conscience : elle fluctue... il est lucide souvent mais ce refus de toilette est aussi dû au fait que plusieurs personnes se relaient pour cette tache (lorsque l'on parle d'un temps de relation, j'ai des doutes) je pense effectivement qu'il est dépressif et qu'il ne se donne plus la peine de faire cet effort<br class="autobr" /> alors tout acte en ce sens doit être ressenti comme violent, c'est à cette réflexion que j'aboutis et là l'impasse est pour moi<br class="autobr" /> je pense que je vais faire au jour le jour et au feeling et parler avec la direction pour comprendre leur tolérance</p> <p> je crois aussi que tout serait différent si la vie continuait vraiment dans les ehpad, ... là je dis qu'il s'éteint c'est moche, seuls les très dépendants y vont, et lui n'est pas encore à ce point (n'était pas !)</p> <p>il me semble la toilette est un acte éminemment social, une pulsion de vie, ces lieux n'y incitent pas (surtout dans ces moments transitoires démence mais aussi lucidité) la maltraitance est elle évitable ? le personnel me dit "ensuite c'est nous qui sommes mal notés" je comprends que là aussi il y a des enjeux qui m'échappent ...</p> <p>jusqu'où peut il assumer ce refus ? <br class="autobr" /> oui, des réponses fragiles, relatives, et très dérisoires, je suis rentrée dans cette zone difficile... le feeling, l'empathie, l'écoute... outils aussi fragiles, et je n'en ai pas d'autres<br class="autobr" /> m@</p> La toilette 2016-11-14T07:37:47Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article124#comment14710 2016-11-14T07:37:47Z <p>Bonjour, Martine.</p> <p>Non, pas facile. Les positions qu'on peut adopter sont toujours fragiles, relatives, et passablement dérisoires. Je vous en donnerais trois :<br class="autobr" /> 1°) : La liberté d'une vieille personne est un absolu. A condition du moins qu'on soit assuré que ses capacités intellectuelles sont suffisamment préservées pour qu'elle puisse exercer cette liberté ; sinon on est dans l'escroquerie. Mais une fois qu'on a rappelé ce principe, il faut lui en ajouter un autre : si j'estime que le sujet a les moyens intellectuels d'exercer sa liberté, je dois estimer tout autant qu'il a les moyens d'assumer les conséquences de ce qu'il décide. Et si c'est librement qu'il ne veut pas se laver (franchement, j'en doute), alors c'est librement qu'il accepte la conséquence, qui est que sa vie sociale n'est pas possible dans l'EHPAD. Et il se fait mettre à la porte.<br class="autobr" /> 2°) : S'il n'est pas en état d'exercer sa liberté, il faut se demander si on peut y remédier. Pour aller scandaleusement vite (car je n'ai jamais vu votre père) il se comporte ainsi parce qu'il déprime ; ou qu'il est dément ; ou les deux. Il n'est donc pas envisageable de proposer, encore moins de décider, quoi que ce soit tant que le point n'est pas fait.<br class="autobr" /> 3°) : Si le résultat de tout cela est que, décidément non, votre père n'est pas en état d'exercer sa liberté et que, décidément non, il n'est pas possible de le mettre à la porte, il reste à lui imposer les toilettes. Cela suppose qu'on soit au clair vis-à-vis de la maltraitance. Je crois que je l'ai déjà dit, mais il faut considérer que le terme de maltraitance est particulièrement complexe à utiliser, tout simplement parce que sa signification change selon qu'on se place du point de vue de celui qui subit ou du point de vue de celui qui impose. Pour celui qui subit, le terme de maltraitance est un concept relativement univoque. Mais celui qui l'impose voit parfaitement la différence entre : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> La contrainte, ensemble de nécessités plus ou moins déplaisantes mais qu'il faut bien accepter : l'entrée en EHPAD est une contrainte. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> La violence, qui peut être indispensable quand le respect d'une contrainte doit être imposée : la contention est toujours une violence, y compris quand elle est manifestement nécessaire. <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> La maltraitance : qui rassemble des pratiques relevant évidemment du Code Pénal.</p> <p>Ici les questions qui se posent sont donc : <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Qu'est-ce qui est indispensable ? <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Votre père peut-il y souscrire ? <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Si non, quelle est la quantité de violence nécessaire ? <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> Comment être violent sans être maltraitant ?</p> <p>Mais ne ne sont là que les questions. Quant aux réponses...</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> La toilette 2016-11-12T14:18:30Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article124#comment14708 2016-11-12T14:18:30Z <p>Merci beaucoup de ce texte qui suscite un million de questions dans ma tête de fille d'un Mr de 88 ans, rentré en EHPAD au mois d'aout après 4 mois d'hospitalisation. <br class="autobr" /> Le thème d'une discussion datant de moins de 24h était celui ci... ne pas se laver,ni les dents ni le corps, ne pas se changer, et par conséquent sentir assez mauvais pour que j'ai moins envie de lui faire la bise et l'approcher... <br class="autobr" /> Et j'ai tout faux puisque j'ai dit à la fois "tu te sentirais mieux" j'ai tout de même, par habitude dit "peut être" et "cette odeur me dérange assez et peut être que d'autres en sont aussi dérangés", pauvres arguments à effet relatif</p> <p>c'est vrai aussi que cette idée, que j'ai partagée avec l'équipe, a donné lieu à une insistance sur ces exigences formulées le matin, et à un résultat catastrophique puisque mon père a montré une forte opposition à ce désir de propreté imposée ! <br class="autobr" /> Sa vie, seul depuis plusieurs années, était suffisamment animée d'un désir de rencontre pour qu'il s'impose volontairement cette "discipline"... aujourd'hui il a abandonné, en plus de la toilette, appareils dentaire et auditif ; quelle solution terrible que ces ehpad, même confortables, colorés, "animés" et avec un personnel avenant, quelle violence, même si j'ai conscience que c'est le "moins pire" dans cette situation précise.</p> <p>je vais tout relire et mouliner dans ma tête pour essayer d'aborder les choses différemment, merci vraiment de ce remue méninges ! (et accessoirement, vais acheter un pain surgras pour la toilette de mon père !!)<br class="autobr" /> tout votre blog est une mine d'humanité merci<br class="autobr" /> m@</p> comment faire la toilette ? 2016-08-27T05:52:59Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article124#comment14552 2016-08-27T05:52:59Z <p>Bonjour,</p> <p>"pourquoi cet acte si important dans la vie quotidienne de personnes dépendantes, est-il si faiblement valorisé ?"</p> <p>J'ai la faiblesse de penser que cet acte sera valorisé le jour où l'enseignement dispensé dans les IFSI ne fera pas de façon délibérée ou non ? l'impasse sur sa dimension éthique, le jour où des philosophes seront invités pour expliquer pendant une heure , deux heures si nécessaire une phrase , une seule " d'abord ne pas nuire."</p> <p>Voilà , à mon avis une question majeure à laquelle tout soignant est confronté.... quel que soit son statut, quel que soit l'acte qu'il est sensé dispenser</p> <p>Après je veux bien prendre en considération des considérations psycho - sociales mais ma première revendication est que ce n'est pas parce que je suis <i>seulement </i> aide- soignante que j'ai droit <i>seulement</i> à des discours éthiques low cost.</p> <p>Sophie</p> La toilette 2016-08-25T03:29:30Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article124#comment14547 2016-08-25T03:29:30Z <p>Bonjour Franck,</p> <p>" ... pourquoi la toilette est-elle considérée comme un acte de soin, si elle est si peu médicale ? ..."</p> <p>Une réponse... la mienne,</p> <p>Parce que si la toilette n'est pas considérée comme un acte de soin c' est tout le système, plus précisément les soins relevant du rôle propre infirmier, qui s' effondre.</p> <p>Un exemple :</p> <p>Je suis AS au sein d'un SSIAD et nous avons actuellement au sein du service un couple de personnes âgées dont la prise en charge des soins d'hygiène du monsieur ( 92ans) pose souci car ce monsieur n'en veut pas ... contrairement à sa femme, que nous prenons aussi en charge sans problème, laquelle veut absolument que nous fassions la toilette de son bougre de mari.<br class="autobr" /> J'ajouterais que le mode de fonctionnement de ce couple me fait penser au film de Pierre Granier- Deferre : <i>Le chat</i> ... film remarquablement servi par le couple Signoret/ Gabin.</p> <p>Tout ça pour vous dire que le débat au sein du service concernant ce monsieur tourne autour de la prescription infirmière. Ces dernières défendant le principe qu'à partir du moment où c'est un soin prescrit , relevant du rôle propre IDE, nous les AS n'avons pas notre mot à dire et devons considérer que nous n'avons aucune latitude de décision ... comme une IDE et à plus forte raison une AS n'ont de mot à dire quand un médecin prescrit un traitement.</p> <p>Ambiance !</p> <p>Sophie</p> comment faire la toilette ? 2016-08-23T20:05:48Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article124#comment14545 2016-08-23T20:05:48Z <p>Bonsoir, Franck, et merci de vos encouragements.</p> <p>Votre message demanderait effectivement de longs développements. Je ne peux donc vous faire qu'une réponse provisoire.</p> <p>D'abord, mon texte visait surtout le « pourquoi ». Le vôtre porte sur le « comment », et cependant nous retrouvons des aspects qui rejoignent mes propres étonnements. Ainsi quand vous demandez <i>comment les personnes font-elles pour que leurs habitudes de vie soient respectées par les soignants ?</i>, on peut immédiatement pointer que cette question ne devrait même pas se poser. Si elle vient, c'est parce que le soignant vient avec une technique préconçue ; je n'ai guère besoin d'insister. C'est la même chose pour la difficulté d'<i>élaborer une pratique « singulière » de la toilette</i> : le soignant se montre au service d'un mythe, non d'un patient (pardon : sur ce terme vous avez raison, mais on ne se refait pas…) ; et la seule limite est effectivement les contraintes de la sécurité. Mais au fait… dans nos relations avec la vieille personne toute la question est bien d'être vrai ; et je crois que nous ne devons pas lui éviter, ou du moins pas sans mûre réflexion, la confrontation avec le réel. Je dois respecter de mon mieux les volontés de la personne ; mais je lui mentirais si j'éludais le fait que j'ai, moi aussi, des besoins, des exigences, une liberté.</p> <p>Sur les <i>pourquoi</i>, maintenant :</p> <p>La toilette est-elle un acte de soin ? Je ne sais pas. Je ne sais pas pourquoi on fait cette différence entre soin et traitement, cela ne tient pas la route, cela fausse tout le raisonnement. Je préférerais qu'on médite sur ce mystère du langage : s'il y a une différence, elle est entre le soin qu'on donne et le soin qu'on prend. Mais ce n'est pas la seule occurrence où l'emploi d'un mot finit par hypnotiser ceux qui l'emploient.</p> <p>Les médecins en tout cas font une différence : il y a des choses dont tout de même ils ne vont pas s'abaisser à s'occuper. C'est peu de dire qu'ils ont tort, et je maintiens qu'un gériatre qui ne s'est jamais assis pour faire manger une vieille démente ferait mieux de changer de métier.</p> <p>Sur la valorisation, par contre, je crois que c'est très simple : les moyens ne sont pas là ; et je persiste à penser qu'ils n'y seront jamais. C'est bien la raison pour laquelle je me demande s'il ne faudrait pas reconsidérer le dogme de la toilette (mais vous me confirmez que, comme je l'ai indiqué, on aurait tort de déduire de mon texte que les vieilles personnes ne sont pas demandeuses de toilette).</p> <p>Sur les SPASAD, je cois qu'il faudra voir à l'usage. Mais la première idée qui me vient est qu'il s'agit avant tout d'une manœuvre comptable : on veut distinguer, comme on l'a fait pour les maisons de retraite, ce qui relève de la maladie et ce qui relève de la dépendance ; la seule différence est que dans le cas des SPASAD la partie dépendance ne sera pas financée du tout. En tout cas l'objectif est évident : jusqu'ici les moyens des SSIAD étaient assez largement dévolus à la prise en charge de la dépendance ; il s'agit de mettre un terme à cette situation, en les recentrant sur le seul volet maladie. Allons plus loin : recadrant ainsi les missions des SSIAD, on pourra les charger d'une partie des malades pris en charge par l'hospitalisation à domicile (les HAD sont très surveillées pour s'assurer que leurs malades ne relèvent pas d'un SSIAD), ce qui libérera de la place pour mettre en HAD des malades qui sont actuellement hospitalisés en conventionnel. Classique. Classique et pas nécessairement illégitime. Tout de même, on pouvait rêver d'un projet plus ambitieux.</p> <p>Bien à vous,</p> <p>M.C.</p> comment faire la toilette ? 2016-08-23T11:40:59Z http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article124#comment14543 2016-08-23T11:40:59Z <p>Bonjour,</p> <p>Merci pour ce remarquable article, très bien documenté et ouvrant pleins de questions passionnantes. C'est toujours un plaisir de vous lire. <br class="autobr" /> Pour ma part, c'est sur la toilette réalisée non pas en institution mais à domicile, chez les gens, que je m'interroge, et sous un autre angle, celui du "comment".</p> <p>En vrac :</p> <p><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> comment les personnes (que je n'ose appeler patient, car elles ne le sont pas) font-elles pour que leurs habitudes de vie soient respectées par les soignants ? Par exemple, une personne qui se lave sans savon, alors que le soignant estime qu'il n'a rien lavé si ça ne mousse pas. Ou plus trivial : une personne qui se lavait le dos en se frottant avec une éponge de type spontex, confronté au refus des soignants d'utiliser un tel procédé.</p> <p><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> comment les soignants font-ils pour élaborer une pratique « singulière » de la toilette, tenant compte des demandes de la personne, et des contraintes de son environnement, mais aussi des conditions minimales de sécurité ? Parvenant à s'adapter à presque tout, certains soignants vont jusqu'à se mettre eux-mêmes en danger : je me souviens d'une dame hémiplégique, qui demandait qu'on l'attache à sa rampe d'escalier pour lui permettre de se tenir debout pendant sa toilette, et c'est le soignant qui la retenait quand elle menaçait de tomber, au prix de nombreuses luxations de l'épaule et autres problèmes lombaires...</p> <p><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> comment organiser une offre de réponses adaptées aux besoins d'aide à la conservation de l'hygiène, pour les personnes qui vivent encore chez elles, mais qui ne sont plus en mesure de réaliser les actes elles-mêmes ? Vous connaissez surement les SPASAD, que le ministère de la santé et les ARS essaient de promouvoir, et je serais curieux de connaître votre avis sur le sujet. Et plus précisément : pensez-vous que des auxiliaires de vie soient qualifiées pour faire des toilettes ?</p> <p>Mais j'ai aussi quelques questions en pourquoi :</p> <p><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> pourquoi la toilette est-elle considérée comme un acte de soin, si elle est si peu médicale ? <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> pourquoi les médecins qui prescrivent des soins d'hygiène (pour la réalisation de toilette) ne participent-ils pas à la coordination des soins (souvent très complexe à domicile) ? <br /><img src='http://michel.cavey-lemoine.net/squelettes-dist/puce.gif' width="8" height="11" class="puce" alt="-" /> pourquoi cet acte si important dans la vie quotidienne de personnes dépendantes, est-il si faiblement valorisé ?</p> <p>En espérant que ces questions retiennent votre attention et vous donnent envie de continuer à écrire sur le sujet de la toilette,</p> <p>Amitiés, <br class="autobr" /> Franck Guichet</p>